« de », définition dans le dictionnaire Littré

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(de) prépos.
  • 1Suivi de l'article le, de se contracte en du avant un nom qui commence par une consonne ou une h aspirée ; suivi de l'article les, il se contracte en des ; devant une voyelle ou une h muette, l'e de de s'élide. Les sens de la préposition de, comme ceux de la préposition à, sont très nombreux et passent par des nuances que l'on saisit mieux en la considérant dans ses constructions avec les espèces de mots qu'en essayant de les rendre par des périphrases. En conséquence ces constructions seront rangées en dix classes ainsi qu'il suit : A. De entre un substantif et un autre mot ; B. de entre un adjectif et un autre mot ; C. de construit avec un pronom personnel ; D. de construit avec un pronom interrogatif ; de construit avec le pronom démonstratif celui ; E. de entre un nom de nombre et un autre mot ; F. de entre un verbe et un verbe ou un autre mot ; G. de avec un adverbe ; H. de avec une préposition ; I. de construit avec une conjonction ; J. conjonction composée avec de.

    A. De entre un substantif et un autre substantif. 1° Il marque un rapport d'appartenance. Le livre de Pierre. Les fables de la Fontaine. Les malheurs de la guerre. J'ai suivi en cela l'avis de tous les jurisconsultes et de la plupart des casuistes. Pour vous voir renoncer par l'hymen d'une reine à la part qu'ils avaient à la grandeur romaine, Corneille, Nicom. I, 2. Lui même en diverses formes Range les troncs coupés des chênes et des ormes, Rotrou, Herc. mour. V, 1. Jusqu'ici de l'amour dédaignant la puissance, Je n'ai connu d'ardeur que celle des combats, Rotrou, Bélis. I, 6. Le cardinal Charles de Lorraine, archevêque de Reims… grand génie, grand homme d'État, d'une vive et agréable éloquence, savant même pour un homme de sa qualité et de ses emplois, Bossuet, Var. IX, § 91. Il paraît que Quintilien est né la seconde année de l'empereur Claude, qui est la quarante-deuxième de Jésus-Christ, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. XI, 2e part. p. 706, dans POUGENS. Ô muses, accourez, solitaires divines, Amantes des ruisseaux, Chénier, Élég. XI.

    Il exprime le sentiment qu'on a pour quelqu'un ou quelque chose. Antoine sur sa tête attira notre haine En se déshonorant par l'amour d'une reine, Corneille, Cinna, III, 4. L'horreur que tu fais voir d'un mari vertueux…, Corneille, Hor. V, 3. Quelle reconnaissance, ingrate, tu me rends Des bienfaits…, Corneille, Héracl. IV, 5. Grâce à ce conquérant, à ce preneur de ville ! Grâce… - De quoi, madame ? est-ce d'avoir conquis Trois sceptres…, Corneille, Nicom. IV, 2. Le respect des autels, la présence des dieux, Corneille, Théodore, II, 4. C'est elle [la foi] qui a produit dans les patriarches l'amour de Dieu, la confiance en ses bontés, le zèle de sa religion, l'espérance de ses promesses, Fléchier, Panég. II, 473. Sans respect des aïeux dont elle est descendue, Boileau, Sat. v. Du zèle de ma loi que sert de se parer ? Racine, Athal. I, 1. Est-ce que de Baal le zèle vous transporte ? Racine, ib. III, 3. À l'amour de Pharnace on impute mes pleurs, Racine, Mithr. II, 6.

    Il exprime un rapport d'origine, de dérivation. Le vent du nord. Les peuples du midi. Les productions des colonies.

    Il marque l'objet, le but, la fin, la nature, la qualité ; dans ce sens il forme avec le terme qui le suit une expression adjective. Acte de vente. Un homme de génie. Un homme de rien. Il est certain que les œuvres de miséricorde ne sont pas seulement de conseil, mais de précepte dans le christianisme, Bourdaloue, Exhort. char. env. les nouv. cath. t. I, p. 134. Des conseillers d'iniquité, des ministres de la volupté, Massillon, Car. Dang. des prosp. temp. Pour aller consulter l'homme de Dieu, Massillon, ib. Inconstance. Tout pécheur est donc un enfant de mort et de colère, Massillon, ib. Empl. du temps. Hélas ! ils sont des enfants de lumière pour les affaires du siècle, Massillon, ib. Pet. nombre des élus. Dieu à qui il n'est pas plus difficile de faire naître l'enfant de la promesse d'une vieillesse stérile que d'un âge plus fécond, Massillon, ib. Fausse confiance. Le crime, cet enfant de ténèbres, ne craint pas la lumière, Massillon, ib. Resp. hum. Lorsque nous vous exhortons à fuir les spectacles lubriques, les assemblées de péché, Massillon, ib. Fausse conf. La malignité de l'ennemi, dit saint Augustin, dresse depuis longtemps deux piéges dangereux à la faiblesse des hommes : un piége de séduction et un piége de terreur, Massillon, ib. Resp. hum. Des entretiens dangereux et des commerces de passion remplissent le reste de ses journées, Massillon, ib. Mauv. riche. Ce n'est pas ici une chaire de contention, c'est le lieu de la vérité, Massillon, ib. Par. de Dieu. Plus Jésus-Christ diminue dans votre cœur, plus l'homme de péché augmente et se fortifie, Massillon, ib. Commun. Cette eau de jalousie dont il est parlé dans le Lévitique, Massillon, ib. Commun. 2. Dans ces maisons de retraite, de prière, d'austérité, où il semble que le Seigneur devrait trouver cette foi qui n'est plus dans le reste de la terre, Massillon, ib. Vocation. Cet homme de péché que nous portons dans notre fonds, Massillon, Panég. St Bernard. Ne faisons pas de la profession sainte de la piété une vie d'humeur et de caprice, Massillon, Car. Injust. du monde. Cette voix de vertu qui se fait entendre dans l'abîme où l'âme est ensevelie, Massillon, ib. Lazare. Après bien des années de vertu, Massillon, ib. Qu'il est difficile de regarder comme un exil une terre de délices ! Massillon, ib. Dang. des prosp. temp. Vous placez dans le sanctuaire des vases de rebut et d'ignominie, Massillon, ib. On ne passe pas en un instant d'un état de justice à un état de péché, Massillon, ib. Inconst. L'éducation chrétienne est une éducation de retraite, de pudeur, de modestie, de haine du monde, Massillon, ib. Petit nombre des élus. Une vie entière de prière et de vigilance, Massillon, ib. Tiédeur.

    Il exprime l'instrument. Un coup de fusil. Un signe de tête. Un serrement de main.

    Il exprime la destination. Une salle de spectacle. Un habit de ville. Couverture de mulet. Couvertures de chevaux. Des souliers de chasse.

    La profession. Un homme de guerre. Une femme de ménage. Un garçon de magasin. Un marchand de vin. Un marchand de vins fins. Un marchand de paille, de foin. Un marchand de plumes à écrire. Un marchand de plumes pour faire des lits.

    La matière. Une table de marbre. Une tabatière d'or. Pâte d'amandes. Du sucre de pomme. Une marmelade de pommes. Sirop de groseille. De la fécule de pomme de terre. Un ragoût de pommes de terre.

    Le contenu. Une pièce de vin. Une tasse de lait. Un baril d'olives. Une assiette de poires. Une pension de femmes.

    La durée Une guerre de vingt ans. Un travail de dix années.

    Il exprime la date. Un lièvre de trois jours [un lièvre tué depuis trois jours]. Les démons chassés, les aveugles nés guéris, les morts de quatre jours ressuscités, Bourdaloue, Myst. Résurr. de J.-C. t. I, p. 320.

    La dimension. Un voile de deux aunes. Un homme de six pieds.

    La valeur. Une pièce de cent sous. Une maison de cent mille francs.

    La quantité. Une armée de cent mille hommes. Une population de quinze cents âmes.

  • 2De sert à unir le nom commun d'une chose avec le mot particulier qui la distingue de toutes les autres choses semblables. La ville de Paris. Le mois de mai. Le mot de langue. Ils ont exclu l'unité de la signification du mot de nombre, Pascal, Pens. I, 2. On entend ce que l'on conçoit par le terme de temps ; c'est ce mouvement supposé, Pascal, ib. I, 2. Il ne s'ensuivra pas de là que la chose qu'on entend naturellement par le mot de temps soit en effet le mouvement d'une chose créée, Pascal, ib. Par suite de cette définition il y aura deux choses qu'on appellera du nom de temps, Pascal, ib. Cet usage du mot de sceptre se trouve à toutes les pages de l'Écriture, Bossuet, Hist. II, 2. Tous les termes de la prophétie sont clairs ; il n'y a que le mot de sceptre que l'usage de notre langue nous pourrait faire prendre pour la seule royauté, Bossuet, ib.

    On disait de même dans le XVIIe siècle : l'année de 1691, et ainsi de suite. Aujourd'hui on supprime de préférence le de : l'année 1862.

  • 3Construction de de entre un substantif ou un adjectif pris substantivement et un autre substantif, laquelle est analogue à celle de : la ville de Paris, et dans laquelle le nom construit avec de ne fait que déterminer le nom précédent comme Paris détermine ville : un fripon d'enfant, c'est un fripon qui est un enfant ; mon bourreau de maître, c'est mon bourreau qui est mon maître, et ainsi de suite. Réglez-vous, regardez l'honnête homme de père Que vous avez du ciel ! comme on le considère ! Molière, l'Étour. I, 9. Ô traître ! ô bourreau d'homme, Molière, ib. II, 9. Eh bien, ne voilà pas mon enragé de maître, Molière, ib. V, 7. Et ce jaloux maudit, ce traître de Sicilien, me fermera toujours tout accès auprès d'elle, Molière, Sicil. 5. Vous devez rendre grâces au ciel de l'honnête homme de père qu'il vous a donné, Molière, Avare, I, 10. Votre coquine de Toinette est devenue plus insolente que jamais, Molière, Mal. imag. I, 6. Un saint homme de chat bien fourré, gros et gras, La Fontaine, Fabl. VII, 16. Mais un fripon d'enfant (cet âge est sans pitié) Prit sa fronde, et du coup tua plus d'à moitié La volatile malheureuse, La Fontaine, ib. IX, 2. Il tardait à la dame D'y rencontrer son perfide d'époux, La Fontaine, Richard. Sa chienne de face, Molière, École des F. IV, 2. Si mon traître d'époux par bonheur était mort, Regnard, Démocr. amour. II, 8. Quel chien de train ! quelle chienne de vie ! Rousseau J.-B. IV, Épig. 5. Un diable de neveu Me fait par ses écarts mourir a petit feu, Piron, Métromanie, II, 1. J'ai une drôle d'idée dans la tête, Voltaire, Corresp. génér. 26 janv. 1740. Mes bourreaux de symphonistes raclaient à percer le tympan d'un quinze-vingts, Rousseau, Conf. IV. Tiens ! va dire à ton sot de précepteur qu'il te donne d'autres thèmes, Brueys, Grondeur, I, 8. Depuis, dis-je, qu'il a perdu, par une querelle de jeu, son libertin de fils aîné, tu sais comment tout a changé pour nous, Beaumarchais, Mère coup. I, 2.
  • 4De, placé entre les titres et les noms propres de famille, s'emploie comme signe de noblesse. Madame de Sévigné. Le duc de la Rochefoucauld. De, qualification nobiliaire pris substantivement. Il a ajouté un de à son nom. Il a pris le de. Le de s'usurpait aussi par qui voulait depuis longtemps, Saint-Simon, 106, 127. Il n'est vilain qui faute de mieux ne mette au moins un de à son nom, Courier, I, 118. C'est sa nouvelle fantaisie de mettre un de avec son nom, depuis qu'il est éligible et maire de la commune, Courier, 2e lettre particulière. Eh quoi ! j'apprends que l'on critique Le de qui précède mon nom, Béranger, Vilain.
  • 5De placé entre un mot et ce même mot répété exprime l'excellence ; usage qui, provenant de la langue hébraïque, ne s'étend guère au delà des locutions bibliques ou de locutions formées sur ce modèle. Le saint des saints, le lieu le plus saint dans le temple de Jérusalem. Le cantique des cantiques, titre d'un cantique qui est dans la Bible. L'être des êtres, Dieu. Vanité des vanités, et tout est vanité ; c'est la seule parole qui me reste ; c'est la seule réflexion que me permet, dans un accident si étrange, une si juste et si sensible douleur, Bossuet, Duch. d'Orl. Humble, et du saint des saints respectant les mystères, J'héritai l'innocence et le Dieu de mes pères, Lamartine, Médit. I, 20.
  • 6De entre un substantif et un verbe à l'infinitif, ce qui est une espèce de substantif. L'art de bien dire. La faculté de prévoir. Aura-t-il la force d'achever un tel travail ?

    Entre un substantif et quelques mots considérés habituellement comme des adverbes. La journée de demain.

    Entre un substantif et une préposition. Le pays d'au delà la Loire. Notre esprit la reçoit [la foi] à son premier réveil, Comme les dons d'en haut, la vie et le soleil, Lamartine, Médit. I, 18.

  • 6De pris partitivement ; ce qui d'ailleurs, au fond, n'est encore que le cas de de entre un substantif et un autre substantif, puisque, dans la construction partitive, un substantif est sous-entendu. Des hommes m'ont dit, c'est-à-dire un certain nombre d'hommes. De bons livres, c'est-à-dire un certain nombre de bons livres. Nous ne pouvions jeter les yeux sur les deux rivages sans apercevoir des villes opulentes, des maisons de campagne agréablement situées, des terres qui se couvraient tous les ans d'une moisson dorée, des prairies pleines de troupeaux, Fénelon, Tél. II. La corruption qui tous les jours peut produire de nouveaux fruits de mort, Massillon, Car. Fausse confiance. Là, Vénus, me dictant de faciles chansons, M'a nommé son poëte entre ses nourrissons, Chénier, Éleg. VIII.

    De pris partitivement devant un nom singulier : je n'ai point d'argent ; il n'a pas eu de contentement ; je n'ai jamais vu de ville plus jolie ; en ce cas le substantif est un nom qui admet la division, ou qui, ne l'admettant pas de sa nature, est considéré comme une sorte de nom collectif divisible : je n'ai point portion d'argent : il n'a pas eu portion de contentement ; je n'ai jamais vu (ville) plus jolie (dans le genre) de ville. Et quoi ? dit le père, que pourrait-il y avoir de manque après que tant d'habiles gens y ont passé ? Pascal, Prov. 6. David ne donna jamais de plus beau combat, Bossuet, Marie-Thér. Vous ne faites rien de cela dans la vie que vous menez, Bourdaloue, Instr. prudence du salut, exhort. t. II, p. 405.

    De se prend partitivement aussi devant un nom de nombre. Nous voyons que les premiers hommes, lorsque le monde plus innocent était encore dans son enfance, remplissaient des neuf cents ans par leur vie, Bossuet, Yol. de Monterby. Voit-on fleurir chez eux des quatre facultés ? Boileau, Sat. VIII. Je n'aime point ces rois qui ont des trois cents femmes, Voltaire, Dial. XV, 5. Je suis un paresseux, mon cher philosophe ; je crois que c'est une mauvaise qualité attachée au peu de santé que j'ai ; je passe des six mois sans écrire à mes amis, Voltaire, Lett. Pitot, 19 juin 1741.

    De pris partitivement dans une phrase négative avec que, construction dont le sens est pas autre. Nous n'avons point de roi que César, Bossuet, Hist. II, 10.

    De pris partitivement devant certain. Nous bûmes de certain vin. De certains hommes vinrent à nous. Ceux [les principes] de la volonté sont de certains désirs naturels et communs à tous les hommes, comme le désir d'être heureux, Pascal, Pensées, I, 3. Et cela pourrait expliquer de certaines bizarreries, Vauvenargues, Vivac.

    Aujourd'hui on supprime souvent le de devant certain.

    De employé partitivement devant aucuns, aucunes dans le XVIIe siècle et signifiant quelques-uns, de certaines personnes. Il y en a d'aucunes qui prennent des maris seulement pour se tirer de la contrainte de leurs parents, Molière, Mal. imag. II, 7. Cette tournure n'est plus usitée.

    De, dans une construction où au fond il est explétif, devant des adjectifs ou des participes pris partitivement d'après l'analyse grammaticale. Il y eut cent hommes de tués. Est-il quelqu'un d'assez osé ? Je n'y vois rien d'étonnant. Sa conduite n'a rien de généreux. Payez ; sinon, rien de fait [rien qui soit fait, arrêté, conclu]. Ces phrases se résolvent en : de tués, il y eut cent hommes ; d'assez osé, d'homme assez osé, est-il quelqu'un ? etc. toutes constructions qui grammaticalement sont partitives. Sans doute ils n'ont aucun dessein d'arrêté, Pascal, Prov. 5. Est-il rien de plus noir que ta lâche action ? Molière, Sganar. 16. Mais ce qui me paraît encore de plus honorable à la vertu, c'est que…, Massillon, Car. Resp. hum. Il est vrai qu'il n'y en avait eu que trois mille cinq cents de vendus en quatre ou cinq jours, D'Alembert, Lett. à Volt. 22 sept. 1767.

    Des grammairiens modernes ont prétendu qu'il n'était pas correct de dire : il y a eu cent hommes de tués, et que le de devait être supprimé. La question avait été agitée déjà du temps de Vaugelas qui déclare que le de est appuyé par de bons auteurs. Aujourd'hui l'usage l'a consacré, usage qui d'ailleurs n'a rien d'inexplicable grammaticalement. Il n'y a rien qui paraisse de plus insensé à ceux qui ne sont pas éclairés d'en haut, Bossuet, Hist. II, 11. On remarquera cette tournure : Bossuet ayant à construire rien de plus insensé avec paraître, a mis le verbe au milieu ; construction qui peut sembler insolite, mais qui est bonne et à imiter.

    Il n'y a rien de tel que l'adversité pour mûrir un homme. On dit aussi sans le de : il n'y a rien tel que…

    De se construit de même partitivement et explétivement, avec les mots mieux, pis, plus, moins. Vous n'aurez rien de plus. Quoi de pis que de se déshonorer ? Étranger que j'étais, je n'avais rien de mieux à faire que d'étudier cette foule de gens qui y abordaient sans cesse, Montesquieu, Lett. pers. 48.

  • 8De pris absolument devant un substantif, exprime la manière, la disposition, l'état, la situation. De gaieté de cœur. De colère il rompit l'entretien. De peur d'un plus grand mal il céda. De côté et d'autre. Du côté des ennemis. Je les suivis de rage et m'y rangeai comme eux, Corneille, Sertor. I, 3. De bonheur pour ce loup qui ne pouvait crier, Près de là passe une cigogne, La Fontaine, Fabl. III, 9. De bonheur pour elle ces gens partirent tout aussitôt, La Fontaine, Psyché, II, p. 118. Que ne l'émondait-on sans prendre la cognée ? De son tempérament il eût encor vécu, La Fontaine, Fabl. X, 2. Mille gens le sont bien, sans vous faire bravade, Qui de mine, de cœur, de biens et de maison Ne feraient avec vous nulle comparaison, Molière, Éc. des f. IV, 8. Elles étaient, de leur fond et par leurs penchants, douces, patientes, équitables, droites, régulières, Bourdaloue, 2e dim. après l'Épiph. Dominic. t. I, p. 104. Soit d'imprudence, soit de générosité, la suivante crie du milieu des flots : Sauvez-moi, je suis la mère de l'empereur, Diderot, Ess. s. Claude. De lassitude, Messaline se jette dans un de ces tombereaux qui transportent les immondices des jardins, Diderot, ib. Lorsque Vénus, du haut des célestes lambris, Sans armes, sans carquois vint m'amener son fils, Chénier, Élég. II.

    En cet emploi, de signifie parfois : en fait de. N'avoir du pouvoir que l'apparence. Vivre avec des hommes qui n'ont presque de l'homme que la figure, Bourdaloue, Exhort. char. env. un sémin. t. I, p. 157.

    D'honneur, d'homme d'honneur, sorte d'affirmation interjective signifiant sur mon honneur, sur la parole d'un homme d'honneur. Bon ! voilà l'autre encor, digne maître D'un semblable valet ! ô les menteurs hardis ! - D'homme d'honneur, il est ainsi que je le dis, Molière, Dép. am. III, 8.

    De exprimant qu'il est question, qu'il est traité d'une matière. De la chasse. De la tragédie grecque. Des peintres italiens du XVIe siècle. Il y a de sous-entendu : livre, chapitre qui traite de la chasse, etc.

    Pendant. De nuit. De jour, la chouette se cache dans les trous, et de nuit elle va chercher sa pâture. Ils ne me mettront d'aujourd'hui en colère, Sévigné, 420. Sans que de tout le jour je puisse voir Titus, Racine, Bérén. IV, 5. Ce chasseur perce donc un gros de courtisans, Plein de zèle, échauffé, s'il le fut de sa vie, La Fontaine, Fabl. XII, 12. Il [Josèphe] avoue qu'il ne put jamais la bien prononcer [la langue grecque], parce qu'il ne l'avait pas apprise de jeunesse, les Juifs estimant peu l'étude des langues, Rollin, Hist. anc. liv. XXV, ch. 2, art. 1er, § 2. Et je suis plus heureux dans ma captivité Que je ne le fus de ma vie Dans le triste bonheur dont j'étais enchanté, Rousseau J.-B. Cantate, Triomphe de l'amour. Heureux si, de son temps, pour cent bonnes raisons, La Macédoine eût eu des Petites-Maisons, Boileau, Sat. VIII. Ne t'ai-je pas trouvé de nuit tuant un mouton ? Bruyeis, Avoc. Pat. I, 8.

    À partir de. Du moment qu'il l'a vue, Les troubles ont cessé, sa joie est revenue, Corneille, Soph. II, 1. Je n'avais ni dormi, ni mangé de vingt-quatre heures, Sévigné, 219. Je suis ici de jeudi, Sévigné, 287. Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'ils méditent ce dessein, Pascal, Prov. 19. De ce jour tu verras Thyeste dans mes chaînes, Créb. Atrée, I, 3. De, construit de cette façon, indique le changement d'état, de condition : de commis il devint directeur. Ordre lui vient d'aller au fond de la Norvége, Prendre le soin d'une maison En tout temps couverte de neige ; Et d'Indou qu'il était on vous le fait Lapon, La Fontaine, Fabl. VII, 6. Ils forgeront de leurs épées des socs de charrue et de leurs lances des faux, Sacy, Bible, Isaïe, II, 4. Et que le sort burlesque, en ce siècle de fer, D'un pédant, quand il veut, sait faire un duc et pair, Boileau, Sat. I.

    Cette construction s'emploie aussi avec les adjectifs. De pauvre il devint riche. De chrétien qu'on était, on devient peu à peu tout mondain et presque païen, Bourdaloue, Sur la fausse consc. 1er avent, p. 160.

    De… en… exprime que l'on va d'un lieu, d'un objet en un autre. Errer, un livre en main, de bocage en bocage, Chénier, Élég. XI.

    De… à… exprime, au physique ou figurément, l'intervalle, le passage d'une chose à un autre. De l'Elbe à la mer Baltique ou jusqu'à la mer Baltique. De la créature nous devons nous élever au créateur, Bourdaloue, Respect hum. 2e avent, p. 414. Du crime au repentir un long chemin nous mène, Du repentir au crime un moment nous entraîne, Colard. Ép. d'Héloïse à Ab.

    Ils étaient de trente à quarante, leur nombre était entre trente et quarante. Je serai chez moi de cinq heures à SIX, entre cinq heures et six heures.

    De… à… D'homme à homme, c'est-à-dire entre deux hommes, quand il s'agit de deux hommes. D'homme à homme, cela peut se dire et se faire.

    De vous à moi, c'est-à-dire entre vous et moi, et de manière que ce qui se passe entre vous et moi ne soit pas répété. Ceci est de vous à moi ; vous n'en parlerez pas.

    De… en… De point en point, c'est-à-dire d'un point jusqu'à l'autre, tout à fait, complétement. Il a executé ses ordres de point en point. De bout en bout, c'est-à-dire d'un bout jusqu'à l'autre. De jour en jour, c'est-à-dire un jour après l'autre, chaque jour, incessamment. Le danger devient plus grand de jour en jour.

    B. 9° De entre un adjectif et un substantif ou un pronom personnel. Digne d'estime. Avide de gloire. Altéré de sang. Je suis mécontent de moi. Faible d'esprit et de corps. Allons, unis d'esprit, sans commerce du corps, Achever notre hymen dans l'empire des morts, Rotrou, Antig. V, 9. Elles sont vides de sentiments, qui n'ont régné que depuis leur temps, La Bruyère, 1. Combien était ennemie la pieuse reine de ces regards dédaigneux ! Bossuet, Marie-Thér. Leur patience m'étonne, et d'autant plus qu'elle ne peut m'être suspecte ni de timidité ni d'impuissance, Pascal, Prov. 18. Je laisse mon esprit, libre d'inquiétude, D'un facile bonheur faisant sa seule étude, Lamartine, Médit. I, 20.

    De se construit avec le superlatif Le meilleur des hommes. Un poëte à la cour fut jadis à la mode ; Mais des fous aujourd'hui c'est le plus incommode, Boileau, Sat. I. Elle tomba premièrement sur une pointe de rocher, et puis sur une autre, de roc en roc ; chacun d'eux emporta sa pièce ; de manière qu'elle arriva le plus joliment du monde au royaume de Proserpine, La Fontaine, Psyché, II, p. 152.

    De entre un adjectif et un verbe. Désireux de voir. Las de perdre en rimant et sa peine et son bien, Boileau, Sat. I. Il était aisé à la reine de faire sentir une grandeur qui lui était naturelle, Bossuet, Marie-Thér.

    De entre un adjectif et un infinitif, avec le sens de à cause que, vu que. Oh ! trop heureux d'avoir une si belle femme ! Malheureux bien plutôt de l'avoir, cette infâme ! Molière, Sganar. 16. Mon révérend père, lui dis-je, que le monde est heureux de vous avoir pour maîtres ! Pascal, Prov. 6. Ils ne sont pas adroits d'avoir ainsi averti tout le monde de leur intention, Pascal, ib. 19. Ils sont admirables de vouloir prendre le parlement pour dupe, Pascal, ib. Mais ne suis-je pas bien fou de vouloir raisonner… ? Molière, Sgan. 1. Sottes de ne pas voir que le plus grand des soins…, La Fontaine, Fabl. III, 6.

    De ou que de entre un adjectif construit avec si et un verbe, et signifiant assez… pour… Un agneau se désaltérait Dans le courant… Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ? La Fontaine, Fabl. I, 10. Je n'aurais pas été si hardi que d'entreprendre…, Voiture, Lett. 69.

    C. 10° De construit avec un pronom personnel. On n'agit pas toujours de soi-même. Il est venu de lui-même s'excuser. Choisissez de vous-même et je ferme les yeux, Corneille, Othon, III, 3. Je ne fais rien de moi-même, Sacy, Bible, Évang. St. Jean, VIII, 28. Il a fait de lui-même ce que vous auriez tôt ou tard exigé, Diderot, Père de fam. I, 5.

    De soi, par sa propre vertu, naturellement. De soi, rien n'est permanent sur la terre. Cela va de soi. Cela s'entend de soi. Rien, suivant la raison, n'est juste de soi, Pascal, Pensées, I, 6. Tout cela n'a rien, de soi-même, qui soit contraire à la véritable sagesse, Bourdaloue, Instr. Prudence du salut, Exhort. t. II, p. 407.

    De moi, c'est-à-dire quant à moi, pour ce qui me concerne ; ancienne locution qui représente : quant à ce qui est de moi ; elle est tombée en désuétude, et on dit : pour moi. De moi, toutes les fois que j'arrête les yeux à voir…, Malherbe, I, 1. De moi, plus je suis combattu, Plus ma résistance Montre sa vertu, Malherbe, Chanson, V, 27. De moi, je fus touché de voir tant de valeur, Tristan, Mort de Chrispe, I, 3.

    De devant un pronom démonstratif. De celui-ci allons à celui-là.

    De cela même, à cause de cela même. Ces tableaux admirables dont parle Pline et qui, selon ce savant connaisseur, n'en étaient que plus admirés, de cela même qu'ils étaient demeurés imparfaits, Mairan, Éloges, le card. de Polignac.

    D. 11° De entre un pronom conjonctif et un autre mot. Qui des deux l'emportera ? Lequel de vous ou de votre ami est venu jusqu'ici ? Or il est temps, ma sœur, de montrer qui nous sommes, Et qui peut plus sur nous, ou des dieux ou des hommes, Rotrou, Antig. III, 5. Qu'ils jugent en partant qui méritait le mieux, Des Français ou de moi, l'empire de ces lieux, Voltaire, Zaïre, I, 4.

    Des grammairiens ont blâmé cette tournure, assurant qu'il fallait dire non : lequel des deux était le plus éloquent, de César ou de Cicéron ; mais lequel des deux, César ou Cicéron, était le plus éloquent, ou bien : lequel, de Cicéron et César, était le plus éloquent ? De ces deux tournures la première est correcte et peut s'employer ; la seconde est peu usitée. Dans tous les cas, l'ancienne tournure, qui est dans Rotrou, est justifiée par l'usage et implique seulement un pléonasme dans le de placé devant chaque nom.

    De construit dans le même sens avec le pronom démonstratif celui, celle, ceux, celles. Quoi ! de deux personnes qui font les mêmes choses, celui qui ne sait pas leur doctrine pèche ; celui qui la sait ne pèche pas ! Pascal, Prov. 6.

    E. 12° De entre un nom de nombre et un autre mot. L'un des deux. Deux des quatre. Daniel, un des enfants de la captivité, Massillon, Car. Resp. hum.

    De avec ellipse de un. Il vint des derniers, c'est-à-dire un des derniers. … Et quoique des plus fins, Il n'avait pu donner d'atteinte à la volaille, La Fontaine, Fabl. XI, 3. Ma femme m'a dit que vous étiez fort honnête homme et tout à fait de ses amis, et je l'ai chargée de vous parler pour un testament que je veux faire, Molière, Mal. imag. I, 9. Peut-être êtes-vous de ces hommes qui n'aiment qu'eux-mêmes et qui n'ont égard qu'à leur intérêt propre, Bourdaloue, Commémor. des morts, Myst. t. II, p. 520. J'ai vu le fer en main Étéocle lui-même ; Il marche des premiers, Racine, Théb. I, 1.

    Et de, pris absolument devant un nom de nombre, exprime que, comptant quelque chose, on signale particulièrement le nombre indiqué. Et de trois [bourses] ; celle-ci fut rude à arracher, Beaumarchais, Mar. de Fig. V, 19.

    F. 13° De entre un verbe et un nom, construction où il exprime les compléments des différents verbes de la phrase. Que pensez-vous de cela ? Traiter de la paix. Différer d'avis. Médire de quelqu'un. Il se mêle d'affaires qui ne le regardent pas. On l'accusa de ce malheur. Vous le taxiez de folie. Vivre de légumes. Son esprit manque de justesse. Tirer avantage de ses talents. Le vrai ne dépend point du temps ni de la mode. Issu d'une bonne famille. Et du sacré bandeau qu'il vous mit sur la tête [il] Acheta de vos vœux la superbe conquête, Rotrou, Bél. IV, 2. Tu [amour] m'obligeras plus d'un trait de ta pitié Qu'elle [la fortune] de son crédit ou de son amitié, Rotrou, ib. II, 7. Si nous sommes obligés à user de cette sage réserve…, Bossuet, Libre arb. 4. C'est une dame Qui de quelque espérance avait flatté ma flamme, Molière, Mis. I, 2. [Agnès] N'a plus voulu songer à retourner chez soi, Et de tout son destin s'est commise à ma foi, Molière, Éc. des f. IV, 8. Elle [la perdrix] fait la blessée et va traînant de l'aile, La Fontaine, Fabl. X, 1. Contemplant d'un lieu tranquille leur embarras, leurs afflictions, leurs malheurs, ni plus ni moins que les dieux considèrent de l'Olympe les misérables mortels, La Fontaine, Psyché, I, p. 101. Je devais par la royauté Avoir commencé mon ouvrage : à la voir d'un certain côté, Messer Gaster [l'estomac] en est l'image, La Fontaine, Fabl. III, 2. Il me faudrait des journées entières pour me bien expliquer à vous de tout ce que je sens, Molière, G. D. III, 5. Choisissez de César, d'Achille ou d'Alexandre, Boileau, Sat. v. Prosternée aux pieds de Jésus-Christ, elle les arrosa de ses larmes, elle les essuya de ses cheveux, Bourdaloue, Respect hum. 2e avent. p. 403. Il a fort vu M. d'Uzès, qui ne peut se taire de vos perfections, Sévigné, 28 oct. 1671. Volage muse, aimable enchanteresse, Qui, m'égarant dans de douces erreurs, Viens tour à tour parsemer ma jeunesse De jeux, d'ennuis, d'épines et de fleurs, Gresset, Épître à ma Muse. Il ne vous eût pas été permis de vivre d'humeur, de tempérament, et de ne prendre que ce qui vous plaît pour la règle de ce que vous devez faire, Massillon, Or. fun. Prof. rel. 3. De cette autre entreprise honorez mon audace, Racine, Mithr. III, 1. Sans me faire payer son salut de mon cœur, Racine, Andr. I, 4. Le seul Agamemnon, refusant tant de gloire, N'ose d'un peu de sang acheter la victoire, Racine, Iphig. I, 3. Laissez à Ménélas racheter d'un tel prix Sa coupable moitié dont il est trop épris, Racine, ib. IV, 4. Mais d'un soin si cruel la fortune me joue, Racine, Bérén. V, 2. … D'un regard a daigné m'avertir, Racine, ib. I, 3. … D'un ordre constant gouvernant ses provinces, Racine, Théb. I, 5. Venez, de l'huile sainte il faut vous consacrer, Racine, Ath. IV, 3. Tous les jours je l'invoque, et d'un soin paternel Il me nourrit des dons offerts sur son autel, Racine, ib. II, 7. De quelle noble ardeur pensez-vous qu'ils se rangent Sous les drapeaux d'un roi longtemps victorieux ? Racine, Mithr. III, 1. Les prudents du siècle eurent beau lui représenter… qu'il fallait éblouir les âmes grossières de quelque apparence de gloire, Fléchier, Panég. II, p. 357. Son fils Ferdinand III qui hérita de sa politique et fit comme lui la guerre de son cabinet, Voltaire, Louis XIV, 2. Toi qui prétendais me défendre, tu ne m'as servi de rien, Voltaire, Le blanc et le noir. Il [Héraclite] avait écrit de la matière, de l'univers, de la république et de la théologie, Diderot, Opin. des anc. phil. Héraclitisme. Les anachorètes écrivirent de la douceur du rocher et des délices de la contemplation, Chateaubriand, Génie, II, V, 3. La muse t'enivra de précoces faveurs, Lamartine, Médit. I, 14. Silencieux abîme où je vais redescendre, Pourquoi laissas-tu l'homme échapper de ta main ! De quel sommeil profond je dormais dans ton sein ? Lamartine, ib. I, 18.

  • 8De entre un verbe et un substantif et composant avec ce substantif une sorte de locution adverbiale qui modifie le sens du verbe à la façon des adverbes. Il me parla d'un ton menaçant. Il alla de son propre mouvement le trouver. Non, je n'en ferai rien, la chose est résolue, Ou l'on m'y contraindra de puissance absolue, Mairet, Sophon. IV, 6. Si vous ne consolez d'un traitement plus doux Celui qui désormais ne peut vivre sans vous, Mairet, ib. III, 4. Anéantissez-vous de honte et de respect, Corneille, Prol. de la Toison, 4. Et même à ses Romains ne daigne repartir Que d'un regard farouche et d'un profond soupir, Corneille, Pomp. III, 1. S'il ne vous traite ici d'entière confidence, Corneille, Poly. I, 3. [Il] Les traitait malgré lui d'entière égalité, Corneille, Attila, II, 1. Et de quelque rigueur que le destin me traite, Je perds moins à mourir qu'à vivre leur sujette, Corneille, Rodog. V, 1. Et pour vous témoigner de quelle indifférence J'abandonne un plaisir que j'ai tant poursuivi, Rotrou, Vencesl. III, 4. Ô folle piété qui d'une même audace Fit la rébellion et reçoit la menace ! Rotrou, Antig. IV, 3. Nous volons sur ses pas d'une ardeur unanime, Rotrou, Bélis. V, 7. Car Lucile soutient que c'est une chanson, Et m'a parlé d'un air à m'ôter tout soupçon, Molière, Dépit am. III, 8. Et traitant de mépris les sens et la matière, à l'esprit, comme nous, donnez-vous tout entière, Molière, Femmes sav. I, 1. Où, de droit absolu, j'ai pouvoir d'ordonner, Molière, Sgan. I. Et tâchons d'ébranler, de force ou d'industrie, Ce malheureux dessein qui nous a tous troublés, Molière, Tart. IV, 2. Vous les voulez traiter d'un semblable langage ? Molière, ib. I, 6. Et traitent de même air l'honnête homme et le fat, Molière, Mis. I, 1. Nous faisons maintenant de la médecine d'une façon toute nouvelle, Molière, Méd. m. lui, II, 6. Vous agiriez de mauvais sens, Pascal, dans COUSIN. Ils l'aimaient seulement de bouche, et ils lui rendaient de la langue des soumissions trompeuses, Sacy, Bible, psaume 77, V. 36. … Ô jour heureux pour moi ! De quelle ardeur j'irai reconnaître mon roi ! Racine, Athal. I, 1.
  • 9De entre un verbe passif ou un participe passif ou une construction à sens passif et un substantif ou un pronom personnel et faisant fonction de complément passif. Je suis vaincu du temps, je cède à ses outrages, Malherbe, II, 12. Tantôt je me la vois d'un pirate ravie, Malherbe, V, 21. Le soldat qui ne s'était jamais vu tromper des [par les] promesses du roi, Vaugelas, Q. C. 499. L'agrément est institué de la nature pour représenter la jouissance, Descartes, Pass. 90. Il a voulu dire seulement avec saint Paul que toute puissance est établie de Dieu, Pellisson, Mém. pour les gens de lettres, p. 75. J'ai connu un homme qui prouvait par bonnes raisons qu'il ne faut jamais dire, une telle personne est morte d'une fièvre et d'une fluxion de poitrine, mais elle est morte de quatre médecins et de deux apothicaires, Molière, l'Amour méd. II, 1. Jésus-Christ est-il mort pour des impies dans le temps destiné de Dieu ? Sacy, Bible, St Paul, Ép. aux Rom. V, 6. Animé d'un regard, je puis tout entreprendre, Racine, Andr. I, 4. Et de mille remords son esprit combattu, Racine, ib. V, 2. Excité d'un désir curieux, Racine, Brit. II, 2. Quoi ! toujours enchaîné de ma gloire passée…, Racine, ib. IV, 3. Vaincu du pouvoir de vos charmes, Racine, Alex. II, 1. Ô ciel ! si notre amour est condamné de toi, Racine, Baj. I, 4. Jadis Priam vaincu fut respecté d'Achille, Racine, Andr. III, 6. Aux larmes, au travail le peuple est condamné, Et d'un sceptre de fer veut être gouverné, Racine, Ath. IV, 3. Ignace suscité de Dieu pour venir au secours de son Église affligée, Fléchier, Panég. II, p. 209. Appelé de Dieu au ministère de sa parole, Fléchier, ib. p. 198. Il se regarda donc comme un ouvrier envoyé du père de famille pour défricher cette terre inculte, Fléchier, ib. p. 299. Une âme rachetée du sang de Jésus-Christ, Fléchier, ib. p. 309. L'autorité des prophètes, des apôtres, des hommes inspirés de Dieu, Massillon, Car. Doutes s. la rel. Moïse son cadet est établi du ciel chef des armées du Seigneur, Massillon, ib. Vocation. Un ver secret et dévorant placé de la main de Dieu au milieu de son cœur, Massillon, ib. Mauv. riche. Un impie peut être frappé de Dieu, et sentir le poids de la majesté qu'il avait blasphémée, Massillon, ib. Inconstance. Quoi ! vous auriez honte d'être choisi de Dieu comme un vase de miséricorde ! Massillon, ib. Resp. hum. être né le premier dans une famille, c'est être choisi du ciel pour succéder aux titres et aux dignités de nos ancêtres, Massillon, ib. Vocat. Plus occupé des nouveaux titres dont il est revêtu qu'instruit des derniers avis d'un père mourant, Massillon, ib. Mort. Si vous croyez que l'Évangile est une loi donnée de Dieu, Massillon, ib. Samaritaine. En rendant l'honneur et le tribut aux puissances établies de Dieu, Massillon, ib. Aumône. L'esprit de curiosité donné de Dieu à l'homme, Voltaire, Louis XIV, 37. Votre Majesté a fait, depuis quarante ans de règne, tout ce qu'il faut pour se faire respecter de ses amis et de ses ennemis, D'Alembert, Lett. au roi de Prusse, 8 juin, 1780. Les Français sont ma proie : ils n'affranchiront pas Les humbles pavillons que mon mépris leur laisse, Déjà vaincus de leur mollesse Et du seul souvenir de nos derniers combats, Gilbert, Ode sur la guerre. N'attends pas que ton cœur, de mollesse abattu…, Ducis, Abuf. II, 7. Ô jours de mon printemps, jours couronnés de rose, à votre fuite en vain un long regret s'oppose, Chénier, Élég. XVI.
  • 11De entre un verbe et un substantif, et signifiant : pour, à cause de, avec. Mais je hais vos messieurs de leurs honteux délais, Molière, Amph. III, 8. J'adore le bon abbé de tout ce qu'il me mande là-dessus, et de l'envie qu'il a de me voir recevoir une si chère et si aimable compagnie, Sévigné, 4 juin 1676. En vain suis-je séparé du monde d'habit, d'état, de demeure, de fonction et de conversation, si mon esprit et mon cœur y sont attachés, Bourdaloue, Serm. 17e dim. après la Pent. Domin. t. IV, p. 70. Déjà Troie en alarmes Redoute mon bûcher et frémit de vos larmes, Racine, Iphig. V, 2. Au moins consolez-moi de quelque heure de paix, Racine, Théb. I, 3. Je ne sais point… De mes sonnets flatteurs lasser tout l'univers, Et vendre au plus offrant mon encens et mes vers, Boileau, Sat. I. D'un soin officieux j'irritais sa blessure, Delavigne, Vêp. sicil. I, 1.
  • 12De entre un verbe et un adjectif. Il s'est laissé traiter de lâche, c'est-à-dire il s'est laissé appeler lâche. C'était s'exposer à être traité de séditieux par les Hérodiens, Bourdaloue, Serm. 22e dim. après la Pentec. Dom. t. IV, p. 317.

    Même emploi avec un substantif. On le traita publiquement d'homme sans foi La voix publique le qualifiait de traître, c'est-à-dire elle le disait traître. Se qualifier de prince.

  • 13De entre un verbe et un autre verbe qui sert de complément au premier. On l'accusa d'avoir conspiré. Vous êtes chargé de lui écrire. Il désespérait de réussir. On lui conseille de partir. Choisis de leur donner ton sang ou de l'encens, Corneille, Poly. V, 2. Il lui échappa d'écrire : Qu'a de commun la censure de Rome avec celle de France ? Pascal, Prov. 6. Il veut aller au delà et nous imposer de croire ce qu'il a décidé seul, Pascal, ib. 19. Les papes ont souvent entrepris de traiter comme hérétiques ceux qui appelleraient d'eux aux conciles, Pascal, ib. Ah ! Seigneur, je n'ai pas eu ce dédain qui empêche de jeter les yeux sur les mortels trop rampants, Bossuet, Marie-Thérèse. Cessez de vous laisser conduire au premier vent, Molière, l'Étour. I, 9. Rougis plutôt, rougis d'envier au vulgaire Le stérile repos dont son cœur est jaloux, Lamartine, Médit. I, 14.

    Dans le XVIIe siècle, de était employé dans des cas où présentement on met à. Il exhorta le poëte de ne plus faire de vers la nuit…, Scarron, Rom. com. I, ch. 12. Une galère turque où l'on nous avait invités d'entrer, Molière, Scapin, III, 3. La crainte fait en moi l'office du zèle… et me réduit d'applaudir bien souvent à ce que mon âme déteste, Molière, D. Juan, I, 1. Ah ! je vous apprendrai de me traiter ainsi, Molière, Amph. III, 4.

  • 14De entre deux verbes, avec un sens équivalent à : de ce que, vu que, puisque, quand, comme si. Que veut-elle dire De ne venir pas ? Malherbe, VI, 7. Je mérite la mort de mériter sa haine, Corneille, Cid, III, 1. À toute autorité je fermerais les yeux, Et je ferais beaucoup de respecter les dieux, Rotrou, Antig. I, 4. Je croyais tout perdu de crier de la sorte, Molière, Sgan. 3. Ah ! voilà qui me plaît de parler de la sorte ! Molière, ib. 18. Est-ce pour rire ou si tous deux vous extravaguez de vouloir que je sois médecin ? Molière, Méd. m. lui, I, 6. Si je suis affligé, ce n'est pas pour des prunes, Et je le donnerais à bien d'autres qu'à moi, De se voir sans chagrin au point où je me voi, Molière, Sganar. 16. Quel sort ont nos yeux en partage, Et qu'est-ce qu'ils ont fait aux dieux, De ne jouir d'aucun hommage ? Molière, Psyché, I, 1. [Il] s'imagina qu'il ferait bien De se pendre et finir lui-même sa misère, La Fontaine, Fabl. IX, 15. Puisque je vois que je vous ferai plaisir de vous parler…, Pellisson, Convers. de L. XIV devant Lille, p. 45. Un bon prince est toujours assez loué d'être aimé, Massillon, Or. fun. Dauph. Vous vous trompez de regarder comme des inclinations inalliables avec la piété ces penchants…, Massillon, Car. Pécheresse. Je me croirais haï d'être aimé faiblement, Voltaire, Zaïre, I, 2.

    De entre un verbe pris impersonnellement, et un infinitif. Il est bon de s'amuser. Il convient de travailler.

  • 15De devant un infinitif et pris absolument, c'est-à-dire sans nom ou verbe dont il soit le complément. On les appela ; eux, de courir, c'est-à-dire, sous-entendu, ils commencèrent, ils se hâtèrent de courir. Grenouilles aussitôt de sauter dans les ondes, Grenouilles de rentrer en leurs grottes profondes, La Fontaine, Fabl. II, 14. Les médiocres gens Vinrent se mettre sur les rangs ; Elle, de se moquer, La Fontaine, Fabl. VII, 5. L'épouse indiscrète et peu fine Sort du lit quand le jour fut à peine levé, Et de courir chez sa voisine, La Fontaine, ib. VIII, 6. Mais j'offre ce que j'ai ; l'ours l'accepte ; et d'aller ; Les voilà bons amis avant que d'arriver, La Fontaine, ib. VIII, 10. Le monarque des dieux leur envoie une grue, Qui les croque, qui les tue, Qui les gobe à son plaisir ; Et grenouilles de se plaindre, Et Jupin de leur dire…, La Fontaine, ib. III, 4. Ce portier du logis était un chien énorme, Expédiant les loups en forme ; Celui-ci s'en douta : serviteur au portier, Dit-il, et de courir ; il était fort agile…, La Fontaine, ib. IX, 10. Je visai si juste que je lui fis tomber un bouquet dans le sein ; et de rire, Rousseau, Conf. IV.
  • 16De devant un infinitif et pris absolument comme le précédent, mais servant, dans cette construction, soit de sujet complexe au verbe de la phrase, soit d'annonce de ce qui va suivre. Mais de souffrir ma gloire en la bouche des miens, C'est en ôter le prix au ciel dont je la tiens, Rotrou, Bélis. I, 1. Car, de m'imaginer que vous me méprisiez, j'avoue franchement que je n'ai pas si mauvaise opinion de moi, Guez de Balzac, liv. I, lett. 12. Car de m'imaginer que vous m'ayez gardé quelque place… j'ai trop bonne opinion de votre esprit pour m'en persuader cette bassesse, Voiture, Lett. 1. Je sais quel est leur prix ; mais de les accepter, Je ne puis, et voudrais vous pouvoir écouter, La Fontaine, Filles de Minée. De dire si la compagnie Prit goût à la plaisanterie, J'en doute, La Fontaine, ib. VIII, 8. Or d'aller lui dire non, Sans quelque valable excuse, Ce n'est pas comme on en use, La Fontaine, Fab. VIII, 13. Comme si d'occuper ou plus ou moins de place Nous rendait, disait-il, plus ou moins importants, La Fontaine, ib. VIII, 15. De raconter quel sort les avait assemblés, Quoique sous divers points tous quatre ils fussent nés, C'est un récit de longue haleine, La Fontaine, ib. X, 26. Puisque d'observer sa loi, c'est la moindre de nos pensées, Bossuet, Bonté et rigueur de Dieu. D'expliquer ce qui s'y passe, ce n'en est pas ici le lieu, Bossuet, Or. 7. Car de croire que votre conduite leur soit inconnue, et qu'elle demeure secrète pour eux, abus, chrétiens, Bourdaloue, Sur le scandale, 1er avent, p. 126. De les vouloir parcourir toutes, ce serait une matière infinie, Bourdaloue, 6e dim. après l'Épiph. Dominic. t. I, p. 279. Car de mépriser la règle et d'en ressentir l'onction, c'est ce qui ne fut jamais et ce qui ne peut être, Bourdaloue, Exhort. sur l'observ. des règles, t. I, p. 218. De vous en faire aimer, n'est que le dernier de vos soins, Hamilton, Gramm. 6. Je l'ai vu quelque part : de savoir où, il est difficile, La Bruyère, VII. De savoir quelles sont leurs limites, ce n'est pas une chose facile, La Bruyère, ib. De servir un amant, je n'en ai pas l'adresse, Boileau, Sat. I. Car de penser alors qu'un Dieu tourne le monde Et règle les ressorts de la machine ronde, C'est là, tout haut du moins, ce qu'il n'avouera pas, Boileau, ib. Thalès répétait souvent que de parler beaucoup n'était pas une marque d'esprit, Fénelon, Thalès. De la voir ne servirait qu'à augmenter l'aversion, Massillon, Car. Pardon. Car de vous le dépeindre en général, vous ne vous reconnaîtriez pas, Massillon, Car. Médis. Vous n'en demeurerez pas à être simple spectateur, vous y applaudirez ; car de s'aller mêler parmi les mondains pour être leur censeur éternel, les avis ne seraient pas là à leur place, Massillon, Confér. Fuite du monde. Comme si de coopérer à l'ouvrage de la rédemption des hommes était une œuvre mercenaire, Massillon, ib. Zèle contre les scandales. Mais, direz-vous, de vouloir toujours reprendre, corriger, exhorter, ce serait se rendre odieux et importun, Massillon, ib. Cond. des clercs dans le monde. De préférer la raison à la félicité, c'est être très insensé, Voltaire, Bramin. De savoir si Constantin fut cause de la ruine de l'Empire, c'est une recherche digne de votre esprit, Voltaire, Mœurs, 10. De vous dire précisément s'il y a plus de gens à lier dans un pays que dans un autre, c'est ce que mes faibles lumières ne me permettent pas, Voltaire, Cand. 23. Et que de supposer qu'un animal est composé de petits animaux est à peu près la même chose que de dire que…, Buffon, Animaux, ch. 8. De lui copier ce griffonnage, ce serait pour en mourir, Courier, Lett. II, 18. Les Calabrais en veulent surtout aux Français ; de vous dire pourquoi, cela serait trop long, Courier, ib. I, 211.

    Cette tournure est perpétuelle dans le XVIIe siècle, et on ne parle guère autrement ; aujourd'hui on supprime souvent, surtout quand l'infinitif est sujet complexe, ce de qui n'est ni sans utilité ni sans grâce, et qui d'ailleurs peut être repris, quand on veut, d'après les meilleures et les plus sûres autorités.

    Cette tournure rend compte de phrases comme celle-ci : Sa force était de céder à propos ; il faut entendre que de céder est un sujet complexe, et construire : de céder à propos était sa force. Son caractère particulier était de concilier les intérêts opposés, et, en s'élevant au-dessus, de trouver le secret endroit et comme le nœud par où on peut les réunir, Bossuet, Anne de Gonz. Ses principaux soins sont de travailler pour la grandeur de son maître, La Fontaine, Psyché, I, p. 105. Richelieu, ce prélat de qui toute l'envie Est de voir ta grandeur aux Indes se borner, Malherbe, II, 12.

  • 17C'est par une même analogie d'emploi et pour un certain besoin de l'oreille que l'on met de ou que de devant des verbes où ces mots sont explétifs. C'est faire injure au maître d'une maison, d'y entrer par la fenêtre, Pascal, Prov. 6. Son père Antonin lui avait appris qu'il valait mieux sauver un seul citoyen que de défaire mille ennemis, Bossuet, Hist. I, 10. Que le ciel la préserve à jamais de danger ! Voyez quelle bonté de vouloir me venger ! Molière, Sganar. 17. Je m'en rapporte à vous-même et vous demande si c'est une chose louable que de rire ; assurément ce n'en est pas une, non plus que de boire et de manger, La Fontaine, Psyché, I, p. 101. C'est déshonorer la religion, de croire que…, Massillon, Petit car. Écueils. Ce serait dégrader l'Évangile, de le regarder comme la religion du peuple, Massillon, Petit car. Respect. Est-ce aimer Dieu que de croire faiblement sa vérité ? que d'entendre indifféremment sa parole ? Fléchier, Panég. I, p. 313. Il aima mieux abandonner le butin à son armée que de se l'approprier, Vertot, Révol. rom. I, p. 113.
  • 18De entre le verbe être ou tout autre verbe exprimant un état, et un substantif, construction où il indique que la chose dont il s'agit devient nôtre. La lecture est d'une grande fatigue pour mes yeux affaiblis. Nous sommes de la maison. Il est de votre âge. J'ai toujours marché depuis par le plus beau temps, le plus beau pays et le plus beau chemin du monde ; vous me disiez qu'il était d'hiver quand vous y passâtes ; il est devenu d'été, et d'un été le plus tempéré qu'on puisse imaginer, Sévigné, 348. Jésus-Christ leur avait fait expressément entendre que son royaume ne serait pas de ce monde, Bourdaloue, Instr. pour la 2e fête de Pâques, Exhort. t. II, p. 263. La prière est pour vous d'un dégoût et d'un ennui que vous ne pouvez supporter, Massillon, Car. Prière, 1. Il se vit bientôt des plaisirs du roi, sans que l'envie des courtisans en parût révoltée, Hamilton, Gramm. 5. … Mon voyage dépeint Vous sera d'un plaisir extrême, La Fontaine, Fabl. IX, 2. Il n'a pas été de ce passage, Sévigné, 148. D'Hacqueville est de ce voyage, Sévigné, 286. Je ne pouvais me persuader que cette lettre fût de Philoclès [eût été écrite par lui], Fénelon, Tél. XII. Hélas ! tout ce qu'elle aimait devait être de peu de durée, Bossuet, Anne de Gonz.

    Le verbe peut être sous-entendu. Henriette, d'un si grand cœur, est contrainte de demander du secours ; Anne, d'un si grand cœur, ne peut en donner assez, Bossuet, Reine d'Anglet.

    Il est de… c'est le propre de, le caractère de. Il est de la foi, que ce que vous donnez aux pauvres, vous le donnez à Jésus-Christ, Bourdaloue, Nativ. de J. C. 2e avent, p. 540.

    Il est de… comme… impersonnellement, avec un substantif ou un pronom, signifiant qu'une chose se comporte comme une autre. Il est de ceci comme d'une beauté excellente et d'une autre qui a des grâces : celle-ci plaît, mais l'autre ravit, La Fontaine, Psyché, I, p. 102.

    Qu'est-ce… avec de ou que de. Qu'est-ce de ce langage-là ? c'est-à-dire que faut-il penser de ce langage-là ? ô Dieu ! qu'est-ce que de nous ? Bossuet, Mort. 1. Hélas ! si l'on n'aimait pas, que serait-ce de la vie ? Molière, Pourc. III, 10.

    Familièrement. Ce que c'est que de nous ! c'est-à-dire, voyez la misérable condition humaine.

    Dans une phrase affirmative. Nous ne savons ce que c'est que de tromperie, ou de tromper. Au temps de Papirius, on ne savait pour ainsi dire ce que c'était que de cavalerie, Saint-Évremond, II, 19.

    Malherbe (IV, 10) a dit d'une façon analogue, mais qui a vieilli : Ce ne m'est plus de nouveauté [cela ne me surprend plus] Qu'elle soit parfaite en beauté.

    Si j'étais de vous ou que de vous, si j'étais à votre place. Non, si j'étais de vous, je le planterais là, Régnier, Sat. XII. Dans le fond rien n'est plus misérable ; et si j'étais de vous…, Imbert, Jaloux sans amour, IV, 1.

    G. 24° De placé entre un adverbe et un nom ; il s'agit ici des adverbes loin, près, tant, trop, etc. qui apportent à l'esprit l'idée de choses et non, comme l'adverbe proprement dit, l'idée d'une qualité abstraite. Loin de la patrie. Près du tombeau. Moins d'argent. Tant de belles actions. Je suis confondu de tant de bonté. Trop ou trop peu d'exercice nuit à la santé. Et, bien loin des sergents, des clercs et du palais, Va chercher un repos qu'il ne trouva jamais, Boileau, Sat. I. Pendant que tant de naissance, tant de biens, tant de grâces, qui l'accompagnaient, lui attiraient les regards de toute l'Europe, Bossuet, Anne de Gonz. Combien de fois ainsi, trompé par l'existence, De mon sein pour jamais j'ai banni l'espérance ! Lamartine, Médit. 18.

    Voici, voilà avec de. Voilà de quel ton il a parlé. Qu'est-ce donc [l'animal] ? Une montre. Et nous ? C'est autre chose. Voici de la façon que Descartes l'expose, La Fontaine, Fabl. X, 1. Ah ! voilà justement de mes religieuses, Lorsqu'un père combat leurs flammes amoureuses, Molière, Tart. IV, 3. Voilà, ce me semble, de ces cas où il est doux d'avouer qu'on a tort, Voltaire, Lett. Maupertuis, 1er juillet 1741. Diantre de… au diable soit… Diantre soit de la folle avec ses visions ! A-t-on rien vu d'égal à ses préventions ? Molière, F. sav. I, 5.

    De placé entre un adverbe et un verbe. Bien loin de céder. Près de partir. De construit avec un adverbe, en tant que nom abstrait de lieu, de temps, de quantité, etc. De là, d'ici. De près, de loin. De trop. C'est de là que nous vient cet art ingénieux De peindre la parole et de parler aux yeux, Brébeuf, Phars. ch. II. Ô mon père, d'où Molina a-t-il pu être éclairé pour déterminer une chose de cette importance sans aucun secours de l'Écriture ? Pascal, Prov. 7. D'où vous peuvent venir ces douleurs non communes ? Molière, Sganar. 16. D'ici je vois la vie, à travers un nuage, S'évanouir pour moi dans l'ombre du passé, Lamartine, Médit. VI.

    De construit avec plus ou moins, au sens de que. Il ne s'y trouva pas moins de trente personnes, c'est-à-dire pas moins que trente personnes. Ce cep portait plus de vingt grappes, c'est-à-dire plus que vingt grappes. Cet emploi est un reste de la vieille langue qui exprimait le complément du comparatif non par que, mais par de (exemple : plus fort de moi), comme l'Italien l'exprime par di ; de ou di rendant l'ablatif latin usité en ce cas.

    H. 25° De construit avec une préposition. Distinguer l'ami d'avec le flatteur. La justice et la charité ont disparu d'au milieu d'eux. Je suis sorti d'avec lui très satisfait. Vous m'avez chassé de chez moi. D'outre en outre. Vous, homme vain, qui à peine échappé de parmi le peuple…, Massillon, Villeroy. Il [Mahomet enfant] ne sera point ôté d'entre les mains des mortels, parce qu'heureuses les mamelles qui l'allaiteront et les mains qui le toucheront, Montesquieu, Lett. pers. 39. Aussi a-t-il fallu les aller querir bien loin et les faire venir de delà la mer, Voiture, Lett. 70.

    De par le roi, en vertu de l'autorité du roi. Et familièrement, cela s'est fait de par ma volonté (voy. PAR). En cette locution se sont confondues la construction des deux prépositions de par, et l'ancienne forme de part le roi, c'est-à-dire de la part du roi.

    I. 26° De construit avec la conjonction quand. De quand est cette lettre ? Effets qui diffèrent quand la lune est pleine de quand elle est nouvelle, Descartes, Monde, 12.

    J. 27° De ce que, conjonction composée qui signifie parce que, à cause que. De ce que je n'en parle pas, cela ne veut pas dire que je n'y songe plus. Voulez-vous d'autres nullités ? Que direz-vous de ce que le pape ne se contente pas de défendre d'écrire, de prêcher et de rien dire de contraire à ses décisions ? Pascal, Prov. 19. Ce n'est pas tant la peur de la mort qui me fait fuir que de ce qu'il est fâcheux à un gentilhomme d'être pendu, Molière, Pourc. III, 2.

REMARQUE

1. La préposition de est prise tantôt dans le sens passif, tantôt dans le sens actif : quand vous dites l'amour de Rome, cela peut vouloir dire l'amour que Rome a pour vous ou l'amour que vous avez pour Rome ; Rome peut être celle qui aime ou celle qui est aimée. Il faut donc que les mots qui entourent de en déterminent bien le sens.

2. De, pris partitivement, veut l'article défini le, la, les quand le substantif n'est pas précédé d'un adjectif : des passants l'avertirent ; de l'argent est nécessaire. Mais cet article se supprime quand un adjectif précède le substantif : d'honnêtes gens ; de belles et bonnes terres ; de bon vin. Ces deux constructions s'expliquent naturellement ; la première s'explique par : un certain nombre des passants ; l'autre par : un certain nombre d'honnêtes gens ; suivant que l'on considère, dans le premier cas, les passants comme déterminés par l'article, et dans le second cas, honnêtes gens comme indéterminés par l'absence d'article. C'est ensuite l'oreille qui a fait le choix et qui a voulu, par exemple, que l'on dît des hommes et non pas d'hommes, qui n'a pas semblé assez plein ; dès lors l'usage s'est fixé et les règles sont intervenues. Avec les adverbes de quantité, c'est de sans article qu'on emploie : beaucoup d'hommes ; trop d'argent, etc. ; bien fait exception (voy. BIEN adverbe) : bien des gens m'ont dit.

3. Quand la phrase est affirmative, de, pris partitivement, veut toujours l'article après soi. Je verse de l'eau. Je demande du pain. Voulez-vous de l'eau ? Si la phrase est négative, de prend l'article ou ne le prend pas ; mais le sens est différent : je ne demande pas de pain ; je ne demande pas du pain. Dans le premier cas, je ne demande rien, pas plus du pain qu'autre chose. Dans le second cas, ce n'est pas du pain que je demande ; mais je désire autre chose. Je ne mange pas de moules, veut dire que je ne les aime pas ou n'en veux pas ; je ne mange pas des moules, veut dire que ce ne sont pas des moules que je mange actuellement.

4. En certaines locutions, où l'adjectif fait corps avec son substantif, on met des plutôt que de : des jeunes gens ; des mauvais sujets ; des bons mots ; des premiers ministres. Il est très rare que des premiers ministres s'abaissent à de si honteuses lâchetés, découvertes tôt ou tard par ceux qui ont donné l'argent ou par les registres qui ont fait foi, Voltaire, Russie, II, 1. Pourtant il n'est pas interdit de suivre la règle ordinaire et de dire : de jeunes gens ; de mauvais sujets ; de bons mots. Malherbe a dit, II, 12 : Ceux à qui la chaleur ne bout plus dans les veines, En vain dans les combats ont des soins diligents ; Mars est comme l'Amour ; ses travaux et ses peines Veulent de jeunes gens. Et Molière : Et dans tous ses propos On voit qu'il se travaille à dire de bons mots, Molière, Mis. II, 5.

5. Lorsqu'un nombre cardinal est précédé de en, l'adjectif qui suit ce nombre prend ordinairement la préposition de : sur cent habitants, il y en a deux de riches. Comme en devant un nom de nombre ne permet pas de mettre un substantif après, cette remarque ne concerne que les adjectifs, et avec les substantifs l'on prend un autre tour : sur mille habitants, il y en a trois qui sont cabaretiers.

6. Voltaire, Oreste, II, 1, a dit : De deuil et de grandeur tout offre ici l'image. Il y a une faute de langage dans ce vers ; en effet, l'image exprime une idée définie à cause de l'article ; et la préposition de, placée comme elle est, exprime une idée indéfinie. Il aurait fallu dire : une image de deuil et de grandeur, ou bien l'image du deuil et de la grandeur.

7. La remarque précédente touche à un précepte analogue qui est qu'un mot pris indéterminément, c'est-à-dire sans l'article défini le, la, les, ne peut plus être représenté par un pronom dans une phrase suivante. Ainsi il serait incorrect de dire : vous m'avez fait justice, et je l'aime ; le pronom la ne peut représenter justice pris indéterminément. C'est une faute semblable qu'a commise la Bruyère, ch. XI, en disant : On l'a vu une fois heurter de front contre celui d'un aveugle. Cependant cette prescription n'est pas tellement rigoureuse qu'en certaines circonstances bien choisies, et quand le sens n'offre aucune ambiguïté, on ne puisse s'en dispenser. Ainsi il serait trop rigoureux de condamner cette phrase-ci : comme il est de bonne compagnie, il est juste qu'il l'aime.

8. Faut-il dire : je me suis entretenu avec de bons et de sages personnages ou avec de bons et sages personnages. La première forme se trouve dans les passages suivants : Avoir ensemble d'oisifs et de longs entretiens, Bourdaloue, Pensées, t. III, p. 100. D'impitoyables et de faux réformateurs, Bourdaloue, ib. p. 157. Vous jugerez que le critique a de profondes et de singulières connaissances de notre histoire, Voltaire, Lett. Hénault, 31 oct. 1768. Ces machines qui nous ont fourni de grands et d'éternels moyens de vaincre et de régner, Buffon, Chien. Lorsqu'on voulait se nourrir de sérieuses et d'utiles pensées, Chateaubriand, Génie, IV, II, 8. La seconde forme se trouve dans ces passages-ci : Revenue d'une si longue et si étrange défaillance, Bossuet, Anne de Gonz. La louange de sage et vigilant père de famille, Bossuet, le Tellier. Il est donc loisible en ceci de prendre l'une ou l'autre tournure. Cependant cela ne s'applique qu'au cas où les adjectifs n'expriment pas des qualités inconciliables ; ainsi il ne faudrait pas dire : il cède à de bonnes et mauvaises pensées ; mais à de bonnes et de mauvaises pensées ; ou aussi : à de bonnes et à de mauvaises pensées.

9. La règle est, quand de est suivi de deux ou plusieurs noms ou verbes, de le répéter à chaque nom et à chaque verbe : le temps de l'action et de la parole, et non le temps de l'action et la parole ; le temps de parler et d'agir, et non le temps de parler et agir. Mais cette règle n'existait pas au XVIe siècle, et l'écrivain n'avait alors qu'à consulter là-dessus son goût et son oreille. Une portion de cette liberté durait encore dans le XVIIe siècle ; témoin ces exemples : La puissance de bien juger et distinguer le vrai d'avec le faux, Descartes, Méth. Le remède plus prompt où j'ai su recourir, C'est de pousser ma pointe et dire en diligence à notre vieux patron toute la manigance, Molière, Dép. am. III, 1. Trouvestu beau, dis-moi, de diffamer ma fille Et faire un tel scandale à toute une famille ? Molière, ib. III, 8. Il me prend des tentations d'accommoder son visage à la compote et le mettre en état de ne plaire, de sa vie, aux diseurs de fleurettes, Molière, G. D. II, 4. Ésope, pour toute punition, lui recommanda d'honorer les dieux et son prince ; se rendre terrible à ses ennemis, facile et commode aux autres, bien traiter sa femme, sans pourtant lui confier son secret ; parler peu et chasser de chez soi les babillards ; ne se point laisser abattre au malheur ; avoir soin du lendemain… surtout n'être point envieux du bonheur ni de la vertu d'autrui, La Fontaine, Vie d'Ésope. Avec la règle actuelle et l'usage ancien, on peut dire que le de doit toujours se répéter, quand il s'agit de substantifs, et qu'aujourd'hui on rejettera une phrase comme celle-ci de Molière : La peste soit de l'homme et sa chienne de face ! Molière, Éc. des f. IV, 2. mais qu'avec les verbes on distinguera : qu'en général il faut répéter le de ; qu'on peut pourtant l'omettre quand les deux verbes expriment une action simultanée (par exemple : il importe de bien mâcher et broyer les aliments), et dans une longue énumération, en poésie surtout, si le sens n'en souffre pas.

10. Aujourd'hui, dans les dates où figure le nom du mois, on dit, par abréviation, le 10 mars, le 12 juin, etc. Autrefois on mettait le de : le 10 de mars, le 12 de juin, etc. Voltaire n'y manque jamais dans sa longue correspondance. Mme de Sévigné datait autrement, sans de et avec le nombre ordinal : à Paris, ce dimanche 26e avril ; aux Rochers, mercredi 19e avril.

11. Dans le XVIe siècle et dans le XVIIe, on ne se faisait pas scrupule, dans les constructions avec c'est… que, de répéter, par pléonasme, la préposition de. Ce n'est pas de ces sortes de respects dont je vous parle, Molière, G. D. II, 3. Ce n'est pas de vous, madame, dont il est amoureux, Molière, Amants magn. II, 3. Ces pléonasmes sont condamnés aujourd'hui, et il faudrait dire : ce n'est pas de vous, madame, qu'il est amoureux ; ou ce n'est pas vous, madame, dont il est amoureux.

12. Le dictionnaire de l'Académie écrit : couverture de mulet et couverture de chevaux, gelée de pomme et gelée de coings. Des grammairiens se sont plaints de ces disparates, et que l'Académie n'eût donné aucune règle. Le fait est que la chose est indifférente et dépend du point de vue, suivant que l'on considère le mot comme singulier et collectif ou comme pluriel et individuel. Ainsi on dira de l'huile d'olive ou d'olives ; mais on dira un baril d'olives, parce qu'ici on ne peut considérer l'olive comme collective ; de la gelée de pomme ou de pommes, mais un panier de pommes ; des caprices de femme ou de femmes, mais une pension de femmes.

13. D'après Vaugelas, de veut toujours être joint immédiatement à son nom, sans qu'il y ait rien d'étranger entre deux, de sorte qu'il y aurait une faute dans cette phrase-ci : j'ai suivi l'avis de tous les jurisconsultes et de presque tous les casuistes ; il faut dire : et presque de tous les casuistes. Ces scrupules n'ont pas été confirmés par l'usage ; et la tournure blâmée se dit et s'écrit aujourd'hui sans conteste.

14. L'usage s'est introduit de dire : il a extrêmement d'esprit, il a infiniment d'esprit ; dans ce cas on traite extrêmement, infiniment comme beaucoup. On dit aussi, et beaucoup moins souvent, bien que plus exactement : il a de l'esprit extrêmement ou infiniment.

15. Est-il correct de dire avec ellipse de la préposition de : on perdit quinze à vingt hommes ; dix à quinze dames étaient présentes ? Cette ellipse, très employée dans le parler vulgaire, et indiquée dans le Dictionnaire de l'Académie au mot à, est maintenant entrée dans l'usage, bien que la grammaire ne puisse la justifier ; que penserait-on en effet, en changeant les termes, de cette locutionci : il y a, Paris à Lyon trente lieues ? Il s'entend de soi qu'on pourra dire grammaticalement, en rétablissant la préposition de : on perdit de quinze à vingt hommes ; de dix à quinze dames étaient présentes.

16. De employé dans les noms propres a deux origines. Tantôt il sert à désigner un nom de lieu, avec qualification nobiliaire ou non : M. de la Rochefoucaut (La Rochefoucaut est un nom de lieu) ; Pierre du Frêne (du Frêne désignant un frêne remarquable dans la localité) ; tantôt de exprime un rapport de filiation : dans le moyen âge où les noms de famille n'étaient pas établis et où le nom de baptême était le vrai nom, on distinguait les individus par le nom de leur père : Petrus Johannis, Pierre fils de Jean ; cela se disait, dans la langue vulgaire, Pierre de Jean ; usage d'où sont venus une multitude de noms propres actuels.

HISTORIQUE

IXe s. D'ist di [de ce jour] in avant, Serment. De suo part [de sa part], ib.

Xe s. In figure de colomb [elle] volat à ciel, Eulalie. De cest peril, Fragm. de Valenciennes, p. 468. E si penteiet [si poeniteret] de cel mel [mal] que fait habebant, ib. p. 469. Preietz [priez] li que de cest periculo nos liberat, ib.

XIe s. Environ lui plus de vint milie homes, Ch. de Rol. II. D'or et d'argent quatre cenz muls chargez, ib. III. Enveions i les filz de nos moillers, ib. Et dist au rei : Salvez seiez de Deu, ib. IX. [Il] Conquerrat [à] lui d'ici qu'en Orient, ib. XXIX. N'avez baron qui mieuz de lui la face [l'avant-garde], Ch. de Rol. LVII. De quinze lieues en ot [ouit] hom la rumur, ib. LXIII. Il n'ont de blanc ne mais que sul les denz, ib. CXLII. Saint Gabriel de sa main l'en a pris, ib. CLXXIII. Qui de pitié mout durement ne plure, ib. CLXXIV. Veez avant de deus lieues de nous, ib. Conquis [il] l'aurat d'hoi cest jour en deus meis, ib. CXCIII. Franc et payen i ferent [frappent] des espées, ib. CCLX. Morz est de duel [deuil], ib. CCLXVI.

XIIe s. La disme eschelle [le 10e escadron] est des barons de France, Ronc. p. 134. Ja plus gentis de lui, ib. p. 8. Tant fu blasmé de ses meillors amis, ib. p. 24. Sire est en mer de quatre cent dromons, ib. 29. Puis fait mander de ses barons esliz, ib. p. 9. Après lui vont de ses amis prisés, ib. p. 17. Mieudres [meilleur] de [que] lui, ib. p. 27. Dient Franzois, de cui il est amez, ib. p. 36. Bon [ils] sont à vaincre, de verté le sachez, ib. p. 70. Itex paroles ressemblent bien [paroles] d'enfans, ib. p. 84. En vieille geste est escriz de lons ans, ib. p. 86. De [pour] Durandart fu forment effrayé, Que Sarazin n'en aient poesté, ib. p. 104. [Il] Manda sa gent de par tout son reigné, ib. p. 117. Faisons des bierres de verges et de peaux, ib. p. 150. D'armes porter [en portant les armes] [il] ressembla bien baron, ib. p. 182. Mais de ce [je] sui en error, Qu'onques n'amai sans poor [peur], Couci, I. Nule chançon ne m'agrée, S'el ne vient de fine amor, ib. En lui [elle] [il y] a tant de vigor Qu'et hée [hait] sa deshonor, ib. I. J'alasse à Dieu graces et merciz rendre De ce que ainz [auparavant] soufrites à nul jour Que je fusse beanz à vostre amour, ib. XXIV. De ce [je] sui au cueur dolente Que cil n'est en cest païs, Dame de faiele, dans Couci. Et maugré tout mon lignage [je] Ne quier ochoison trouver ; D'autre fasse mariage ; Folz est qui j'en oi [ouis] parler, ib. De cest jour en un mois, sans plus de delaier, Sax. VI. Sire, fait-il, laenz sunt quatre bacheler, Des chevaliers le rei ; mais nes volt pas numer ; De par le rei Henri volent à vus parler, Th. le mart. 138. Et tut li poples oïd cume li reis fist sun cumandemement de Absalon, Rois, p. 186.

XIIIe s. Et por ce, envoia li quens et Henris ses freres de lor nés [navires] chargies de dras et de viandes et autres belles choses, Villehardouin, XXX. Onques de si poi de gent tant de pueple ne fu assegié en une vile, Villehardouin, LXXIV. Qui l'ont de lieus en lieus ça et là conqueilli, Berte, I. L'un ot nom Carloman, qui fu de bonne vie, ib. II. … et son maistre qui fu de Picardie, ib. Onc plus bele de [que] vous ne vit rois n'emperere, ib. IV. À une fen estrele qui ert [était] faite de pierre, ib. XI. Ainsi fu de [par] la serve liement respondus, ib. XXIV. De Dieu et de sa mere soiez vous maleoite ! ib. XXIX. Et l'ermite lui a de son pain presenté, ib. XLV. Si lairons de Bertain, que Jhesus beneïe, ib. LX. De Pepin vous dirons à la chere hardie, ib. Fille, il le faisoit bien [il se portait bien] quant de lui [je] dui partir, ib. LXXXVII. Sachiez que moult [il] les hait de cuer entierement, ib. XCV. Sire, ce a dit Berte, de Dieu et de sa mere [je] Vous defens qu'envers moi n'aiez pensée amere, ib. CXIII. Li rois de [sur] son afaire lui a mout demandé, ib. CXIV. Se fié [fief] escheit à home ou à feme de par autre que son pere ou sa mere, et celui ou celle de par qui il li est escheu, en morut saisi, Ass. de Jérus. I, 232. Et il ala tout chancelant pour la flebesce de sa maladie, et prist les dez et les tables et les geta en la mer, Joinville, 253. Si leur aporterent lettres de leur grant roy au roy de France, qui disoient ainsi : bone chose est de pez [paix], Joinville, 265. XVe s. … Par quoi les preux aient exemple d'eux encourager en bien faisant, Froissart, Prol. Quand il aperçut qu'il estoit mal de la roine et du comte de Kent, Froissart, I, I, 6. Fut conseillé au roi que il se feignit de cette emprise ; car d'esmouvoir guerre au roi d'Angleterre, et de… ce n'estoit pas chose qui fust appartenante, Froissart, I, I, 8. Si n'estoit pas de merveille si ceux du pays estoient effrayés et esbahis ; car avant ce ils n'avoient oncques vu homme d'armes, et ne savoient que c'estoit de guerre ni de bataille, Froissart, I, I, 270. Mais tous les passoit, de bien combattre et vaillamment, messire Eustache de Ribeumont, Froissart, I, I, 328. Si estoit ce messire Robert d'Artois si bien du roi qu'il vouloit, Froissart, I, I, 12. Et ainsi le vint-il dire de nuit à la roine d'Angleterre, Froissart, I, I, 12. Et se voulut agenouiller de la grand joie qu'elle avoit, Froissart, I, I, 14. Je cuide et crois de verité que par peché, à tort ou par envie, on a cette roine dechassée, et son fils hors d'Angleterre, Froissart, I, I, 17. Par quoi ce n'est point de merveille s'ils font plus grans journées que autres gens, Froissart, I, I, 34. Or revinrent de l'empereur monseigneur Louis de Bavière…, Froissart, I, I, 76. Et le roi mesme ne se put tenir de la regarder, et bien lui estoit avis qu'onques n'avoit vu si noble, si frisque ni si belle de [que] li, Froissart, I, I, 165. [Les murs du châtel] estoient hauts malement et de pierre dure, et ouvrés jadis de mains de Sarrasins, qui faisoient les soudures si fortes et les ouvrages si estranges que ce n'est point de comparaison à ceux de maintenant, Froissart, I, I, 239. Ainsi que Jacques d'Artevelle chevauchoit par la rue, il s'aperçut tantost qu'il y avoit aucune chose de nouvel contre lui, Froissart, I, 248. Grand foison de seigneurs de France revenoient de jour en jour du roi d'Espaigne qui faisoit guerre adonc au roi de Grenade, Froissart, I, I, 186. Cil [Robert d'Artois] la conseilloit et confortoit de ce qu'il pouvoit, Froissart, I, I, 12. Et la festerent de ce qu'ils purent, car bien le savoient faire, Froissart, I, I, 15. Avec lui estoient de chevaliers messire Jacques… et des escuyers, Gille et Thierri…, Froissart, I, I, 10. … Et ne voulut oncques reculer, mais s'en vint de grand courage assembler aux Allemands, Froissart, I, I, 140. Lor fit le roi de rechef une semonce très especiale et envoya jusques à douze cents lances de bonnes gens d'armes en l'ost [de] son fils, Froissart, I, I, 117. Ceux de dedans se defendirent très durement de traire et jeter pierres, feu et pots pleins de chaux, jusques environ midi, Froissart, I, I, 149. De la mort Jean Lyon fut le comte grandement resjoui, Froissart, II, II, 57. Vous lui ressemblez de visaige, Patelin. Messire Olivier de la Marche estoit ney de la conté de Bourgongne, Commines, I, 1. Et fut cause ce bon logis et le sejour que l'on y fist, de saulver la vie à beaucoup de ses gens, Commines, I, 5. Et fut mis en deliberation ce qui estoit de faire, Commines, ib. La maison de Lanclastre dont il estoit yssu de par sa mere, Commines, I, 5. Qu'ils apportoient aucunes choses bonnes par escript de par le seigneur de Hymbercourt, Commines, II, 3. De ce que les Bourguignons s'estoient mis à pied et puis remontez à cheval, leur porta grand perte de temps, Commines, I, 3. Se douloit de quoi il luy avoit ainsi couru sus à l'appetit d'autruy, Commines, III, 3. Et que de ses intelligences qu'on luy disoit avoir au pays dudit duc n'estoit point vray, mais toute mensonge ou peu s'en falloit, Commines, III, 2. En la ville y avoit bien quatorze cens hommes d'armes de par le roy et quatre mil francs archiers, Commines, III, 3. Ce n'est pas chose trop seure de tant d'allées ne de venues d'ambassades ; car bien souvent se traictent de mauvaises choses, Commines, III, 8. Et est de croire que ung sage prince met toujours…, Commines, III, 8. Et de ce faire [ce qu'il promettait] luy bailleroit son scellé, Commines, IV, 4. Fut prins ung varlet des Angloys [par les Anglais], et fut incontinent amené devant le roy d'Angleterre, Commines, IV, 7. Et ces raisons ont esté cause de faire paour à beaucoup de gens de bien, Commines, IV, 11. Le roy nostre maistre, qui estoit bien sage, entendoit bien que c'estoit que de Flandres et que ung conte dudit pays de Flandres estoit peu de cas sans avoir ledit pays d'Artois (qui est assis entre le roy de France et eux, leur estant comme une bride), Commines, VI, 9. Et s'adressoit de toutes choses à cet Estienne de Vers, Commines, VII, 2. Je ne veux point dire que le roy ne fust sage de son aage, mais il n'avoit que ving et deux ans et ne faisoit que saillir du nid, Commines, VII, 4. Et du matin, devant le jour, partismes, Commines, VIII, 7. Et luy sembloit bien que ledit de Clirieux avoit creu trop de leger, Commines, VIII, 16. Fit couper la teste au pere de sa femme et tua le frere d'elle, Commines, VIII, 17. Disant les causes estre justes et raisonnables de sa prinse, Commines, I, 1. Et que de demourer là sans vivres entre Paris et le roy n'estoit possible, Commines, I, 4. Le conte de Richemont, de present roy, Commines, I, 7. Ces trois avis ne sont pas d'oublier [à oublier], Louis XI, Nouv. LII.

XVIe s. … Qu'onc ne souffris homme de [que] moi plus grand, Marot, IV, 124. … à homme plein d'outrage N'est de besoing tenir aucun langage, Marot, IV, 128. C'est de toy, Dieu très haut, De qui atendre faut Vray secours et defense, Marot, IV, 230. … Et qu'est-ce que de l'homme ? D'avoir daigné de luy te souvenir, Marot, IV, 240. Lors à Dieu chanteray louange ; Car de chanter j'aurai de quoy [sujet], Marot, IV, 250. … Et vaincras ceux qui diront du contraire, Marot, IV, 295. Vrai est qu'il leur est à pardonner, vu que ce n'est pas leur gibier que de la sainte Escriture, Calvin, Instit. 126. Ils ne savent que c'est de Dieu, ni de religion, non plus que bestes, Calvin, ib. 127. C'est une eschappatoire frivole de ce qu'ils babillent, que Jesus Christ est nommé fils de l'homme, Calvin, ib. 363. Un serf delivré de [par] son maistre, Calvin, ib. 623. Et comme arbres, ils sont jugés de leurs fruits, Calvin, ib. 627. Ne savoit-il pas quel crime c'estoit d'adultere et d'homicide ? Calvin, ib. 833. Des asnes de prestres, qui ne savent n'aller ne parler, Calvin, ib. 959. C'est bien autre chose d'abstinence de mariage que de virginité, Calvin, ib. 1010. Conseille moi ce qu'est de [à] faire, Rabelais, Garg. I, 28. Allons y de ce pas, de paour que mort ne le previegne, Rabelais, Pant. III, 21. Lors sonna une cloche six coups seullement, et monagaux d'accourir et monagaux de chanter, Rabelais, ib. V, 3. … Que je croy qu'il est en nature Moins des bons hommes qu'en peincture, Saint-Gelais, 111. La philosophie est un fais d'autres espaules que de celles de nostre langue, Du Bellay, J. I, 14, recto. Ilz trouveront mauvais de ce que j'ose si librement parler, Du Bellay, J. I, 22, recto. Si j'estoy enquis de ce qu'il me semble de noz meilleurs poëtes françoys, Du Bellay, J. ib. Pour monstrer ce qui est de semblable en ces deux Et ce qui est aussi de difference entre eux, Du Bellay, J. II, 78, recto. Mais si mes vers sont de quelque merite, C'est pour l'honneur qu'ils ont de vous chanter, Du Bellay, J. III, 45, recto. Il me semble de voir cette troppe legere En un rond assemblée autour de vostre pere, Du Bellay, J. III, 67, verso. Il fait du bon chrestien, et n'a ny foy, ny loy, Du Bellay, J. VI, 21, verso. Ce n'estoit qu'un cœur, une maison, un lit, une table et une bourse d'eux deux, Marguerite de Navarre, Nouv. XLVI. Si Dieu ne donne mieulx au roy de Navarre, j'ay peur que de 15 jours il ne soit prest à partir d'icy, Marguerite de Navarre, Lett. 136. Les cris du peuple et des femmes et enfants abandonnez à la boucherie, Montaigne, I, 1. Il apperçut trois gentilshommes qui d'une hardiesse incroyable soutenoient seuls l'effort de son armée, Montaigne, I, 2. Elles d'un cœur magnanime s'adviserent de…, Montaigne, ib. J'ay veu un gentilhomme de bonne maison aveugle nay, au moins aveugle de tel age qu'il ne savoit que c'est de veue, Montaigne, II, 12. D'un visage ferme, Phyton…, Montaigne, I, 3. Perdre [tuer] d'un plomb malheureux, Montaigne, I, 22. De dueil s'arracher les poils, Montaigne, ib. De cholere, de desespoir, Montaigne, I, 23. Un roy de nos voysins, Montaigne, I, 22. Ordonnant que de dix ans on ne…, Montaigne, I, 22. Ayant reçu de Dieu, Montaigne, ib. La nation de quoy estoit le conte, Montaigne, I, 22. De troupe à troupe, Montaigne, I, 24. Il y a des petites bestes qui…, Montaigne, I, 84. De dessus un bastion, Montaigne, I, 28. Des principaux bienfaicts de la vertu est le mespris de la mort, Montaigne, I, 70. La premiere nuict d'après ses oblations, Montaigne, I, 96. Si ce sot de roy de France eust sceu…, Montaigne, I, 170. Ce n'est rien que de nous, Montaigne, II, 224. Escrire de [sur] la religion, Montaigne, I, 401. En toutes autres choses, s'il y a de bel et bon en la maison, c'est l'œil du maistre qui le fait, La Boétie, 214. De moi [quant à moi], si je pensois…, Despériers, Contes, XCII. Il y a de deux sortes de pieges, dont le diable se sert en ceci, Lanoue, 9. Dieu pour semblables iniquitez a anciennement exterminé des peuples entiers de devant sa face, Lanoue, 15. La peste s'attachera en toy, jusques à ce qu'elle t'aura consumé de dessus la terre, Lanoue, 19. Quand les estrangers ont plus de faveur et auctorité que les naturels, Lanoue, 21. Celui qui persecute est du diable, et celui qui est persecuté est de Dieu, Lanoue, 36. C'estoit bien peu de chose des villes des Acheïens, Lanoue, 49. C'est toy-mesmes qui as abondance de maladies et très dangereuses, Lanoue, 70. Ce mot de prochain s'estend indifferemment à tous les hommes, Lanoue, 72. Ce sera beaucoup si de six il s'en trouve deux, Lanoue, 118. Un gentilhomme de trois ou quatre mille livres de rente, Lanoue, 148. Il n'est richesse que de santé, Lanoue, 154. Aussi eux ne les tiennent pas en autre estime que de bestes brutes, Lanoue, 385. Minutius, ardent du desir de combattre sans propos, et faisant de l'audacieux, alloit gaignant la bonne grace des soudards, Amyot, Fab. 13. Et y eut bien huit cents de tuez, Amyot, ib. 15. Quelqu'un pensant faire du plaisant, Amyot, Timol. 22. Ce n'estoit encore rien de ce que l'on ostoit, au prix de ce qui revenoit, Amyot, Sylla, 73. Elles [figues] estoient toutes vertes et cueillies de frais, Amyot, Lucull. 72. Le peuple se deffioit de leur suffisance, et s'en donnoit de garde, Amyot, Nicias, 10. Il vint au degré de commander, ayant appris à obeïr, Amyot, Agés. 1. Son vieillard de pere s'en alla en sa maison tout fasché, Amyot, Pomp. 54. Cestuy Onesicritus avoit esté des disciples de Diogenes le cynique, Amyot, Alex. 108. Le muscle tenar, plus gros et cras de tous les autres…, Paré, IV, 29. Tes pieds de trop courir sont ja foibles et las, Ronsard, 297. Ta couleur est d'un mort qu'on devalle en la fosse, Ronsard, 561. Elle est pleurante au cabinet entrée, Où tout le bien que plus cher elle avoit, D'un soin de femme en garde reservoit, Ronsard, 632. Si j'avois de puissance autant que j'ay d'oser, Ronsard, 866. Tout ce qui est de beau ne se garde longtemps, Ronsard, 926. Environ le quatorzieme de decembre, Alector, roman, p. 75, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. espagn. et portug. de ; ital. di ; du latin de.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

DE.
3Ajoutez :

C'est par une construction où de ne sert qu'à déterminer, qu'il faut interpréter ce vers de Molière : C'est un étrange fait du soin que vous prenez, à me venir toujours jeter mon âge au nez [le fait du soin, le fait qui est le soin], Molière, Éc. des maris, I, 1.

REMARQUE

Ajoutez :

17. À la règle qui veut qu'on dise, par exemple, de bons soldats, et non des bons soldats (voy. la Rem. 2), citons comme exception difficile à imiter, mais qui du moins doit être notée, ce vers de Racine : Qui sait si… Ce roi [Mithridate]… N'accuse point le ciel qui le laisse outrager, Et des indignes fils qui n'osent le venger ? Racine, Mithr. I, 3. Notez encore et n'imitez pas : Ces sages Qui dans un noble exil sur des lointains rivages…, Delille, Jardins, IV.

18. Il faut appeler l'attention sur l'emploi de de dans les exemples suivants : Je ne regarde pas tout ce qui me paraît de poli et de régulier, Méré, t. II, p. 229. Rien ne me paraît de plus inhumain que de…, ID. Œuvr. posthumes, p. 82. Laissant tout ce qui est de vrai, et chassant tout qu'il y a de faux, Pascal, Pensées, t. I, p. 364, édit. Faugère. Ce qui est de merveilleux est qu'il n'y en a point de laides [de femmes] dans toute l'île [Majorque], Retz, Mém. t. IV, p. 557, éd. Feillet et Gourdault. Ce qui est de plus admirable, c'est qu'au milieu de tant de faiblesse…, Bossuet, Panég. de saint Paul. Rapprochez ces exemples des exemples analogues qui sont cités à la fin du n° 7. Cet emploi de de, plus restreint aujourd'hui, est un véritable emploi partitif. Laissant tout ce qui est de vrai, de Pascal, est équivalent à : laissant tout ce qui est parmi le vrai. Nous dirions de préférence aujourd'hui : laissant tout ce qui est vrai ; mais la phrase ancienne est plus expressive ; aussi cette tournure ne doit-elle pas être abandonnée.

19. Il est dit au n° 19 que de entre deux verbes a un sens équivalent à : de ce que, vu que, etc. Mais il est bien entendu qu'il en est de même avec les locutions composées qui remplacent un verbe. J'ai bonne opinion de lui de vous aimer, Sévigné, 3 juillet 1675. C'est-à-dire : de ce qu'il vous aime.

20. De, précédé de celui ou celle remplaçant un substantif, a quelquefois le sens de : qui consiste à. Cette conduite va bien plus à… que celle de suivre…, Fénelon, Lett. spirit. CXXXVI. De tous mes châteaux en Espagne, il ne me reste que celui de chercher une occupation, Rousseau, Confess. III.

21. J. J. Rousseau a dit : Il y a quelque chose de dur et d'injuste de compter pour rien ce que j'ai fait, Rousseau, Lett. à M. H. D. P. 15 juill. 1764. On dit plus ordinairement : à compter. Mais de compter est bon aussi.

22. Régnier a dit : On a prétention… Me rendre… Le ventre creux, Ép. III, Ép. III. De coup ou de poison il est permis changer, Régnier, Ép. II. La suppression de de est un archaïsme, qui est tombé en désuétude.

23. On sait que, dans l'ancienne langue, le complément du comparatif se rendait non par que, mais par de. En voici un exemple dans un texte latin du IXe siècle : Accentus est anima verborum sive vox syllabae, quae in sermone plus sonat de ceteris syllabis, Revue critique, 8 février 1873, p. 87.

24. Voy. pour l'emploi de de comme particule nobiliaire, le mot NOBILIAIRE.