« froncer », définition dans le dictionnaire Littré

froncer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

froncer

(fron-sé. Le c prend une cédille devant a et o : fronçant, je fronçais) v. a.
  • 1Rider en contractant, en resserrant. Le rhinocéros ne peut ni froncer, ni contracter sa peau, Buffon, Rhinocéros.

    Froncer les sourcils, les rapprocher, ce qui est souvent un signe de mécontentement. Ne froncez pas le sourcil pour cela, et ne trouvez pas étrange que je n'évite pas dans mes lettres les choses qui vous peuvent choquer, Voiture, Lett. 23. Quand je blâme, je fronce le sourcil, et cela ne m'amuse pas, Diderot, Salon de 1767, Œuvres, t. XV, p. 1, dans POUGENS.

    Fig. Froncer le sourcil de quelqu'un, ou, absolument, froncer quelqu'un, le mettre de mauvaise humeur. Elle [la princesse des Ursins] craignit de laisser rien apercevoir au roi qui le fronçât et qui le tînt en garde, Saint-Simon, 144, 100. Si mes pensers les plus secrets Ne froncèrent jamais votre sourcil sévère, Chénier, Iambes, III.

  • 2Coudre à plis serrés. Il faut froncer davantage cette chemise.

    Froncer une jupe, faire des fronces au haut de cette jupe.

  • 3Se froncer, v. réfl. Se rider. La peau de ce fruit commence à se froncer. Les sourcils se froncent.

    Fig. Prendre de l'humeur. Dont il résulta que Monseigneur se fronça encore plus qu'à l'ordinaire avec M. le duc d'Orléans, Saint-Simon, t. VIII, p. 238, éd. CHÉRUEL.

HISTORIQUE

XIIIe s. Par le conseil [de] sa mere, l'orde vieille froncie, Berte, LX. Ysengrin en sent la fumée, Qu'il n'avoit mie acostumée ; Adonc comença à fronchier, Et ses guernons [moustaches] à delechier, Ren. 943. Quant l'ot li empereres, s'en a froncié le nés, Ch. d'Ant. II, 316. Un molt viel homme a encontré : Pel ot fronchie, corbe escine [échine], Gui de Cambrai, p. 27.

XIVe s. Quant aucune soursaneure de plaie dite en latin cicatrix est trop contrainte ou trop froncie ou trop laide, H. de Mondeville, f° 99. Vous direz à vostre femme qu'elle saille par dessus le baston, et que ce soit fait sans froncier ou guigner ou faire aucun signe, Ménagier, I, 6. Ne te dois pigner ne poncer, Ne tes crins tondre ne froncer, Ne en mirouer esgarder…, Ovide, Art d'aimer, ms. de St Germain, f° 95, dans LACURNE.

XVIe s. [Un porc-épic] Ses dards fronçoit, tant qu'à veoir son aprest…, Marot, J. V, 63. Il avoit le visage froncé comme un parchemin, Despériers, Contes, LXXXV. Hannibal se fronceant le visage lui respondit, Amyot, Fab. 31. Il froncea ses sourcilz et frappa sa cuisse, Amyot, Pomp. 46. Tantost fronciez les plis de ma chemise, à chasque ply me baisant ou mordant…, Ronsard, 818.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. froncir, fronzir, fruzir ; catal. frunsir ; espagn. fruncir ; portug. franzir. Origine incertaine. Scheler le tire du latin frons, par l'intermédiaire d'un verbe fictif frontiare, plisser le front, mais on ne trouve ni à fronce ni à froncer pli du front comme sens primitif. Pourrait-on penser à l'allemand Runzel, ride ?