« giron », définition dans le dictionnaire Littré

giron

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

giron [1]

(ji-ron) s. m.
  • 1 Terme de blason. Triangle qui a une pointe longue faite comme une marche d'escalier à vis et qui finit au cœur de l'écu ; ainsi dit de l'acception primitive de giron, qui est pan coupé obliquement. S'il y a plusieurs girons, ils doivent être alternativement de métal et de couleur.
  • 2 Par extension du sens de pans de vêtement, l'espace qui s'étend de la ceinture aux genoux d'une personne assise. Les filles de Darius prisonnières étaient couchées dans le giron de leur grand'mère, Vaugelas, Q. C. III, dans le Dict. de RICHELET. Une femme de peu se présente à sa vue Avec un enfant mort couché dans son giron, Mairet, Soliman, I, 1. Une paysanne sur le giron de laquelle une petite fille est endormie, Diderot, Salon de 1765, Œuv. t. XIII, p. 217, dans POUGENS.

    Fig. De quelque adresse qu'au giron Ou de Phénix ou de Chiron Il [Achille] eût fait son apprentissage, Malherbe, IV, 5.

    Fig. Le giron de l'Église, la communion des fidèles. Staphyle ouvrit les yeux, et retourna au giron de l'Église catholique, Bossuet, Var. VIII, § 35.

    Dans un sens plus étendu. Rentrer dans le giron, revenir à une société, à un emploi qu'on avait quitté. Il a été longtemps éloigné de l'Université ; mais il vient de rentrer dans le giron.

  • 3 Terme d'architecture. La largeur de la marche d'un escalier, le lieu où l'on pose le pied, par assimilation de la coupe oblique d'une marche d'escalier avec le giron du blason. Ces marches ont tant de décimètres de giron.

    Giron droit, celui qui est contenu entre deux parallèles.

HISTORIQUE

XIIe s. Et riches trez [tentes] de soie à girons et à pans, Sax. V. S'or n'avoit ci de ta gent tel fuison, à ceste espée qui me pent au geron T'aprenderoie ici pesme lecon, Raoul de C. 156.

XIIIe s. Après lor gieux, en son giron Venus embracié le tenoit, la Rose, 15896. Lors garde entor lui, si cort prendre Des motes, tot plain son giron, Si li rue tot environ Et dessus le dos et encoste, Ren. 5933. Mès pauvres hons qui n'a avoir…, Ne siet à feu, ne siet à table, Ançois menjut sor son giron, ib. 10215. Tout en ourant [priant] l'herbe a cuellue, Ses grons en a la dame emplis, Du Cange, gyro. Et ainsi mena le roy jusques à Kasel, et le descendirent en une meson, et le coucherent ou giron d'une bourjoise de Paris aussi comme tout mort, Joinville, 239.

XVIe s. Prend le ballay, et tout à l'environ Va nettoyant la meule et le gyron, Du Bellay, J. VII, 3, verso. Au giron [sein] mesme de la jouissance, Montaigne, I, 10. Il estoit encore tout nud, au giron, et ne vivoit que des moyens de sa mere nourrice, Montaigne, IV, 17. Il ne se faut fier ni à femme ni à giron, Cotgrave Les deux premiers [forçats] qui manient le giron des rames joignantes l'espale s'appellent espaliers, qui sont ceux qui donnent la vogue au reste, I. Hobier, De la construction d'une galère et de son équipage, Paris, 1622, p. 6.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, gèron ; namur. juron ; picard, gron, giron, tablier ; prov. giro ; esp. giron ; port. girão ; ital. gherone, garone ; du germanique : moyen haut-allem. gêre : anc. frison, gare, pan, pointe d'habit ; holl. geere, bande coupée en biais ; pour lesquels Diez suppose un ancien haut-allem. gêro, acc. gêrum, d'où les formes romanes giron, gherone. Diez pense que les mots germaniques viennent de gêr, pointe de lance, à cause de la forme de ces pans de vêtement ; à l'appui de cette transition de sens, il cite dans le bas-latin pilum vestimenti ; à quoi Scheler ajoute sagittas, dit pour pans de vêtement, et synonyme de girones. Ainsi l'ordre des sens est : dans l'ancienne langue, pan oblique, signification hors d'usage aujourd'hui et conservée dans le blason ; puis, par extension, les pans d'habit devenant le vêtement depuis la ceinture jusqu'au genou, et prenant même l'acception de côté ; enfin la marche de l'escalier ainsi dite à cause de sa forme oblique.