« gravité », définition dans le dictionnaire Littré

gravité

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

gravité

(gra-vi-té) s. f.
  • 1Pesanteur. Le corps ne manque jamais de se situer de la manière la plus convenable pour se soutenir ; en sorte que les parties ont toujours un même centre de gravité, qu'on prend au juste, comme si on savait la mécanique, Bossuet, Connaiss. II, 13. La figure des corps ne change en rien leur gravité ; ce pouvoir de gravitation agit donc sur la nature interne des corps, et non en raison des superficies, Voltaire, Phil. Newt. III, 11.

    Centre de gravité, point d'un corps situé de telle façon qu'une force appliquée en ce point tiendra le corps en équilibre. De ta chute, ignorant, ne vois-tu pas les causes, Et qu'elle vient d'avoir du point fixe écarté Ce que nous appelons centre de gravité ? Molière, Femmes sav. III, 2.

  • 2 Fig. Qualité d'une personne grave, ou d'une chose grave. Je marquerais tel endroit de Bocace qui eût fait perdre la gravité à ***, Guez de Balzac, Liv. VI, lett. 4. …Le seigneur fait frapper de plus belle, Juge des coups et tient sa gravité, La Fontaine, Paysan. Le [un grave magistrat] voilà prêt à l'ouïr avec un respect exemplaire ; que le prédicateur vienne à paraître : si la nature lui a donné une voix enrouée et un tour de visage bizarre, que son barbier l'ait mal rasé… je parie la perte de la gravité de notre sénateur, Pascal, Pensées, art. III, 11, édit. LAHURE, 1860. Hérodote : Ne serait-il pas temps que ton ombre eût un peu de gravité ? - Lucien : Gravité, j'en suis las à force d'en avoir vu, Fénelon, Dial. des morts anc. 14. Aussi [à l'origine] les lois et la morale étaient-elles en vers ; sur ce pied-là, l'origine de la poésie est bien plus sérieuse que l'on ne croit d'ordinaire, et les muses sont bien sorties de leur première gravité, Fontenelle, Oracl. II, 5. Saint Ambroise, dans l'endroit même où il recommande que le discours d'un ecclésiastique soit pur, simple, clair, plein de poids et de gravité…, Rollin, Traité des Ét. IV, 2. Le duc de la Rochefoucauld a dit que la gravité est un mystère du corps, inventé pour cacher les défauts de l'esprit ; sans examiner si cette expression mystère du corps est naturelle et juste, il suffit de remarquer que la réflexion est vraie pour tous ceux qui affectent de la gravité, mais non pour ceux qui ont dans l'occasion une gravité convenable à la place qu'ils tiennent, au lieu où ils sont, aux matières qu'on traite, Voltaire, Dict. phil. Grave. Cette fausse gravité sous laquelle se cachent toujours la petitesse et l'ignorance, Voltaire, Mahomet, Lettre. La sévérité de leurs caractères et la gravité de leur maintien, Diderot, Salon de 1765, Œuv. t. XIII, p. 290, dans POUGENS.

    Qualité du style grave. Il y a de la gravité dans le style ; Tite Live, de Thou, ont écrit avec gravité, Voltaire, Dict. phil. Grave.

  • 3Importance. La gravité du sujet. La gravité des circonstances. Ces motifs ont beaucoup de gravité.
  • 4Caractère dangereux. La gravité d'une maladie, d'une blessure. Gravité d'une faute.
  • 5Il se dit d'un son par rapport aux sons plus élevés. La gravité d'un son. La gravité de la voix.

HISTORIQUE

XVIe s. Et pour toutes les gravités [griefs, difficultés] dont l'on m'a usé, a esté de me refuser de demourer en sa compaignie avecques troys femmes, Marguerite de Navarre, Lett. 47. Brennus s'esmerveilla fort, quand il veit ces hommes assis dedans leurs chaires en gravité, sans mot dire, Amyot, Cam. 40. Ce qu'est le mouvement au ciel qui tout dispose, La lumiere au soleil, au plomb la gravité, Desportes, Diane, II, 75.

-ÉTYM. Provenç. gravitat ; espagn. gravedad ; ital. gravità ; du lat. gravitatem, de gravis, grave 1.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

GRAVITÉ. Ajoutez : - REM. La force appliquée au centre de gravité pour le tenir en équilibre doit être verticale, car, si elle est oblique, il n'y aura pas équilibre ; et suffisante, car, si elle ne l'est pas, il n'y aura pas non plus équilibre. Ces deux conditions ne sont pas énoncées dans l'article. Aussi la définition complète du centre de gravité est : Point par lequel passe constamment la résultante des poids des molécules qui composent un corps quelle que soit la position donnée à ce corps ; il y a équilibre toutes les fois que la verticale du centre de gravité passe par le point d'appui ou de suspension.

HISTORIQUE

Ajoutez :

XIIe s. Johans, li honorables hom, en cest borc gardanz lo liu des provoz, nos savons de queile veriteit et de queile graviteit il est, li Dialoge Gregoire lo pape, 1876, p. 269.