« danser », définition dans le dictionnaire Littré

danser

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

danser

(dan-sé)
  • 1 V. n. Mouvoir le corps suivant les règles de la danse. Vous chantiez ; j'en suis fort aise ; Eh bien ! dansez maintenant, La Fontaine, Fabl. I, 1. Nul héros n'a plus illustré la Grèce qu'Épaminondas ; on comptait au nombre de ses belles qualités d'avoir su danser avec grâce et toucher les instruments avec habileté, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. XI, 1re partie, p. 212, dans POUGENS. Quand Louis XIV et toute sa cour dansèrent sur le théâtre, quand Louis XV dansa avec tant de jeunes seigneurs dans la salle des Tuileries, Voltaire, Dial. 21. Heureux villageois, dansons, Béranger, Louis X. Tandis qu'à mes yeux la belle Chante et danse à ses chansons, Béranger, Double ivr. Chers enfants, chantez, dansez, Votre âge Échappe à l'orage, Béranger, Orage.

    Impersonnellement, au passif. Il fut dansé, sauté, ballé, La Fontaine, Joc.

    Fig. et familièrement. Ne savoir sur quel pied danser, être incertain du parti à prendre, de la conduite à tenir.

    Fig. Son cœur danse de joie, il est dans une joie extrême.

    Fig. Faire danser quelqu'un, le faire danser sans violon, lui susciter des embarras, des désagréments ; se venger de lui, et aussi s'amuser de lui. La première femme de chambre de madame la duchesse d'Orléans, transportée de joie de cette lecture [d'un livre de messe à l'église], lui en fit compliment ; M. le duc d'Orléans se plut quelque temps à la faire danser, puis lui dit : c'était Rabelais que j'avais porté de peur de m'ennuyer, Saint-Simon, 390, 26.

    Fig. Du vin à faire danser les chèvres, du vin très aigre.

    Faire danser les écus, dépenser beaucoup.

    Faire danser l'anse du panier, se dit d'une cuisinière, d'une domestique qui, allant au marché, compte les objets plus cher qu'elle ne les a payés et s'adjuge la différence entre le prix réel et le prix qu'elle dit.

    Danser sur la corde, exécuter des pas cadencés, des sauts sur la corde tendue ; et fig. Être engagé dans une affaire très scabreuse, et aussi agir en homme de peu de consistance et qui cherche à éblouir.

    Terme de chasse. On dit qu'un chien danse sur la voie, ou dans la voie, quand, n'étant pas juste dans la voie, il chasse tantôt à droite, tantôt à gauche.

  • 2 V. a. Exécuter une danse. Danser une contredanse, une valse. Les amours… Semblent danser les matassins, Régnier, Mac. Je n'ai point vu d'homme danser comme Locmaria cette sorte de danse, Sévigné, 73. Ils dansèrent les danses de leur pays, Fénelon, Tél. VIII. Pour danser d'autres bals elle [la jeune fille] était encor prête, Hugo, Orient. 33.

    Fig. et populairement, la danser, recevoir une forte correction, être bien battu. Qui la dansa, mais tout du long, Vadé, Pipe cassée, ch. 3.

  • 3 Terme de boulangerie. Travailler la pâte à biscuit jusqu'à ce qu'elle soit bien ferme. Danser la pâte.
  • 4Se danser, v. réfl. Être dansé. La valse se danse à deux et à trois temps. Que si tu veux te prêter à moi pour quelques heures et relâcher un peu de ta gravité, je m'assure de te rendre ce plaisir [la danse] si familier qu'il ne se dansera point de ballets que tu n'ailles longtemps auparavant retenir place pour les voir plus à ton aise, Perrot D'Ablancourt, Lucien, Danse.

    PROVERBE

    Toujours va qui danse, se dit de celui qui, sans faire très bien ce qu'il fait, s'evertue pourtant de son mieux.

HISTORIQUE

XIIe s. Les dames faites danser et caroler, Ronc. p. 166.

XIVe s. Ceulx qui carolent et dancent ou chantent ensemble ou qui jouent ensemble des instrumens, Oresme, Eth. 245.

XVe s. Fut le souper bel et gent, bien dansé et continué toute la nuict jusques auprès du jour, Froissart, liv. IV, p. 93, dans LACURNE. Tous s'en vindrent devers les dames qui les attendoient pour estre dansées et carollées. car feste de femmes sans hommes et d'hommes sans femmes est de nulle plaisance, Perceforest, t. IV, f° 158, dans LACURNE.

XVIe s. Au soir danse Qui matin hanse [vend], Leroux de Lincy, Prov. t. II, p.76. Qui danse bien sans menestrier peut bien chevaucher sans estrier, Leroux de Lincy, ib. p. 387. J'ay veu, dict Arrius, autres fois un elephant ayant à chascune cuisse un cymbale pendu et un aultre attaché à sa trompe, au son des quels touts les aultres dansoient en rond, s'eslevants et s'inclinants à certaines cadences, selon que l'instrument les guidoit, Montaigne, II, 174.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. dansar ; espagn. danzar ; portug. dançar ; ital. dansare ; non pas de l'allemand tanzen, danser, qui, d'après les germanistes, est venu des langues romanes dans la langue allemande, mais de l'ancien haut allemand dansôn, tirer, étendre.