« empiéter », définition dans le dictionnaire Littré

empiéter

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

empiéter

(an-pié-té. L'accent aigu se change en accent grave, quand la syllabe qui suit est muette : j'empiète ; excepté au futur et au conditionnel où l'Académie maintient l'accent aigu : j'empiéterai, j'empiéterais) v. a.
  • 1 Terme de fauconnerie. Enlever, prendre et tenir avec les serres. Un faucon empiète sa proie.
  • 2Ancien terme de construction. Donner du pied. Empiéter une colonne, une statue.
  • 3Gagner pied à pied et par usurpation. Il a empiété sur moi plus d'un arpent.

    Absolument. Disposé à empiéter sur ses voisins, Bossuet, Hist. III, 7.

    Par analogie. La mer empiète sur les côtes.

    Par une autre analogie. C'est une Madelaine du Titian, grosse et grasse et fort agréable, comme aux premiers jours de sa pénitence, auparavant que le jeûne eût commencé d'empiéter sur elle, La Fontaine, t. VI, p. 415, édit. Walcken.

    Fig. Usurper. Le peuple leur laissa empiéter le pouvoir suprême, Bossuet, Hist. I, 8.

    Absolument. S'arroger des droits qu'on n'a pas. Empiéter sur l'autorité de quelqu'un. Vous dites qu'il faut être modeste ; les gens bien nés ne demandent pas mieux ; faites seulement que les hommes n'empiètent pas sur ceux qui cèdent par modestie et ne brisent pas ceux qui plient, La Bruyère, XI. Il ne m'est pas permis de m'introduire auprès des souverains ; ce serait empiéter sur les droits de Léviathan, de Belphégor et d'Astarot, Lesage, Diable boit. ch. 18. Tout le monde empiète sur un malade… et il n'y a pas jusqu'à sa garde qui ne se croie en droit de le gouverner, Vauvenargues, Max. 428.

    Se laisser empiéter à, se laisser gagner, absorber par. Se laisser empiéter aux préventions, Méré, Œuvres posth. t. II, p. 48. Il me semble qu'un grand esprit comme vous [Pascal] devrait être au-dessus des arts et des sciences, au lieu de s'y laisser empiéter, ID. ib. p. 65.

HISTORIQUE

XVIe s. Le moyen est de vaincre le monstre qui s'appelle opinion, logé dedans nous, et d'où ayant chassé arriere la prudence, qui est la guide de nos actions, il manie à son plaisir ceux qu'il a empietez, Lanoue, 172. De là les Portugais empieterent le reste de la premiere pointe des Indes où est Goa, D'Aubigné, Hist. I, 41. Sera rendu au Duc de Savoie tout ce que les rois tant François qu'Henri auront empieté sur lui, D'Aubigné, ib. I, 45. Les attraits redoublerent, quand la roine donna à celles qui l'avoient empieté [lé prince] esperance de son mariage, D'Aubigné, ib. I, 198. Or en voyant en ces champs l'autre jour Un pigeon blanc empieté d'un autour Qui l'emportoit dedans sa serre aiguë, Ronsard, 740. Après qu'il se fut empieté de deux royaumes, Pasquier, Recherches, p. 440, dans LACURNE. Le roy Charles VIII, ayant advisé avec son conseil qu'il n'estoit pas bon d'avoir un si puissant seigneur ancré et empieté dans son royaume, Brantôme, Dames illustres, p. 2, dans LACURNE, au mot compromis.

ÉTYMOLOGIE

En 1, et pied : tenir entre ses pieds ou mettre le pied dans.