« féodal », définition dans le dictionnaire Littré

féodal

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féodal, ale

(fé-o-dal, da-l') adj.
  • 1Ancien terme de droit. Qui appartient à un fief. Seigneur féodal, le seigneur d'un fief. Bien ou héritage féodal, celui qui est tenu en fief. C'est un beau spectacle que celui des lois féodales : un chêne antique s'élève, l'œil en voit de loin les feuillages ; il approche, il en voit la tige, mais il n'en aperçoit point les racines ; il faut percer la terre pour les trouver, Montesquieu, Esp. XXX, 1. La France se trouvant divisée en une infinité de petites seigneuries qui reconnaissaient plutôt une dépendance féodale qu'une dépendance politique, il était bien difficile qu'une seule loi pût être autorisée, Montesquieu, ib. XXVIII, 9.

    Droits féodaux, ceux auxquels les vassaux étaient soumis envers leurs seigneurs.

    Droit féodal, le droit qui traite des fiefs et des rapports de seigneur à vassal.

    Particulièrement. Qui tient au fief, par opposition à ce qui tient à la justice. Les redevances féodales et les redevances justicières.

    Féodal se dit aussi par opposition à censuel. Les matières féodales et les matières censuelles.

  • 2Qui appartient à la féodalité, en tant que mode de gouvernement. Gouvernement féodal, celui d'un pays partagé en fiefs, c'est-à-dire en domaines possédés par des vassaux et arrière-vassaux, de sorte que le roi est suzerain, non souverain, la souveraineté étant répartie entre les seigneurs. L'hérédité des fiefs et l'établissement général des arrière-fiefs éteignirent le gouvernement politique, et formèrent le gouvernement féodal, Montesquieu, Esp. XXXI, 32. C'est à l'empire de Charles le Chauve que commence le grand gouvernement féodal, et la décadence de toutes choses, Voltaire, Ann. de l'Emp. Charles le Chauve. L'ami des hommes, ce M. de Mirabeau, qui parle, qui parle, qui parle, qui décide, qui tranche, qui aime tant le gouvernement féodal, Voltaire, Lett. Cideville, 25 nov. 1758.

    On dit dans le même sens : monarchie féodale, régime féodal, système féodal.

    Temps féodaux, les temps où le gouvernement féodal était en vigueur.

    Il se dit, par dénigrement, pour caractériser ce que le régime féodal a d'antipathique à la liberté moderne. Ces tyrans féodaux, ces barons sourcilleux, Voltaire, Don Pèdre, Il, 7. Et toi, peuple animal, Porte encor le bât féodal, Béranger, Carabas. Comme aux bons temps féodaux Que les rois soient nos bedeaux, Béranger, Mission.

HISTORIQUE

XVe s. Si devint le dit messire Robert de Namur homme feodal au roi d'Angleterre, Froissart, I, I, 312. Tous ses feodaux, sujets et serviteurs [en pariant du roi], J. Chartier, Hist. de Charles VII, p 30, dans LACURNE.

XVIe s. Le seigneur feodal [à qui la foi est due], ou censuel qui a reçu les droits seigneuriaux [pour un bien vendu], ne peut user de retrait [du droit de rachat], Loysel, 465. Crimes feodaux sont felonnie ou faux aveu à escient, Loysel, 842.

ÉTYMOLOGIE

Voy. FIEF.