« frontière », définition dans le dictionnaire Littré

frontière

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

frontière

(fron-tiè-r') s. f.
  • 1Limites qui séparent un État d'un autre État. Je vois sur la frontière une puissante armée, Corneille, Nicom. III, 2. Le prince, par son campement, avait mis en sûreté non-seulement toute notre frontière et toutes nos places, mais encore tous nos soldats, Bossuet, Louis de Bourbon. Quand son bras forçant notre frontière…, Racine, Alex. II, 4. Là de la Palestine il étend la frontière, Racine, Bérén. I, 4. Seul il [le drapeau tricolore] peut voiler nos malheurs ; Déployons-le sur la frontière, Béranger, Vieux drap. Le Dnieper coule de l'est à l'ouest jusqu'à Orcha, où il se présente pour pénétrer en Pologne ; mais là, des hauteurs lithuaniennes s'opposant à cette invasion le forcent de se détourner brusquement vers le sud et de servir de frontière aux deux pays, Ségur, Hist. de Nap. XI, 1. Ce vieux Russe, sur les frontières de la vieille Russie, frémissait de honte à l'idée de reculer encore sans combattre, Ségur, ib. VI, 3.

    Reculer les frontières d'un État, l'agrandir par des conquêtes, par des acquisitions.

    Fig. Si l'emboîtement [des germes] est la loi de la nature, pouvons-nous dire que nous soyons faits pour contempler à découvert ces divers ordres d'infinis, toujours décroissants, abîmés les uns dans les autres, et qu'un développement plus ou moins lent tend continuellement à rapprocher des frontières du monde visible ? Bonnet, Paling. XII, 7.

  • 2 Adj. Qui est sur la frontière. Ville frontière. Il [Charles XII] passa ce grand fleuve après eux à Mohilou, dernière ville de Pologne, qui appartenait tantôt aux Polonais, tantôt aux czars, destinée commune aux places frontières, Voltaire, Charles XII, 4.

HISTORIQUE

XIVe s. En tel maniere qu'en allant Va leur frontiere [le front d'une troupe de guerre] devalant à plus de quatre mil banieres Jusqu'es tentes le roy premieres, Guiart, t. II, p. 134, v. 3444. Frontiere, la partie devant l'eglise, Du Cange, frontispicium.

XVe s. Et gardoit si près et si soigneusement les frontieres d'Angleterre que nul ne pouvoit aller…, Froissart, I, I, 200. Lors fit le roi ordonner tous ses vaisseaux et mettre les plus forts devant, et fit frontiere à tous costés de ses archers, Froissart, I, I, 120. Et mit le seigneur Beaujeu en Mortaigne pour faire frontiere contre les Hainuyers, Froissart, I, I, 123. Ores vint le dit Thallebot et sa compaignie, et arriverent droit à la barriere, cuidans entrer ou champ ; mais ils trouverent frontiere de vaillans gens, bien expers au fait de guerre, qui leur firent bon visaige et hardi, dont les dits Anglois furent moult esbahis, Monstrelet, t. III, p. 57, dans LACURNE. Regardez, voylà l'estandart De cette maudite sorciere [la pucelle d'Orléans] ; Je congnois qu'elle est ceste part, Et est la premiere en frontiere, Myst. du siége d'Orléans, p. 496. Y m'est bien tart que demain soit Pour voir les Anglois en frontiere, ib. p. 598. En acquitant aucune debte Aux bons chevaliers de la terre Pour la frontiere et pour la guerre, Deschamps, Poésies mss. f° 523.

XVIe s. Qui est ouvert d'un costé l'est partout ; nos peres ne penserent pas à bastir des places frontieres [à faire des maisons fortifiées de tous les côtés], Montaigne, III, 8.

ÉTYMOLOGIE

Front ; provenç. fronteira, front. L'ancien sens de frontiere est front d'une troupe et façade ; faire frontiere, signifie se mettre en bataille pour combattre, se défendre ; et, comme on faisait frontiere particulièrement sur les limites des pays, le mot a pris le sens de limites d'État à État.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

FRONTIÈRE. Ajoutez :
4Ligne de frontière, ensemble des obstacles qui résultent de la configuration du sol et de la combinaison des places fortes et des ouvrages de fortification passagère.