« gîte », définition dans le dictionnaire Littré

gîte

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

gîte

(jî-t') s. m.
  • 1Le lieu où l'on demeure, où l'on couche ordinairement. Loin du monde elle fait sa demeure et son gîte, Régnier, Sat. XII. L'aigle donnait la chasse à maître Jean Lapin, Qui droit à son terrier s'enfuyait au plus vite ; Le trou de l'escarbot se rencontre en chemin ; Je laisse à penser si ce gîte Était sûr ; mais où mieux ? Jean Lapin s'y blottit, La Fontaine, Fabl. II, 8. Un mort s'en allait tristement S'emparer de son dernier gîte, La Fontaine, ib. VII, 11. Tout beau, monsieur, tout beau ; ne courez point si vite, Vous n'irez pas fort loin pour trouver votre gîte, Molière, Tart. V, 7. Va, fuis ; que le démon, qui te prit en ton gîte Pour t'amener ici, t'y remporte au plus vite, Regnard, Démocr. IV, 7. Je ne sais point où demeure Thiriot, qui change de gîte tous les six mois, et qui ne m'a pas écrit depuis plus de quatre, Voltaire, Lett. d'Argental, 20 janv. 1770. Et quand l'heure invite à gagner son gîte, L'on rentre bien vite Ailleurs que chez soi, Béranger, Cocag.

    Par extension. Revenir au gîte, revenir parmi les siens. Parlons des Grignan, parlons de ces frères qui reviennent toujours au gîte, Sévigné, 570.

    Fig. Cet hôte [l'amour] dans un cœur a bientôt fait son gîte, Regnard, Joueur, II, 1.

  • 2La couchée en voyage. Arriver au gîte. Mon frère a-t-il tout ce qu'il veut : Bon soupé, bon gîte et le reste ? La Fontaine, Fabl. IX, 2. …Il craint avec raison Qu'il n'ait ce coup, malgré son oraison, Très mauvais gîte…, La Fontaine, Orais. Je vous écrirai de tous nos gîtes afin que vous sachiez le jour et l'heure que nous arriverons, Maintenon, Lett. à M. d'Aubigné, 12 juin 1677.

    Dans l'ancien droit administratif, on nommait gîtes d'étape ce que l'on appelle aujourd'hui les étapes militaires.

    Terme de féodalité. Droit d'être hébergé et nourri gratuitement un jour et une nuit par an.

  • 3 Terme de chasse. Le lieu où le lièvre repose et où il est en forme. Un lièvre en son gîte songeait ; Car que faire en un gîte, à moins que l'on ne songe ? La Fontaine, Fabl. II, 14.

    En cuisine, on nomme lièvre en gîte un pâté de lièvre fait dans une terrine longue au lieu de croûte.

  • 4 Terme de minéralogie. Masse de minéraux en son gisement.
  • 5Ancien synonyme de meule gisante.

    partie immobile du soufflet.

  • 6 Terme d'artillerie. Chacune des poutrelles qui soutiennent les madriers d'une plate-forme. Clouer un gîte.

    Terme de construction hydraulique. Pièces de bois concourant à l'assemblage d'un pont tournant.

  • 7 Terme de boucherie. Gîte, partie du bœuf qui se trouve au-dessus de l'articulation des jambes jusqu'au commencement du gros de la cuisse et de l'épaule. Le gîte se sépare en trois parties, le bas de gîte, la levée, et l'os de gîte.

    Gîte à la noix, morceau du bœuf qui se trouve dans la partie arrondie de la cuisse, comprenant le dessous de la queue, la partie où il y a une petite grosseur comme une noix et la chair jusqu'au gîte.

  • 8 En termes de marine, on fait gîte féminin pour désigner le lieu où un navire échoué se loge. La gîte d'un navire.

    PROVERBE

    Un lièvre va toujours mourir au gîte, c'est-à-dire, après avoir bien voyagé, on finit toujours par revenir dans son pays.

    On dit dans un sens analogue : Cet homme ressemble au lièvre, il vient mourir au gîte.

    Il faut attendre le lièvre au gîte, pour être sûr de trouver quelqu'un, il faut l'attendre chez lui.

HISTORIQUE

XIVe s. Quant le loutre part du lieu où il demeure qui est appelé, selon le mestier, giste, Modus, f° XLIII. Du giste de bœuf, Ménagier, II, 5. Gramose [sorte de mets] est faite de la char froide du giste qui est demourée du disner, ib. II, 5. …ou giste à huit pieces, et est la plus grosse char, mais elle fait la meilleure eaue [bouillon] après la joe, ib. II, 4.

XVe s. Les dits ambassadeurs, tant françois que anglois, vindrent au gist à Compiegne, Bibl. des ch. 5e série, t. v, p. 129. Vinrent jusques à Poissy, et trouverent le pont rompu et defait ; mais encore estoient les estaches et les gites en la riviere, Froissart, I, I, 273. Et passa ledit connestable du costé du roy ; et fut fait l'appointement [la réconciliation] du conte de Dampmartin et de luy, et vint au giste avec le roy à Noyon, Commines, III, 11. La messe ne se passa pas sans ris soudains, quand il leur souvient du gite que monseigneur a fait au bahut, Louis XI, Nouv. XXVII.

XVIe s. Aucunefois aux fosses devalloye, Pour trouver là des gistes de fouines, Des herissons, ou des blanches hermines, Marot, I, 217. Ce qu'on appelle le giste ou arriere-faix, servant de lict et coussin, attendu que dedans iceluy l'enfant nage, Paré, XVIII, 5. Sortir de la giste [en parlant du lièvre], Fouilloux, Vénerie, f° 68, dans LACURNE. En pignons ou murs communs, pourra chacun rompre et percher, pour y massonner ou ancrer sommiers, gistes ou autres bois, Nouv. coust. gén. t. II, p. 1008.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, gîse ; bourguign. geite ; bas-latin, gistum ; du verbe gésir.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

GÎTE.
6Ajoutez :

Gîte se dit aussi, en général, d'une poutre de grenier. Les agents… arrivant jusqu'au grenier, trouvèrent l'assassin pendu à un gîte, les pieds touchant encore le sol [la scène se passe à Carvin, arrondissement de Béthune], Courrier du Pas-de-Calais, dans Gaz. des Trib. 16 juin 1876, p. 585, 4e col.

9En basse Bourgogne, le gîte, la table du pressoir sur laquelle on place le raisin à pressurer.