« grenouille », définition dans le dictionnaire Littré

grenouille

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

grenouille

(gre-nou-ll', ll mouillées, et non gre-nou-ye) s. f.
  • 1Petit animal qui appartient aux reptiles batraciens de la famille des anoures ; il a quatre pattes ; l'espèce la plus commune vit dans les marais. Quand un pauvre esprit travaille beaucoup pour ne rien faire qui vaille… Dieu lui en donne une satisfaction personnelle qu'on ne peut lui envier sans une injustice plus que barbare ; c'est ainsi que Dieu, qui est juste, donne aux grenouilles de la satisfaction de leur chant, Garasse, dans PASC. Prov. IX. Aaron étendit sa main sur les eaux d'Égypte, et les grenouilles en sortirent et couvrirent l'Égypte de toutes parts, Sacy, Bible, Exode, VIII, 6. Une grenouille vit un bœuf Qui lui sembla de belle taille ; Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un œuf…, La Fontaine, Fab. I, 3. Il s'en alla passer sur le bord d'un étang ; Grenouilles aussitôt de sauter dans les ondes, Grenouilles de rentrer en leurs grottes profondes, La Fontaine, ib. II, 14. Les reines des étangs, grenouilles veux-je dire (Car que coûte-t-il d'appeler Les choses par noms honorables ?), La Fontaine, ib. XII, 24. Vos plaisirs nous coûtent la vie ; Rois, serons-nous toujours des grenouilles pour vous ? Lamotte, Fabl. III, 5. M. Roesel, qui a donné des preuves de sa sagacité et de ses rares talents dans sa magnifique histoire des grenouilles, Bonnet, Consid. corps organ. Œuvres, t. VI, p. 145.
  • 2 Terme d'imprimerie. Partie creuse placée sur la platine d'une presse recevant le pivot de la vis.
  • 3 Populairement. La grenouille, la tirelire, la somme d'argent qui a été mise en réserve par une association. Il a mangé la grenouille. Faire sauter la grenouille, dérober, escamoter cette somme d'argent. Alors ce monstre d'homme commence à me raconter comme quoi il a fait sauter la grenouille, Reybaud, Jérôme Paturot, I, 5.

    Il se dit très souvent, entre soldats, du prêt, de l'argent de l'ordinaire. Le fourrier a emporté la grenouille.

  • 4Nom populaire d'une affection qui, propre aux débardeurs, consiste en une altération du derme caractérisée par un ramollissement et des gerçures dans les parties qui sont habituellement en con tact avec l'eau.
  • 5Grenouille de mer ou grenouille pêcheuse, la baudroie.
  • 6 Terme de marine. Le dé qui sert de garniture au milieu des réas des poulies.

PROVERBES

Il n'y a pas de grenouille qui ne trouve son crapaud, c'est-à-dire si laide que soit une fille, elle trouve toujours un mari.

HISTORIQUE

XIIIe s. D'un estanc plain de reines, ou des reinoilles, Marie de France, Fable 26.

XIVe s. Renoulles : pour les prendre, aiez une ligne et un ameçon, Ménagier, II, 5.

XVe s. L'eau, qui nourrit la grenouille, Me refroidit trop les dents ; J'aime mieux qu'elle me mouille Par dehors que par dedans, Basselin, XLVI. Le breuvage à grenouille ne doit estre aux celliers, Basselin, XVIII.

XVIe s. On commença divers petits jeux, comme escorcher l'anguille, brider l'asne, prendre la grenouille, et autres, Yver, p. 615. Il a des grenouilles dans le ventre [son ventre fait du bruit], Oudin, Curios. fr.

ÉTYMOLOGIE

Franc-comtois, renoille ; picard et lorrain, guernouille ; bourg. renouille ; Berry, grenoille, guernoille ; provenç. granoilla, granolha ; ital. ranocchia ; du latin ranunculus ou ranuncula, diminutif de rana, grenouille. La forme primitive est ranouille ou renouille, qui existe encore dans plusieurs patois ; puis l'r a amené la prosthèse d'un g. Les formes tirées directement de rana se trouvent dans le picard et ailleurs : rane, raine, raigne.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

GRENOUILLE. Ajoutez :
7 Instrument d'écoliers, formé d'une coquille de noix, d'un morceau de parchemin et d'un crin de cheval, le tout tournant au bout d'un petit bâton et imitant le croassement de la grenouille, Journ. de Genève, 22 mars 1876, 3e page, 5e col.

ÉTYMOLOGIE

Ajoutez : On a d'autres exemples de la prosthèse du g devant r : grenabit pour regnabit, dans un texte du Xe siècle ; gregnariolus pour regariolus dans un texte du XIe siècle, BOUCHERIE, Revue des langues romanes, t. III, p. 143.