« fondre », définition dans le dictionnaire Littré

fondre

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

fondre

(fon-dr'), je fonds, tu fonds, il fond, nous fondons, vous fondez, ils fondent ; je fondais ; je fondis ; je fondrai ; je fondrais ; fonds, qu'il fonde ; que je fonde, que nous fondions ; que je fondisse ; fondant, fondu v. a.
  • 1Rendre liquide un corps solide en le soumettant à l'action de la chaleur. Fondre de l'étain. Fondre du suif. Le soleil fondit la neige. Le fer est plus difficile à fondre que le cuivre, le cuivre l'est plus que l'or, l'or plus que l'argent, l'argent plus que le plomb et le plomb plus que l'étain, Buffon, Hist. min. Œuv. t. VI, p. 406, dans POUGENS. Il [le feu du ciel à Sodome] fond comme cire Agate, porphyre, Pierres du tombeau, Hugo, Orientales, 1.

    Fig. Cet œil qui fond des cœurs les rigueurs et les glaces, Régnier, Dial. Je ne sais quoi de divin semblait fondre son cœur au dedans de lui, Fénelon, Tél. XIX.

    Terme de chandelier. Fondre en abîme, tremper les chandelles dans un vaisseau, qu'on appelle abîme, où il y a du suif fondu

  • 2 Particulièrement. Fondre les métaux, fabriquer, mouler certains objets avec des métaux que l'on fond à cet effet. Non, mais cent fois la bête a vu l'homme hypocondre Adorer le métal que lui-même il fit fondre, Boileau, Sat. VIII.

    Jeter en moule. Fondre une cloche, une statue. Avant que de sortir de l'Égypte, les Israélites y avaient vu des statues de fonte, qu'ils imitèrent en fondant le veau d'or ; et depuis ils firent le serpent d'airain, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. II, p. 76, dans POUGENS. Le père Adam Shall, natif de Cologne, avait tellement réussi auprès de cet empereur par ses connaissances en physique et en mathématique, qu'il était devenu mandarin ; c'était lui qui le premier avait fondu du canon de bronze à la Chine, Voltaire, Mœurs, 195.

    On dit de même : fondre des caractères d'imprimerie ; fondre des balles.

    Fig. Il faut fondre la cloche, c'est-à-dire il faut terminer, achever une affaire, en venir à ce qu'il y a d'essentiel, de difficile, de périlleux.

    En un autre sens, fondre la cloche, vendre, puis se partager l'argent. La société est dissoute ; si on ne s'entend pas, il faudra fondre la cloche. Les héritiers ne sont pas d'accord : il faut renoncer à conserver la propriété ; on fondra la cloche.

  • 3 Fig. Consumer en prodigalités. Un gourmand dans son assiette Fond le bien de ses aïeux, Béranger, H. rangé.

    Terme de commerce. Fondre des actions, des billets, se défaire de ses billets, vendre ses actions ; s'en défaire même avec perte dans un besoin pressant.

  • 4 Terme de médecine. Exercer une action résolutive sur un engorgement. Fondre une obstruction.

    Fondre les humeurs, les rendre plus fluides.

    Fondre un calcul, le dissoudre. Il n'y a point jusqu'à présent de remède qui fonde les calculs dans la vessie.

  • 5 Fig. Faire que des choses auparavant distinctes ne forment qu'un seul tout. Fondre un ouvrage dans un autre. Il fondit les notes dans le texte. Fondre ensemble deux systèmes. Il y a apparence qu'on y avait fondu les anciens règlements faits par le sénat, Montesquieu, Espr. XXIII, 21. Écrire leur histoire par articles séparés en nous réservant de les joindre ou de les fondre ensemble, dès que, par notre propre expérience ou par celle des autres, nous serons plus instruits, Buffon, Quadrup. t. I, p. 260, dans POUGENS. Il [le Poussin] a fondu avec un tel art la Bible avec le paganisme, les dieux de la Fable antique avec les personnages de la mythologie moderne, qu'il n'y a que des yeux savants et expérimentés qui s'en aperçoivent, Diderot, Salon de 1767, Œuvres, t. XV, P. 104, dans POUGENS.
  • 6 Terme de peinture. Fondre des couleurs, des teintes, graduer les nuances, ménager les passages entre les teintes. Fondre une couleur, une teinte dans une autre, avec une autre.

    Par extension. Non-seulement la nature a réuni sur le plumage du paon toutes les couleurs du ciel et de la terre pour en faire le chef-d'œuvre de sa magnificence, elle les a encore mêlées, assorties, nuancées, fondues de son inimitable pinceau, Buffon, Paon.

  • 7 V. n. Devenir liquide, entrer en fusion. Ce trait de feu qui fait fondre la cire, Bossuet, Lett. Abb. 94. Voilà les neiges de nos montagnes qui commencent à fondre, et mes yeux qui commencent à voir, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 8 mars 1769. De toutes les matières que j'ai mises à l'épreuve, il n'y a que le soufre qui fond à un moindre degré de chaleur que l'étain, Buffon, Hist. min. Œuv. t. VI, p. 249, dans POUGENS.

    Par extension, se dissoudre. Le sucre fond dans l'eau.

    Terme de médecine. Entrer en résolution. La tumeur fondit peu à peu.

  • 8 Fig. Diminuer, se réduire à rien. L'argent fond entre ses mains. De sorte qu'en peu de temps on vit fondre cette famille si opulente, qui était la première du pays, Perrot D'Ablancourt, Lucien, Amitié. Il n'y a point d'ouvrage si accompli qui ne fondît tout entier au milieu de la critique, si son auteur voulait en croire tous les censeurs, qui ôtent chacun l'endroit qui leur plaît le moins, La Bruyère, I. L'on a vu quelquefois la naissance, la jeunesse, les titres, la réputation fondre tout d'un coup et se perdre pour toujours dans le tombeau, Massillon, Carême, Mort. Mes jours fondent comme la neige Au souffle du courroux divin, Lamartine, Méd. I, 30.

    Tout ce qu'il tient fond entre ses mains, c'est un homme qui ne saurait rien garder, qui perd ou égare tout ce qu'il a.

    Familièrement. Fondre à vue d'œil, perdre tout son embonpoint.

    Terme d'horticulture. Se dit des plantes, des légumes, etc. qui meurent de sécheresse, et aussi par toute autre intempérie qui se prolonge.

  • 9 Fig. et par exagération. Le ciel fond en eau, et, absolument, le ciel fond, il tombe une très forte pluie.

    Fondre en sueur, être trempé de sueur.

    Fondre en larmes, verser des larmes abondantes. S'abandonnant aux cris, ses yeux fondent en pleurs, Régnier, Élég. V. Tous se trouvent saisis et chacun fond en pleurs, Rotrou, Herc. mour. v, 1. Je fus hier pour la troisième fois à Tancrède ; tout le monde y fond en larmes, à commencer par moi, et la critique commence à se taire, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 22 sept. 1760.

    Absolument. La petite fille a été enlevée dès le grand matin, pour éviter les grands éclats de sa douleur ; ce sont des cris d'enfants… peut-être que présentement elle danse ; mais depuis deux jours elle fondait, Sévigné, 262.

    On dit dans le même sens : fondre en eau.

    Au sens des nos 7, 8 et 9, fondre se conjugue avec l'auxiliaire avoir, quand on veut marquer l'acte : La glace a fondu hier ; avec l'auxiliaire être, quand on veut marquer l'état : La glace est fondue depuis hier.

  • 10S'abîmer, s'écrouler. Cet amas de pierres qui tenait la terre étant renversé, le reste fondit, Vaugelas, Q. C. IV, 3, dans RICHELET. Tous les monstres s'envolent ou fondent sous terre, Corneille, Tois. d'or, III, 7. Comme une colonne dont la masse solide paraît le plus ferme appui d'un temple ruineux, lorsque ce grand édifice qu'elle soutenait fond sur elle sans l'abattre…, Bossuet, Reine d'Anglet. M. Nicolaï tomba du haut d'un balcon qui fondit sous lui et se tua tout roide, dans sa maison de Presles, auprès de Paris, Dangeau, I, 299, 21 fév. 1686. Ceux-ci [les amphithéâtres] étant venus un jour à fondre tout à coup parce qu'ils étaient trop chargés, cet accident engagea les Athéniens, déjà fort entêtés, de spectacles, à élever ces théâtres superbes, qu'imita depuis avec tant d'éclat la magnificence romaine, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. V, p. 143, dans POUGENS.

    Fig. S'abîmer de confusion. Buvons ensemble, voilà comme je sais me venger ; à ces mots [de M. de Chaulnes], l'autre [Harlay] pensa fondre, Saint-Simon, 42, 241.

  • 11Être lancé, se lancer avec violence de haut on bas. Si près de voir sur soi fondre de tels orages, Corneille, Hor. I, 1. Pressé de toutes parts des colères célestes, Il en vient dessus vous faire fondre les restes, Corneille, M. de Pomp. I, 1. Et sans s'inquiéter où fondra la tempête, Corneille, Othon, IV, 3. Ô jour malheureux ! le jour du Seigneur est proche, et le Tout-puissant le fera fondre sur vous comme une tempête, Sacy, Bible, Joel, I, 15. Comme un tonnerre Qui s'approche en grondant et qui fond sur la terre, Voltaire, Mérope, v, 5. Le pays de Gex où j'habite est un vaste jardin entre des montagnes, mais la grêle et la neige viennent trop souvent fondre sur mon jardin, Voltaire, Lett. Sade, 12 fév. 1764. Les maias [sorte d'oiseaux] se réunissent en troupes nombreuses, pour fondre sur les champs semés de riz, Buffon, Ois. t. VII, p. 150.
  • 12Assaillir impétueusement. On voyait deux éperviers d'or qui semblaient fondre l'un sur l'autre, Vaugelas, Q. C. liv. III, dans RICHELET. Sur nous à main armée il fond en diligence, Corneille, Rodog. I, 6. Quand je fondis en Gaule avec cinq cent mille hommes, Corneille, Attila, I, 1. Un peuple qui fondra sur vous comme un aigle fond sur sa proie, Sacy, Bible, Deuter. XXVIII, 49. Qu'est devenue cette redoutable cavalerie qu'on voit fondre sur l'ennemi avec la vitesse d'un aigle ? Bossuet, Anne de Gonz. Télémaque vient fondre sur son ennemi, Fénelon, Tél. XX. Rappelons-nous ces beaux temps de la Grèce, si glorieux pour Athènes et pour Sparte, où la Perse vint fondre sur ce petit pays avec toutes les forces de l'Orient, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. IV, p. 303, dans POUGENS. Leur transport est semblable à la cruelle joie Des ours et des lions qui fondent sur leur proie, Voltaire, Henr. X. Le roi [Charles XII] fondit sur cette armée, n'ayant avec lui que six régiments de cavalerie, et quatre mille fantassins, Voltaire, Charles XII, IV. Une armée de Maures vient fondre d'Afrique en Espagne, et augmenter la confusion où tout était alors, Voltaire, Mœurs, 44.

    Fig. Il se dit des choses en un sens analogue. Les maux fondant tout d'un coup sur eux, ils chercheront la paix et ne la trouveront pas, Sacy, Bible, Ézéch. VII, 25. Vous n'entendrez partout qu'injurieux brocards Et sur vous et sur lui fondre de toutes parts, Boileau, Épît. X.

    Fondre, au sens des nos 10, 11, 12 et 13, ne se conjugue qu'avec l'auxiliaire avoir.

  • 13Se fondre, v. réfl. Devenir liquide par l'action de la chaleur. La glace se fond au soleil. Les montagnes se sont fondues comme la cire à la présence du Seigneur, Sacy, Bible, Psaumes, XCVI, 5.
  • 14Se fondre en eau, se dit du ciel, des nuages qui laissent tomber une pluie abondante. Le ciel qui se fond tout en eau, Boileau, Sat. III.

    Se fondre en larmes, pleurer abondamment. Il se fondait en pleurs, Malherbe, V, 21. Pleurez, pleurez, mes yeux, et fondez-vous en eau ; La moitié de ma vie a mis l'autre au tombeau, Corneille, Cid, III, 3.

    Se fondre en sueur, suer abondamment.

  • 15Il s'est fondu ou il est fondu, se dit de quelqu'un ou de quelque chose qui a disparu tout à coup sans qu'on sache ce qu'il est devenu.

    Il n'a pas pu se fondre, il n'est pas fondu, se dit pour exprimer que l'on ne conçoit pas que quelqu'un ou quelque chose ait disparu sans qu'il soit possible de le retrouver.

  • 16Diminuer, être réduit à rien. Quand les troupes que nous avions ici levées prirent la route de Picardie, ils disaient que c'étaient des victimes que l'on allait immoler à nos ennemis ; que cette armée se fondrait aux premières pluies, et que ces soldats, qui n'étaient point aguerris, fuiraient au premier aspect des troupes espagnoles, Voiture, Lett. 74. Il arrive aujourd'hui que des armées, sans avoir combattu, se fondent dans une campagne, Montesquieu, Rom. II. Cependant l'armée [de France] se fondait peu à peu, Voltaire, Louis XIV, 21. Murat lui-même s'inquiète enfin ; il a vu se fondre la moitié du reste de sa cavalerie, Ségur, Hist. de Nap. VIII, 10.

    Être transformé en, avec une idée de réduction. Le château, s'il est vieux, se fond en une douzaine de maisons qui ont des portes et des fenêtres, mais ni tours, ni créneaux, ni ponts-levis, ni cachots, ni antiques souvenirs, Courier, Lett. V.

  • 17Se laisser amollir, attendrir, séduire. Les dames cependant se fondent en délices, Régnier, Sat. II. Les cœurs que l'on croyait de glace Se fondent tous à leur abord, La Fontaine, Joc. Le cœur se fondait à son pathétique [d'un chanteur], Rousseau, Dict de mus. Voix.
  • 18En parlant des couleurs, de la lumière, se confondre par des nuances graduées. Ces teintes se fondent bien ensemble. Ces deux couleurs, se fondant ensemble, forment une belle couleur orangée sur la poitrine et sur toute la partie inférieure du corps, Buffon, Ois. t. VII, p. 207. Les reflets sur ses bords [de la cloche] se fondaient mollement, Au fond tout était noir, Hugo, Crép. 32.
  • 19Être combiné, se confondre. Cette maison de commerce s'est fondue dans telle autre. Ils formèrent plusieurs hordes qui se peuplèrent dans le silence, et qui, avec le temps, se fondirent dans celle des Mantchoux, Raynal, Hist. phil. V, 17. Le code ecclésiastique où viennent se fondre la loi lévitique, l'Évangile et le droit romain, Chateaubriand, Génie, I, I, 10. Par la révolution, Versailles s'est fondu dans la nation ; Paris est devenu l'œil-de-bœuf ; tout le monde en France fait sa cour, Courier, Pamphlet des pamphlets.

SYNONYME

FONDRE, LIQUÉFIER. Fondre et liquéfier sont souvent employés l'un pour l'autre ; mais on peut tâcher de distinguer, en disant que fondre s'emploie aussi bien en parlant des métaux, du verre et autres substances qui, pour devenir liquides, exigent un haut degré de température, que des substances qui n'en exigent que très peu ; tandis qu'on se sert plus volontiers de liquéfier pour la cire, le suif, etc. qui deviennent liquides au moyen d'une chaleur beaucoup moindre, Legoarant

HISTORIQUE

XIIe s. Souz eux [je] vi fondre [s'enfoncer] la terre et le rocher, Ronc. p. 164. En la sale fu mult traïstres apelé ; De tutes parz i fu hautement escrié ; N'i eüst greignur cri, se fundist la cité [il n'y aurait pas cri plus grand, quand même la cité fondrait], Th. le mart. 46. Guillaumes en fu uns, li buens quens d'Arundel, Sages, curteis e preus e senz nul mal apel ; Mais dunc medla sun or à fundre le veel [le veau d'or], ib. 53.

XIIIe s. Il virent ces hautes yglises et ces riches palais fondre, et ces grans rues marcheandes ardoir à feu, et il n'en pooient plus faire, Villehardouin, XCI. Fondue est la terre en malice, Psautier, f° 89. Li mescreant tienent la mauvese vie de Sodome et de Gomorre, que Dieux fondi, ib. f° 189. Adont fist Salehedins prendre or et argent, et le fist fondre en une paiiele de fer, puis li fist avaler en la gorge tout boullant, Chr. de Rains, p. 112. Par ung poi que je ne fons d'ire, Quant il me membre de ma perte, Qui est si grant et si aperte, la Rose, 4049. Et bien se gart qui oevre soz tere, qu'il face tel ouvrage que les mesons des voisins ne fondent pas par son fet ne les voies communes, Beaumanoir, XXIV, 26. La crestienté dechiet et font entre vos mains, et decherra encore plus, se vous n'i metés conseil, pour ce que nulz ne doute [craint] hui et le jour escommeniement [excommunication], Joinville, 290. La beauté s'en refuit ; dame Diex me confonde, Se je n'empli mon temps, ainz que ma couleur fonde, La folle et la sage.

XIVe s. Mahon, ce dist li rois, je fonc ensi que bure, Baud. de Seb. 265.

XVe s. Et ils estoient si foibles et si fondus et si affamés [leurs chevaux] qu'à peine pouvoient ils aller avant, Froissart, I, I, 44. … Et que toute fondoit en larmes et en pleurs [Isabelle], Froissart, I, I, 14. Vous devez savoir que le roi de France avoit grand angoisse au cœur, quand il veoit ses gens ainsi deconfire et fondre l'un sur l'autre par une poignée de gens que les Anglois estoient, Froissart, I, I, 289. Quant il sentit son cheval fondre [tomber], il se tourna si appoint qu'il demoura en estant sur ses pieds, Perceforest, t. I, f° 92. Quatre pechiés plains de toute laidure, Que Dieu het trop et qui les a en cure… Le tiers pechié [est] vie contre nature, Dont Dieux fondit les cinq cités jadis, Deschamps, Poésies mss. f° 440.

XVIe s. Il veint fondre comme un colosse sur le petit homme, Montaigne, II, 52. Le mulet s'estant apperceu que le sel, fondu par ce moyen…, Montaigne, II, 186. C'est un grand poids que la science, ils fondent dessoubs, Montaigne, IV, 48. Ceste torche les accompagna et guida tout au long du voyage, et à la fin alla fondre et disparoir au propre endroit où les pilotes avoient deliberé d'arriver, Amyot, Timol. 11. Hommes effeminez et fondus en delices et voluptez, Amyot, Pélop. 2. La terre freschement remuée fondoit soubs eulx, Amyot, Pyrrh. 63. Ilz estoient molz à l'encontre de la chaleur, et fondoient en sueur au soleil, Amyot, Marius, 45. Il fundit une nuée noire, dont il sortit un impetueux tourbillon de vent, Amyot, Crassus, 38. Les neges et glaces qui se fondent adonc, Amyot, Sertor. 23. Les yeux battus et fondus à force de larmoyer, Amyot, Ant. 106. Au desloger de l'armée, y eut deux aigles qui, fondans de grande roideur, s'allerent renger aux premieres enseignes, Amyot, Brutus, 46. Emplastre singuliere pour amollir, fondre et resoudre les tumeurs scirrheuses, Paré, V, 23.

ÉTYMOLOGIE

Berry, foindre, s'affaisser, s'ébouler, diminuer de volume ; provenç. fondre ; anc. catal. fondir ; catal. mod. fondrer ; espagn. et portug. fundir ; ital. fondere ; du lat. fundere, proprement répandre. La série des sens est : répandre, d'où mettre en fusion, renverser, tomber, se précipiter sur ; ce dernier sens est venu tard dans la langue.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

FONDRE.
8Ajoutez :

Fondre d'amour, maigrir rapidement sous l'impression de l'amour. Près d'elle [la génisse] il [le taureau] fond d'amour, il erre triste et sombre, Delille, Géorg. III.