« grimper », définition dans le dictionnaire Littré

grimper

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

grimper

(grin-pé) v. n.
  • 1Gravir en s'aidant des pieds et des mains. Quand il fallut grimper, les uns se soulevaient, les autres se guindaient avec des cordes et des nœuds courants, Vaugelas, Q. C. VII, 11. Au bord de quelque bois sur un arbre je grimpe, Et, nouveau Jupiter, du haut de cet olympe Je foudroie à discrétion Un lapin qui n'y pensait guère, La Fontaine, Fabl. x, 15. C'est que le juste, sévère à lui-même et persécuteur de ses propres passions, se trouve encore persécuté par les injustes passions des autres, et ne peut pas même obtenir que le monde le laisse en repos dans ce sentier solitaire et rude où il grimpe plutôt qu'il ne marche, Bossuet, Reine d'Anglet. Voyez grimper sur ces roches Ces athlètes belliqueux, Boileau, Ode I. Les ennemis, qui craignaient d'être coupés, ont abandonné dans l'instant tout le chemin couvert, et, voyant dans leur ouvrage vingt de nos grenadiers qui avaient grimpé par un petit endroit où on ne pouvait monter qu'un à un, ils ont aussitôt battu la chamade, Racine, Lettre à Boileau, 24 juin 1692.

    Il se dit des animaux en un sens analogue. Elle [la marmotte] grimpe sur les arbres, elle monte entre deux parois de rochers, entre deux murailles voisines ; et c'est des marmottes, dit-on, que les Savoyards ont appris à grimper pour ramoner les cheminées, Buffon, Quadrup. t. III, p. 8.

    Fig. et familièrement. On dit d'un vin capiteux qu'il grimpe à la tête.

    Employé activement. Comme une chèvre en grimpant un rocher, Régnier, Sat. XVI. Xénophon ne jugea pas qu'il fût à propos de marcher en bataille, mais à la file, parce que les soldats ne pourraient garder leur rang à cause de l'inégalité du terrain, facile à grimper dans un endroit et difficile en un autre, ce qui leur ferait perdre courage, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. IV, p. 199, dans POUGENS.

  • 2S'élever en s'attachant aux corps voisins, en parlant des plantes. Cette vigne a grimpé jusqu'au premier étage.
  • 3En général, monter sur un lieu haut, sur quelque chose d'élevé, sans s'aider des pieds ni des mains. Coulanges a grimpé sur sa chaise, Sévigné, 582. Les uns courent deux cents lieues pour porter nos lettres ; les autres grimpent sur les toits de nos maisons, pour empêcher que nous ne soyons incommodés de la pluie, quelques-uns font bien pis, Sévigné, 431. Si vous couriez avec tant d'ardeur lorsqu'il fallait grimper par des précipices, il est hors de la vraisemblance que vous vous arrêtiez tout à coup quand vous aurez rencontré la plaine, Bossuet, Sermons, impénit. 2. Je le suis, nous grimpons à son cinquième étage, Montesquieu, Lett. pers. 45. On grimpe sur la cime des montagnes avec les malheureux qui s'y sont réfugiés, Diderot, Claude et Nér. II, 100. Cependant le bruit s'était répandu dans l'île que la fortune avait visité ces rochers ; on y vit grimper des marchands de toute espèce, Bernardin de Saint-Pierre, P. et Virg. Je grimpe derrière la voiture, Picard, Provinc. à Paris, III, 17.
  • 4Se grimper, v. réfl. Grimper. Le curé vit tout ce spectacle [la bataille] du haut de son clocher où il s'était grimpé, Saint-Simon, 12, 137.

    Fig. et familièrement. Il se grimpe, il affecte des sentiments, un langage élevé.

HISTORIQUE

XVIe s. Par picques et eschelles les uns montoient à mont, Et les autres gripoient par les chaines du pont, Marot, J. V, 121. Les bras longs et tortus du lierre grimpant, Ronsard, 804.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, griper, grimper ; Berry, grimper, saisir. On tire ordinairement ce mot du germanique : anc. h. allem. klimban, allem. mod. klimmen, gravir. Mais on trouve griper pour grimper, et grimper pour gripper ; il vaut donc mieux admettre que ce mot vient du hollandais grippen, saisir, autre forme de l'allemand greifen, saisir (voy. GRIFFER) : on s'accroche pour grimper.