« fréquenter », définition dans le dictionnaire Littré

fréquenter

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

fréquenter

(fré-kan-té) v. a.
  • 1Aller souvent dans un lieu. Il [Jésus] fréquente le temple, dont il fait respecter la sainteté, et renvoie aux prêtres les lépreux qu'il a guéris, Bossuet, Hist. II, 6. Ce monastère qu'elle a soutenu par ses libéralités, qu'elle a fréquenté par ses retraites, qu'elle a édifié par ses exemples, Fléchier, Mme d'Aig. Aujourd'hui, qui fréquente nos spectacles ? un certain nombre de jeunes gens et de jeunes femmes, Voltaire, Comm Corn Rem. Sertorius, préf.

    Fréquenter les sacrements, en faire souvent usage. La pureté nécessaire pour fréquenter les sacrements de Jésus-Christ, Bourdaloue, Dim. oct. du St-Sacr. Dominic. t. II, p. 300.

    Terme de marine. Approcher d'une côte pour la suivre de près. Ce bâtiment fréquente bien les roches, il les range à l'honneur, de proche en proche.

  • 2Avoir des relations habituelles avec quelqu'un, le visiter souvent. Il y a fort à gagner à fréquenter les nobles, Molière, Bourg. gent. III, 3. Dites-moi qui vous fréquentez, je vous dirai qui vous êtes, Bourdaloue, 5e dim. ap. l'Épiph. Domin. t. I, p. 246. Il a fréquenté le pacha comte de Bonneval, qui était devenu, comme on sait, un parfait musulman à Constantinople, Voltaire, Oreilles de Chest. 4. Il ne croisa jamais aucun de ses censeurs sur le chemin de la fortune qu'il ne fréquente pas, Diderot, Cl. et Nér. II, 109.
  • 3 V. n. Il fréquentait au logis de l'intimé, Patru, Plaidoyer 11, dans RICHELET. Il fréquentait chez le compère Pierre, La Fontaine, Jum. Sans doute, et je le vois qui fréquente chez nous, Molière, F. sav. II, 1. Heureux si ses discours [de Régnier], craints du chaste lecteur, Ne se sentaient des lieux où fréquentait l'auteur, Boileau, Art p. II. Si tout ce qu'on dit est vrai, vous me feriez plaisir de ne plus fréquenter chez nous, Voltaire, Écoss. IV, 1. Il est assez facile de surprendre le sanglier dans les blés et dans les avoines, où il fréquente toutes les nuits, Buffon, Cochon.
  • 4Se fréquenter, v. réfl. Avoir des relations habituelles l'un avec l'autre. Ils se fréquentent depuis longtemps.

SYNONYME

FRÉQUENTER, HANTER. Étymologiquement, fréquenter signifie aller fréquemment ; et hanter, avoir des relations habituelles. De là résulte que fréquenter un lieu est l'emploi propre, et fréquenter quelqu'un l'emploi dérivé ; tandis que hanter quelqu'un est l'emploi propre, et hanter un lieu l'emploi dérivé. Mais, à part ces différences étymologiques, l'usage n'a laissé, entre ces deux verbes, aucune nuance bien appréciable.

HISTORIQUE

XIe s. En l'altre voix [Dieu] lur dist altre summunse, Que l'ume Deu quergent [cherchent] ki est an Rome ; Si le deprient que la citet ne fundet [ne perisse], Ne ne perissent la gent qui la fregundet, St Alexis, LX.

XIVe s. Les autres amistés comme de ceulx qui frequentent ensemble en navie ou en mer…, Oresme, Eth. 250. Et quant un homme a ces choses frequentées tant qu'il est devenu fort de corps, encor peut il plus legierement et mieux mengier et labourer, Oresme, ib. 37.

XVe s. Voir est que je, qui ai empris ce livre à ordonner, ai frequenté plusieurs nobles et grands seigneurs, Froissart, Prol.

XVIe s. Tous deux aimons les livres frequenter, Marot, I, 369. Fidelité, vertu peu frequentée, Rend ceux qui l'ont comparables aux dieux, Saint-Gelais, 60. Les barbares habitans en l'isle estoient si farouches, que l'on ne pouvoit frequenter avec eulx, Amyot, Thés. 44. Il n'y a nul fruit, ains plus tost danger evident de frequenter un tel homme, Lanoue, 79.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et espagn. frequentar ; ital. frequentare ; du lat. frequentare.