« expédition », définition dans le dictionnaire Littré

expédition

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

expédition

(èk-spé-di-sion ; en vers, de cinq syllabes) s. f.
  • 1Action d'expédier, d'envoyer par une voie quelconque de transport. L'expédition des marchandises.

    Commerce d'expédition, genre de commerce qui se borne à l'envoi, vers une destination ultérieure, de marchandises arrivant de l'étranger et pour le compte de l'étranger.

    Au plur. Dépêches, lettres, actes. Ce courrier attend ses expéditions.

    Expéditions en cour de Rome, se disait des affaires dont les banquiers se chargeaient pour cette cour, et qui se faisaient aussi promptement qu'il se peut par la voie des courriers.

  • 2Action d'expédier, de hâter ; diligence. De l'unité d'une même volonté dépendent l'expédition, le secret, l'obéissance, l'ordre et l'union, Fénelon, t. XXII, p. 439. L'expédition des affaires devient plus lente à mesure que plus de gens en sont chargés, Rousseau, Contr soc. III, 2.

    Homme d'expédition, homme qui termine promptement les affaires.

    Chose de prompte expédition, chose qui se fait vite. Il faut attendre que la première édition [du Dictionnaire de Bayle], dont on a tiré plus de deux mille exemplaires, soit vendue ; et ce n'est pas une chose de prompte expédition, Bayle, Lett. à la Monnoye, 19 août 1697.

  • 3 Terme de guerre. Entreprise à main armée et en corps de troupes contre un pays. L'expédition de Xercès contre la Grèce. L'expédition d'Égypte. Marcellus employa une bonne partie de la seconde année du siége à diverses expéditions qu'il fit en Sicile, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. x, p. 81, dans POUGENS. Clovis n'avait pas été le seul des princes chez les Francs qui eût entrepris des expéditions dans les Gaules, Montesquieu, Esp. XVIII, 29. Cimon, par des voies légitimes, avait acquis dans ses expéditions une fortune immense, Barthélemy, Anach. introd. part. II, sect. 3. Ainsi les grandes expéditions s'écrasent sous leur propre poids ; le génie de Napoléon, en voulant s'élever au-dessus du temps, du climat et des distances, s'était comme perdu dans l'espace, Ségur, Hist. de Nap. IX, 14.

    Expédition maritime, ou, simplement, expédition, entreprise pour des découvertes, pour le commerce ou pour la guerre de mer.

  • 4 Fig. Visite, voyage qui se fait à l'improviste. Le lendemain de ma dernière lettre écrite, je vois revenir à l'heure que j'y pensais le moins ma belle-fille… cela me surprit et m'aurait inquiétée, si je ne voyais clairement qu'elle en est fort aise et que c'est d'aussi bon cœur que de bonne grâce qu'elle a fait cette expédition, Sévigné, 592.

    Ironiquement, équipée, chose faite mal à propos. Vous êtes allé à telle assemblée ; vous avez fait là une belle expédition.

  • 5 Terme de pratique. Action de copier. Pressez l'expédition de cet acte.

    Copie légale, non revêtue de la forme exécutoire, d'actes notariés ou de jugements. L'expédition d'un acte de vente, d'un brevet.

  • 6Figure de rhétorique par laquelle on écarte tout, excepté un seul chef, sur lequel on réunit toute la force de son raisonnement ; c'est une sorte de paralipse.

HISTORIQUE

XVe s. Il avoit mis sus une audience publique… et si faisoit de bonnes expeditions, et [je] i'y vey, huit jours avant son trespas, deux bonnes heures, Commines, VIII, 18.

XVIe s. En ces lointaines expeditions [les croisades], Lanoue, 398. Nul des dits bourgeois ne peut estre tenu aller en expedition ou voyage pour le dit seigneur, si bon luy semble, qu'il ne puisse revenir coucher en sa maison, La Thaum. Cout. de Berry, p. 168, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. expeditio ; espagn. expedicion ; ital. spedizione ; du lat. expeditionem, de expedire, débarrasser (voy. EXPÉDIENT 1).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

EXPÉDITION. Ajoutez : - REM. Vaugelas (Remarques, p. 364, éd. in-4°) déconseille d'employer, au sens d'opération de guerre le mot expédition, seul et sans y joindre militaire, au moins dans les ouvrages qui doivent voir la cour. Sa raison est que les dames et les courtisans qui n'auront point étudié ne l'entendront pas et prendront toujours expédition au sens ordinaire. Vaugelas n'avait sans doute pas tort de consulter le parler de la cour ; mais il avait tort de lui accorder une autorité prépondérante.