« fermeté », définition dans le dictionnaire Littré

fermeté

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

fermeté

(fèr-me-té) s. f.
  • 1L'état de ce qui est fermement fixé. Ces pilotis ont peu de fermeté.
  • 2Qualité de ce qui ne cède pas ou cède peu à la pression. La fermeté des chairs. Un terrain marécageux sans fermeté. Les bras et les mains sont, en divers endroits, divisés par plusieurs articulations qui, jointes à la fermeté des os, leur servent pour faciliter le mouvement et pour serrer les corps grands et petits, Bossuet, Connaiss. II, 2. Fermeté vient de ferme et signifie autre chose que solidité et dureté, Voltaire, Dict. phil. Fermeté. On est obligé de mêler un peu de cuivre avec l'étain, pour lui donner la fermeté qu'exigent les ouvrages qu'on en veut faire, Buffon, Min t. V, p. 176, dans POUGENS.
  • 3Vigueur, force. La fermeté des reins, du jarret.
  • 4Fermeté de la main, assurance de la main qui exécute quelque chose. Ce chirurgien a de la fermeté dans la main.

    Fig. Fermeté d'esprit, de jugement, esprit, jugement qui n'erre ni ne chancelle.

  • 5 Terme d'art. Vigueur, hardiesse d'exécution. fermeté de pinceau, de burin.

    Fig. Fermeté de style. Qualité d'un style qui est serré et fort.

  • 6Il se dit de la contenance, de la voix, du regard qui ne se laisse pas troubler. Parler, répondre avec fermeté. Il les étonna par la fermeté de son courage et de ses regards, Vaugelas, Q. C. X, 8. Mais votre fermeté tient un peu du barbare, Corneille, Hor. II, 3.
  • 7Force morale, qui s'exerce contre les obstacles, dans les périls, dans les souffrances, dans les revers. Une fausse fermeté conseillée à Roboam par de jeunes gens sans expérience lui fit perdre dix tribus, Bossuet, Politique, IV, II, 2. Joignant à la fermeté qu'elle tenait de la nature, celle que la piété lui avait acquise, Fléchier, Dauphine. On périt quelquefois par trop de fermeté, Voltaire, Fanat. I, 1. Mais j'ai la fermeté de savoir me contraindre, Voltaire, Zaïre, IV, 5. Un si triste esclavage Doit plier de son cœur la fermeté sauvage, Voltaire, Oreste, II, 4. La fermeté dans le malheur n'est pas une vertu rare ; l'âme ramasse alors toutes ses forces ; elle se mesure avec ses destins ; elle se donne en spectacle au monde, Voltaire, Panég. de St Louis. La justice qui n'est rien sans la fermeté ; la fermeté qui peut être un grand mal sans la justice, Diderot, Lett. à la comtesse de Forbach, Œuv. t. III, p. 445, dans POUGENS.

    Fermeté de haine, haine qui reste fidèle à elle-même. [Un refus qui] ne puisse être imputé Qu'à fermeté de haine, ou magnanimité, Corneille, Perth. III, 1.

    Constance en amour. Vous voyez par pitié qu'il me laisse à Florame, Qui, n'étant pas si vain, a plus de fermeté, Corneille, la Suiv. I, 8.

SYNONYME

FERMETÉ, CONSTANCE. L'homme ferme résiste à la séduction, aux forces étrangères, à lui-même. L'homme constant n'est point ému par de nouveaux objets. On peut être constant avec une âme pusillanime, un esprit borné ; mais la fermeté ne peut être que dans un caractère plein de force, d'élévation et de raison. La légèreté et la facilité sont opposées à la constance ; la fragilité et la faiblesse sont opposées à la fermeté, Encycl. VI, 527.

HISTORIQUE

XIIe s. Le siege [il] a mis environ la ferté [forteresse], Garin, dans DU CANGE, firmitas.

XIIIe s. Oïl, se Diex me saut ; nous n'avons chi [ci] autre fermeté [protection] ne autre estendart, fors Dieu tant seulement et vous, H. de Valenciennes, IV.

XIVe s. En nulle chose quelconque qui regarde œuvres humaines, il n'a telle constance ne si grant fermeté comme elle est ès operacions qui sont selon vertu, Oresme, Eth. 24.

XVe s. Je, qui suis fortune nommée, Demande la raison pourquoy On me donne la renommée Qu'on ne se peult fier en moy, Et n'ay ne fermeté ne foy, Orléans, Ball. 90. Et, ce fait, alerent à un ventail du dit vivier, et l'un d'eulx rompi la fermeté [la clôture] du dit ventail, Du Cange, firmura.

XVIe s. La vaillance, c'est la fermeté, non pas des jambes et des bras, mais du courage et de l'ame, Montaigne, I, 243. Pour montrer la formeté de son assiette [à cheval], Montaigne, I, 369. Quelle fermeté y aura-il d'ores-en-avant en la foi et parole de roi ? D'Aubigné, Hist. II, 235. Alors l'air n'a pas la fermeté de soutenir le vol des oyseaux, Amyot, Flamin. 20. La soudaineté et facilité ne peult donner une fermeté perdurable à l'œuvre, Amyot, Péric. 26. C'estoit fermeté et constance, Amyot, Fab. 3. Tout ce que le cours de l'eau emmene aval, s'y attache et s'y lie si bien, que l'un par le moyen de l'autre s'y affermit, et prend une fermeté asseurée, Amyot, Philop. 12.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. fermetat ; du latin firmitatem, de firmus, ferme. Fermeté ou ferté a très fréquemment le sens de forteresse dans l'ancienne langue, qui avait aussi fermance pour dire ce que nous nommons aujourd'hui caractère ferme.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

FERMETÉ. - HIST XIIe s. Ajoutez : Com plus [la pensée] voit haltes choses des celestes secreiz, plus tremblet tote la fermeteiz des humaines forces, li Dialoge Gregoire lo pape, 1876, p. 336.