« fausseté », définition dans le dictionnaire Littré

fausseté

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fausseté

(fô-se-té) s. f.
  • 1Qualité de ce qui est faux. Et je connais peu de vrais biens Dont on puisse jamais attendre Le plaisir que me fit la fausseté des miens, Chaulieu, à Mlle Delaunay. Bientôt après on eut des lettres du consul, qui montrèrent la fausseté de ce bruit, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. VIII, p. 417, dans POUGENS. La fausseté d'un acte est un crime plus grand que le simple mensonge ; elle désigne une imposture juridique, un larcin fait avec la plume, Voltaire, Dict. phil. Fausseté. C'est ainsi que, pour expliquer la systole et la diastole du cœur, il [Descartes] imagina un mouvement et une conformation dans ce viscère, dont tous les anatomistes ont reconnu la fausseté, Voltaire, Newton, II, 9.
  • 2Chose fausse. C'est à des faussetés sans besoin recourir, Corneille, Théodore, II, 5. Je vous écrivis avant-hier, croyant que ce qui était répandu du retour du prince de Conti à Versailles fût une vérité ; mais j'ai su que j'ai mandé une fausseté, qui est la chose du monde que je hais le plus, Sévigné, 1er mai 1686. Toutes les faussetés qu'on nous a débitées sur le gouvernement des Turcs, dont nous sommes si voisins, doivent bien redoubler notre défiance sur l'histoire ancienne, Voltaire, Mœurs, 191. Ovide, ah ! qu'à mes yeux ton infortune est grande ! Non pour n'avoir pu faire aux tyrans irrités Agréer de tes vers les lâches faussetés…, Chénier, Ép. I.
  • 3Duplicité, hypocrisie. Ce matin encore, elle lui renouvelait en ma présence toutes ces protestations ; quelle fausseté ! Genlis, Théât. d'éduc. l'Intrigante, I, 5.
  • 4 Terme féodal. Fausseté de jugement, accusation que l'on portait contre le juge, d'avoir menti à sa foi.

SYNONYME

FAUSSETÉ, MENSONGE, ERREUR. Fausseté est le contraire de la vérité, ce n'est pas proprement le mensonge, dans lequel il entre toujours du dessein. Il y a beaucoup de faussetés dans les historiens, des erreurs chez les philosophes, des mensonges dans presque tous les écrits polémiques, et encore plus dans les satiriques. La fausseté est presque toujours encore plus qu'erreur. La fausseté tombe sur les faits, l'erreur sur les opinions. C'est une erreur de croire que le soleil tourne autour de la terre ; c'est une fausseté d'avancer que Louis XIV dicta le testament de Charles II, Voltaire, Dict. phil. Fausseté.

HISTORIQUE

XIIe s. Vous dites faussetez, Ronc. p. 14. Je vous pardoin sans nule fauseté, ib. p. 192.

XIIIe s. Ge vodroie morir ainçois Qu'amors m'eüst de fausceté Ne de traïson areté [accusé], la Rose, 3103. Mais faussetez, qui partout vole, Qui crestiens tient à escole, Rutebeuf, 105. E despire [mépriser] la vanité Du mund, ki n'est fors fausseé, Édouard le Conf. v. 3385. N'est pas fauseté ne mensunge, Édouard le Conf. v. 3398. Cil qui fait aucune fauseté en amistié est deux tens pires que cil qui fause or ou argent, Latini, Trésor, p. 318. Jehan Bretel, vos faussetés vous fait çou [cela] dire, bien le sai, Bibl. des chartes, 4e série, t. v, p. 468.

XIVe s. Or disons après de ceulx qui monstrent verité et de ceulx qui dient ou monstrent falsité en conversation humaine, Oresme, Eth. 132. Il confessa la dite fausseté de rasure [rature], Du Cange, falsare.

XVIe s. La falcité desquelles opinions…, Paré, IX, Préf.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, fâseté ; provenç. falsetat, falsedat ; espagn. falsedad ; portug. falsidade ; ital. falsità ; du latin falsitatem, de falsus, faux 1. Au XIVe siècle et au XVIe on refit le mot sur le latin, disant falsité qui n'est pas resté.