« flétrir.2 », définition dans le dictionnaire Littré

flétrir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

flétrir [2]

(flé-trir) v. a.
  • 1Marquer une personne d'un fer chaud en punition d'un crime. Celui qui aura dérobé des cordages, ferrailles et ustensiles des vaisseaux étant dans les ports, sera flétri d'un fer chaud portant la figure d'une ancre, Ordonn. maritime, IV, titre I, art. 16, dans RICHELET.
  • 2Frapper d'une condamnation déshonorante. Aussi Rome a-t-elle flétri par décret exprès cet écrit [le Moyen court] du père Falconi, Bossuet, Ét. d'orais. I, 19. Il serait contre la raison que la loi flétrît dans les enfants ce qu'elle a approuvé dans le père, Montesquieu, Espr. XXIII, 5. Obscur, on l'eût flétri d'une mort légitime ; Il est puissant, les lois ont ignoré son crime, Gilbert, Mon apologie.

    Absolument. Il n'y aurait de flétri que le juge qui l'a condamnée [la famille Sirven] ; car ce n'est pas pouvoir qui flétrit, c'est le public, Voltaire, Pol. et législ. Lettre de l'auteur à M. Élie de Beaumont.

  • 3 Fig. Diffamer, déshonorer, traiter comme infâme. On aura de grands ménagements pour ne pas flétrir un archevêque, Bossuet, Lett. quiét. 166. Comme si la sagesse ne demandait pas d'autre examen, lorsqu'il s'agit de flétrir votre frère et de l'outrager, Bourdaloue, Exhort. faux témoign. contre J. C. t. II, p. 10. Les flatteurs qui ont loué le vice, les critiques malins qui ont tâché de flétrir la vertu, Fénelon, Tél. XVIII. Son supplice vous venge et ne vous flétrit pas, Voltaire, Tancr. II, 4.
  • 4Se flétrir v. réfl. Se déshonorer. Mais loin de me flétrir par un assassinat, Je lui dirai : Montfort, je t'appelle au combat, Delavigne, Vêpres sicil. IV, 5.

HISTORIQUE

XIVe s. Estre mis ou pillory et flastris d'un fer chaud, Bibl. des ch. 2e série, t. III, p. 424. Tant fu sourprise, au cuer, d'amour qui la maistrie [maîtrise], La veüe li tourble, si fut toute esbleuie ; Quant descendre cuida, à terre chiet [tombe] flastrie, Baud. de Seb. II, 911.

ÉTYMOLOGIE

Origine germanique : angl. flat, plat ; danois, flad ; anc. scandinave, fletia, rendre plat. Le sens propre est jeter à plat, comme on le voit dans l'exemple de Baudouin de Sebourg ; d'où frapper à plat, marquer d'un fer chaud. Pour marquer d'un fer chaud, quelque apparence qu'on puisse trouver à admettre que flétrir, marquer, est flétrir, faner, pris figurément, néanmoins on ne peut pas écarter flastrir, qui est la forme la plus ancienne de flétrir, marquer, tandis que, dans l'historique de flétrir, faner, la forme flastrir ne se montre pas. À l'origine, on ne pouvait guère se servir, pour cette punition, d'une métaphore tirée de l'herbe qui se flétrit. On disait flatir dans un sens analogue : L'on me devroit flatir ou vis Une vessie de mouton, la Rose, 8526. Au reste il a été facile, à l'aide de la métaphore, de confondre flastrir et flestrir. Comparez en outre flâter.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

2. FLÉTRIR. - HIST. Ajoutez :

XVIe s. Lacedemone, où les jeunes enfans estoyent flaistris [battus] si rigoureusement par le grand maistre de la jeunesse, qu'ils rendoyent quelquefois l'esprit sur l'autel de Diane, pendant qu'on les fessoit, Bodin, Republique, III, 7.