« embraser », définition dans le dictionnaire Littré

embraser

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

embraser [1]

(an-brâ-zé) v. a.
  • 1Mettre en braise. Embraser une ville. … Et vous ne craignez pas Que du fond de l'abîme entr'ouvert sous ses pas Il ne sorte à l'instant des feux qui vous embrasent, Racine, Athal. III, 5.
  • 2Rendre extrêmement chaud. Le soleil embrasait l'atmosphère. Une chaleur pénétrante brûlait nos yeux ; un air dévorant, des cendres étincelantes, des flammes détachées embrasaient notre respiration courte, sèche, haletante et déjà presque suffoquée par la fumée, Ségur, Hist. de Napol. VIII, 7.

    Fig. Exalter, échauffer. La religion les embrase d'un saint zèle. L'amour l'a embrasé de tous ses feux. C'est moi qui, les rendant l'un de l'autre jaloux, Vins allumer le feu qui les embrase tous, Racine, Mithr. V, 1. Quand, sous le ciel d'amour, où mon âme est ravie, Je presse sur mon cœur un fantôme adoré, Et que je cherche en vain des paroles de vie Pour l'embraser du feu dont je suis dévoré, Lamartine, Harm. III, 3.

  • 3Livrer à la guerre, à la ruine, au désordre. Embrasez par nos mains le couchant et l'aurore, Racine, Mithr. III, 1.
  • 4S'embraser, v. réfl. Prendre feu. Cette matière s'embrase facilement.

    Fig. Si votre cœur ainsi s'embrase en un moment, Corneille, le Ment. I, 2.

HISTORIQUE

XIIe s. E s'aïra [se courrouça] e embrasa selon le dit de la loi, Machab. I, 2. Ou cierge espris, ou lanterne enbrasée, Ronc. p. 157. Se il veïst ses fiz e sa femme enterrer, E trestute sa terre ardeir e enbraser, Th. le mart. 133. Dunc fu de tutes parz mautalent [colère] enbrasez, ib. 135.

XIIIe s. Car amours m'embrase et atise, Lay d'amours, dans JUBINAL, t. II, p. 197. Et Esclas, qui est ainsi come tos [tout] embrasés de l'amour à la damoisiele deslors qu'il le [la] vit, H. de Valenciennes, XII. Et quant chil [ceux] qui Lyenart tenoient virent l'empereour embrasé d'ire et de mautalent, H. de Valenciennes, III. Quant la royne se esveilla, elle vit la chambre toute embrasée de feu, Joinville, 286. Embraseras-tu la teue ire [ta colère] issi [ainsi] vers nos ? Psautier, f° 97.

XIVe s. E Diex ! qu'est che d'argent ? chiens [celui-là] le sot [sut] bien nommer, Qui argent [ard gent, brûle gent] l'apella : les gens fait embraser, Baud. de Seb. II, 25.

XVe s. La grande abondance de vertus qui estoyent en celuy vaillant homme, embrasa tellement les envieux contre luy que…, Boucic. III, 13.

XVIe s. Clermont essaia encores une fois deux barques embrasées [brûlots] sur les navires de Lansac, D'Aubigné, Hist. II, 30. Le roi estant à Lion s'embrasa d'une des plus apparentes femmes de la ville, D'Aubigné, ib. III, 331. Qui peult embraser son ame de l'ardeur de cette vifve foy et esperance…, Montaigne, I, 283. Alexandre assiegeoit une ville aux Indes ; ceulx de dedans, se trouvants pressez, se resolurent vigoureusement à le priver du plaisir de cette victoire, et s'embraiserent universellement touts quand et leur ville, Montaigne, II, 37.

ÉTYMOLOGIE

En 1, et braise ; provenç. embraser.