« fantastique », définition dans le dictionnaire Littré

fantastique

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

fantastique

(fan-ta-sti-k') adj.
  • 1Qui n'existe qu'en fantaisie, en imagination. L'imagination grossit les petits objets jusqu'à en remplir notre âme par une estimation fantastique ; et par une insolence téméraire elle amoindrit les grands jusqu'à sa mesure, comme en parlant de Dieu, Pascal, Pensées div. 64, édit. FAUGÈRE. Les Thémistocle, les Miltiade, les Aristide, les Phocion sont persécutés, tandis que Persée, Bacchus et d'autres personnages fantastiques ont des temples, Voltaire, Mœurs introd. Là, cette nuit, Zopire à ses dieux fantastiques Offre un frivole encens et des vœux chimériques, Voltaire, Fanat. III, 5. Les de Saussure, les Deluc, les Werner, sont partis de là [des observations de Pallas] pour arriver à la véritable connaissance de la structure de la terre, si différente des idées fantastiques des écrivains précédents, Cuvier, Éloge de Pallas.
  • 2Qui n'a que l'apparence d'un être corporel. Vision fantastique. Il [Énée] saisit son fer par la garde : Monsieur Aeneas, prenez garde, Dit la sibylle ; ces vilains Sont corps fantastiques et vains Qui découpés ne peuvent être, Scarron, Virg. VI. L'âme sans Dieu est une âme sans vie, sans mouvement, sans lumière… sa vie n'est plus qu'une vie imaginaire et fantastique ; et, semblable à ces cadavres qu'un esprit étranger anime, elle paraît vivre et agir, mais elle demeure dans la mort, Massillon, Car. Laz. Fantastiques beautés, ce lugubre sourire M'annonce-t-il votre courroux ? Hugo, Odes, I, 3.

    Contes fantastiques, se dit en général des contes de fées, des contes de revenants, et, en particulier, d'un genre de contes mis en vogue par l'allemand Hoffmann, où le surnaturel joue un grand rôle.

    Familièrement, on dit : c'est fantastique, à peu près comme : c'est fabuleux.

  • 3Qui se laisse aller à sa fantaisie, à ses rêveries. Vieilli en ce sens. Il [Ronsard] avait le cerveau fantastique et rétif, Régnier, Sat. IX.
  • 4 S. m. Ce qui n'existe que dans l'imagination. L'illusion nous frappe autant que l'existence ; Et, par le sentiment suffisamment heureux, De l'amour seulement nous sommes amoureux ; Ainsi le fantastique a droit sur notre hommage, Et nos feux pour objet ne veulent qu'une image, Piron, Métromanie, II, 8.

    Le fantastique, le genre des contes fantastiques.

HISTORIQUE

XIVe s. Choses fantastiques, Oresme, Thèse de MEUNIER. Estienne Marcou, home lunatic, ou, par aucuns intervalles ou decours, ainsi que fantastic ou insensible, Du Cange, fantasticus. Je parle à toy, sot fantastique, Qui te dis et nomme en pratique Alchimiste et bon philosophe, Nat. à l'alchim. err. 11.

XVIe s. Envers ces fantastiques [rêveurs], ausquels rien ne plaist que nouvelleté, les tesmoignages de l'Escriture ne profitent point beaucoup, Calvin, Instit. 117. Nul ne doutera que le corps de Jesus Christ ne soit fantastique ou fantosme, s'il a esté de ceste condition, Calvin, 1108. Je resigne cet appetit fantastique [bizarre] à Galba, qui ne s'addonnoit qu'aux chairs dures et vieilles, Montaigne, III, 384. La mule que tu m'as baillée n'est pas bonne ; elle est par trop fantastique [fantasque], Despériers, Contes, XXVII.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. fantastic ; esp. et ital. fantastico, du latin fantasticus, du grec φανταστιϰὸς (voy. FANTAISIE).