« fontaine », définition dans le dictionnaire Littré

fontaine

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

fontaine

(fon-tè-n') s. f.
  • 1Eau vive qui s'épanche à la surface du sol par un cours continu. Le bassin, les bords, la source d'une fontaine. J'en reviens encore à vous, c'est-à-dire à cette divine fontaine de Vaucluse ; quelle beauté ! Pétrarque avait bien raison d'en parler souvent, Sévigné, 62. Comme il n'y a point de fontaine dont la course soit si tranquille, à laquelle on ne fasse prendre par la résistance la rapidité d'un torrent, Bossuet, Sermon pour le 9e dim. après la Pentec. 2. Il me paraît, admirable fontaine [la fontaine médicinale de Bourbon], Que vous n'eûtes jamais la vertu d'Hippocrène, Boileau, Épigr. XVIII. Toutes les fontaines proviennent des eaux pluviales infiltrées et rassemblées sur la glaise, Buffon, Min. t. I, p. 245, dans POUGENS. Sur nos lacs, en nos bois, au bord de nos fontaines…, Voltaire, Scythes, I, 1. La fontaine d'Égérie, où Numa allait consulter la divinité des hommes de bien, Staël, Corinne, V, 1.

    On dit dans un sens analogue : fontaine de vin, de lait, etc.

    Par extension. En ce jour, au jour du Sauveur, en ce jour où la bonté paraîtra au monde, il y aura une fontaine ouverte à la maison de David et aux habitants de Jérusalem, pour la purification du pécheur, Bossuet, 2e sermon, Divinité de la relig. 3.

    Fig. Comme la divinité très auguste a une source et une fontaine de divinité, ainsi que parlent les Pères grecs…, Bossuet, Sermons, Sainte Trinité, préambule.

    Fontaines intermittentes, celles qui coulent et s'arrêtent par intervalles.

    Fontaine intermittente, se dit aussi d'un appareil disposé de manière que l'écoulement de l'eau subit des interruptions.

  • 2 Terme de physique. Fontaine de compression, appareil où de l'air comprimé, pressant sur la surface de l'eau, la fait jaillir à une assez grande hauteur.

    Fontaine de Héron, appareil ingénieux, inventé par Héron d'Alexandrie, au deuxième siècle avant notre ère, dans lequel l'air, comprimé par une certaine quantité d'eau, en fait jaillir d'autre au-dessus du niveau de la première.

  • 3Des yeux devenus fontaines, des yeux qui pleurent abondamment. Les ondes que j'épands… Dans un courage saint ont leur sainte fontaine, Malherbe, V, 4. Mais quand mes yeux seraient fontaines, Que puis-je espérer ? Malherbe, V, 9. J'ai beau de mes deux yeux deux fontaines tirer, Régnier, Plainte. La reine d'Espagne devient fontaine ; je comprends bien aisément le mal des séparations, Sévigné, 20 sept. 1679. Ses yeux étaient devenus deux fontaines de larmes, Fénelon, Tél. XX.
  • 4Fontaine de Jouvence, voy. JOUVENCE.
  • 5Vaisseau de cuivre, de grès, de terre, etc. qui sert de réservoir d'eau et qu'on place d'ordinaire dans une cuisine. Fontaine à filtre.
  • 6Fontaine de bière, sorte de mesure de capacité en usage dans certaines brasseries.
  • 7Il se dit du robinet et du canal de cuivre ou d'étain par où coule l'eau d'une fontaine, le vin d'un tonneau, etc. Mettre la fontaine à un tonneau. Tournez la fontaine.
  • 8Édifice public qui verse l'eau. La fontaine des Innocents à Paris. Fontaines en grotte. Fontaines en buffet. Fontaines en portique. Fontaines adossées, etc. Cette admirable fontaine, qu'on regarde si peu, et qui est ornée des précieuses sculptures de Jean Goujon, mais qui le cède en tout à l'admirable fontaine de Bouchardon, Voltaire, Temple du goût. La belle fontaine [de Bouchardon] de la rue de Grenelle [à Paris] ; je dis belle pour les figures ; du reste je la trouve au-dessous du médiocre, Diderot, Observ. sur la sculpt. Œuvres, t. XV, p. 316, dans POUGENS. Point de belle fontaine où la distribution de l'eau ne forme pas la décoration principale, Diderot, ib. p. 317.

    Fontaines en pyramide, fontaines composées de plusieurs bassins par étages.

    Fontaines en niches, celles qui ont leur bassin et leur jet sous une arcade.

    Borne-fontaine, voy. BORNE.

  • 9Synonyme de fontanelle n° 1.
  • 10Terme vulgaire employé pour désigner un exutoire, et particulièrement un cautère. Ce qui contribuait encore plus que toutes ces choses à lui [à dame Jacinthe] rendre le teint frais, c'était une fontaine qu'elle avait à chaque jambe, Lesage, Gil Blas, II, 1.
  • 11Creux formé dans un coin du pétrin, où l'on verse de l'eau pour délayer le levain et la farine.
  • 12 Terme d'alchimie. Fontaine de Flamel, la retorte. Fontaine des métaux, le mercure.
  • 13 Terme de zoologie. Fontaine de mer, actinie.
  • 14Nom donné par les pêcheurs au compartiment supérieur de la tête du cachalot, qui contient de la cétine en si grande quantité, qu'ils la puisent à plein seau.

    PROVERBE

    Il ne faut pas dire : Fontaine je ne boirai pas de ton eau, c'est-à-dire il ne faut pas assurer qu'on n'aura jamais besoin de telle personne ou de telle chose.

SYNONYME

FONTAINE, SOURCE. Étymologiquement, la fontaine est l'eau de source (aqua fontana) ; et la source est ce qui sourd, ce qui jaillit, ce qui fournit la fontaine. C'est là la nuance entre ces deux mots. La source indique ces canaux souterrains qui amènent à la surface l'eau des profondeurs ; la fontaine est l'eau qui s'élève à la surface du sol dans un bassin naturel ou artificiel. C'est pour cela qu'on nomme fontaines ces édifices qui dans les villes versent de l'eau.

HISTORIQUE

XIIe s. Criz [Christ] nostre sires est fontaine à nos, par cui nos sommes lavez, Saint Bernard, p. 538. E les castels pristrent, et les bones funteines estuperent, Rois, p. 354. Tophet, cel liu ki tant est delitable de bels arbres et de beles funteines, ib. 427.

XIIIe s. Elle a bien fait compieng [bourbier] de sa clere fontaine [elle a bien sali sa réputation], Berte, LXXIV. … un vallet vient Qui un pain d'orge en la main tient Et un picher [vase] en s'autre main, Moult petit, de fontaine [d'eau] plain, Parton. de Blois, ms. de St-Germ. f° 144, dans LACURNE.

XIVe s. Onques cerf eschaufés ne desira fontene Tant fort com il desirent assambler [combattre] en la plene, Girart de Ross. v. 3473. Se un faucon a une fontaine [sorte de maladie] au pié, Modus, ms. f° 130, dans LACURNE. Une grant fontaine, en guise d'un chastel, à pilliers de maçonnerie, à hommes à armes entour, avec le hanap et une quarte, semée d'esmaux, pesant neuf marcs, De Laborde, Émaux, p. 320.

XVe s. [Paris] C'est la cité sur toutes couronnée, Fonteine et puis de sens et de clergie, Deschamps, Sur les beautés de Paris.

XVIe s. Les fonteiniers et lieux frais de la terre, dont sourdent les fontaines, n'ont pas des amas d'eau cachées, ny de receptacles et concavitez si capables que…, Amyot, P. Aem. 22. La fontaine de douceur et humanité, laquelle ne doit jamais tarir en l'homme, Amyot, Caton, 11. Faisant coupper et rompre les tuyaux, par lesquelz aucuns particuliers desrobboient l'eau des fonteines publiques, ainsi qu'elles passoient au long de leurs maisons, Amyot, ib. 38. Mettant la canelle, fontaine, ou robinet au milieu du tonneau premierement, De Serres, 830. À petite fontaine boit on à son aise, Cotgrave L'eaue de la fontaine ne monte point plus haut que sa source, Génin, Récréat. t. II, p. 242.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. fontana, fontayna ; espagn. et ital. fontana ; du bas-latin fontana, du latin fontanus, dérivé de fons, fontis, source (voy. FONTS).