« excuse », définition dans le dictionnaire Littré

excuse

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

excuse

(èk-sku-z') s. f.
  • 1Raison qu'on allègue pour se disculper ou pour disculper un autre. Excuse valable. Mauvaise excuse. Se confondre en excuses. Quand nous pouvons couvrir d'excuses nos défauts, Régnier, Sat. XI. Bien que je sache au vrai tes façons et tes ruses, J'ai tant et si longtemps excusé tes excuses…, Régnier, Élég. II. S'il [Boileau] a cherché quelquefois des excuses sur la rime, ç'a été pour porter des coups plus violents, comme quand il dit…, Furetière, 3e factum, t. I, p. 322. M. Bayle, j'ai reçu vos excuses, et j'ai bien voulu vous témoigner par la présente que j'en suis satisfaite, Bayle, Lettres (Lett. de la reine Christine, 14 déc. 1686).

    Fig. Votre amour fait ma faute, il fera mon excuse, Corneille, Pomp. IV, 3. Leur incrédulité n'a plus d'excuse, Bossuet, Hist. II, 10. Mais votre amour n'a plus d'excuse légitime, Racine, Iphig. I, 5. Mon cœur n'a pour excuse aucune illusion, Voltaire, Brutus, IV, 3. Cette triste vertu l'excuse des ingrats, Voltaire, Adélaïde, IV, 5. Ce tort affreux n'avait nulle excuse, Genlis, Mme de Maintenon, t. II, p. 210, dans POUGENS.

  • 2Prétexte. Lors pour sortir elle prend une excuse, La Fontaine, Rich. Je lui sers d'excuse pour ne plus voir ses amies, Sévigné, 225.
  • 3Excuse, se dit du motif qui empêche un juré de siéger. Le président ne trouva pas son excuse valable.

    Motif légal pour se dispenser d'une charge imposée par la loi. Il [le tuteur nommé] devra sur-le-champ… proposer ses excuses, sur lesquelles le conseil de famille délibérera, C. Napol. art. 438.

    Circonstance qui, de plein droit, diminue la gravité d'un crime et par suite atténue la peine.

    Se dit, dans un sens analogue, du motif qui empêche un écolier de venir à la classe. L'enfant apporta une excuse écrite par le répétiteur.

  • 4Formule de politesse. Faire excuse à quelqu'un, le prier qu'il excuse. Quoi ! tu faisais excuse à qui m'osait braver, Corneille, Nic. I, 4. Pour vous, je ne veux point, monsieur, vous faire excuse, Molière, Éc. des maris, III, 10. Je lui fis excuse d'avoir mal pris son sentiment, Pascal, Prov. 1. Il m'écrit en me faisant des excuses de la liberté, Sévigné, 470. Je lui fis mille excuses de l'avoir fait attendre, Hamilton, Gramm. 9.

    Faire excuse de quelque chose, s'en excuser, s'en disculper. Et l'état où je suis ne saurait consentir Que j'en fasse une excuse ou montre un repentir, Corneille, Tois. d'or, III, 3. Oui, je l'aime, Sévère, et n'en fais point d'excuse, Corneille, Poly. II, 2. Ne m'oblige point à faire les excuses de ta froideur [à l'excuser], Molière, Princ. d'Él. II, 4.

    Familièrement. Faire excuse, faire bien excuse, s'emploie pour contredire. Il n'est pas encore venu ? - Je vous fais excuse, il est arrivé depuis une heure.

    Dans le même sens, mais populairement. Faites excuse, il est arrivé.

    Faire des excuses à quelqu'un, lui témoigner le regret que l'on a de l'avoir offensé, gêné ou contrarié. Il lui fit des excuses de son emportement, et l'affaire n'eut pas de suite. Toute excuse est honteuse aux esprits généreux, Corneille, Cid, III, 3.

    Exiger des excuses, demander une réparation, par excuse, d'une offense dont nous avons été victimes.

    Faire ses excuses, se dit par politesse, quand on manque à quelque devoir de société ou qu'on refuse poliment quelque invitation. Je ne puis me rendre à ce bal ; je ferai mes excuses. Faites-lui mon excuse, Rotrou, Vencesl. II, 5. J'ai fait mes excuses à Mme de Coulanges, Sévigné, 481. Il lui dit qu'il ferait ses excuses à la compagnie, Hamilton, Gramm. 4.

    Recevoir les excuses de quelqu'un, se déclarer satisfait de la politesse qu'il a faite en s'excusant. Sa maîtresse voulut bien recevoir ses excuses, Hamilton, Gramm. 4.

REMARQUE

Furetière d'abord, puis Ménage, Bouhours et Laveaux ont condamné la locution demander excuse, dans le sens de demander pardon. Cette locution a été employée à diverses reprises : … Je suis confuse De ce que vous voyez ! je vous demande excuse, Dufresny, la Coquette de village, I, 8. Je vous demande excuse, a-t-il dit, et j'ai tort, La Fontaine, Ragotin, II, 11. Mme de Sévigné écrit des Rochers : Ma chère enfant, je vous demande excuse, à la mode du pays (c'est un provincialisme dont elle se moque). Ce qui fait que cette locution est à rejeter, c'est que le sens rigoureux serait qu'on demande à son interlocuteur qu'il fasse ses excuses, comme dans l'expression exiger des excuses ; c'est le contraire de ce que l'on veut dire.

SYNONYME

FAIRE DES EXCUSES, FAIRE SES EXCUSES. Faire des excuses, se dit quand on a offensé, blessé, contrarié quelqu'un, et qu'on veut faire disparaître par ce genre de réparation le tort commis. Faire ses excuses se dit des dispenses que l'on prend à l'égard de certains devoirs de société et que l'on fait agréer au moyen de ce genre de civilité.

HISTORIQUE

XVe s. Le curé en sa defense et excuse parla en bref et dit…, Louis XI, Nouv. XCVI.

XVIe s. Et au partir, lui assignoit jour qu'il y devoit retourner, où, sans trop grandes excuses [motifs], n'avoit encore failli, Marguerite de Navarre, Nouv. LXX.

ÉTYMOLOGIE

Voy. EXCUSER.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

EXCUSE. Ajoutez :
5Fausse épée. Et frappait tous les meubles avec son épée d'acier, au lieu de porter une excuse à lame de baleine, Vigny, Stello, ch. IV.

REMARQUE

Ajoutez : Aux exemples de demander excuse cités dans la Remarque, joignez celui-ci : Je vous demande excuse de vous l'avoir remise ouverte…, Rousseau, Lett. à Mme d'Épinay, 4 mai 1757.