« hâter », définition dans le dictionnaire Littré

hâter

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

hâter

(hâ-té) v. a.
  • 1Rendre plus rapide, plus prompt, plus prochain. Hâter les progrès des arts. Et pour avancer tout, hâte cet entretien, Corneille, Nicom. I, 4. Le fils d'Agamemnon vient hâter son supplice [d'un enfant], Racine, Andr. I, 4. Quand je devrais du ciel hâter l'arrêt fatal, Racine, Brit. III, 4. J'écrivis en Argos pour hâter ce voyage, Racine, Iphig. I, 1. Vous hâterez cet avenir par vos désirs, Massillon, Carême, Avenir. Des assassins trop lents il veut hâter les coups, Voltaire, Henr. II. Je hâte de mes vœux et voudrais différer L'instant que mon amour doit craindre et désirer, Delavigne, Paria, IV, 1.

    Hâter le pas, marcher plus rapidement.

    Terme de chasse. Le cerf hâte son erre, le cerf fuit très vite.

    Absolument. Il faut hâter, car il faut qu'elles [des religieuses] aient pour cela plusieurs années de profession, Pascal, Lett. 6 juin 1653.

    Terme de manége. Hâtez ! expression dont l'écuyer se sert pour avertir l'élève qui fait des voltes que son cheval se ralentit.

  • 2 Terme de jardinage. Favoriser le développement des fleurs ou des fruits d'une plante sans lui nuire.

    Hâter les fruits, en avancer la maturité.

  • 3Faire dépêcher. Hâter la besogne, le dîner. En arrêter le cours [de la vie d'un vieillard] Ne serait que hâter la parque de trois jours, Corneille, Cid, I, 7. Je te hâterai bien si je prends un bâton, Scarron, Jodelet, III, 3. Que l'on coure avertir et hâter la princesse, Racine, Théb. I, 1.

    Il se dit avec de et un infinitif. Hâte-le de subir cette juste ordonnance, Tristan, Mort de Chrispe, V, 8. Hâtez à votre gré ce secours de descendre, Corneille, Toison d'or, V, 3.

    Fig. On l'a bien hâté d'aller, on lui a fait une rude réprimande, on l'a corrigé. Le cocher, qui n'était pas satisfait d'un seul coup de fouet, le hâta d'aller de plusieurs autres, Scarron, Rom. com. II, 15.

    Fig. Hâter d'aller signifie aussi faire mourir plus vite. Il était fort malade ; ce chagrin l'a hâté d'aller.

  • 4Se hâter, v. réfl. Faire diligence. Il [Dieu] a fait ce que dit le Sage : il s'est hâté ; en effet, quelle diligence ! en neuf heures l'ouvrage est accompli ; il s'est hâté de la tirer [Madame] du milieu des iniquités, Bossuet, Duch. d'Orl. Elle se hâte trop. Burrhus, de triompher, Racine, Brit. IV, 3. Hâtons-nous l'un et l'autre D'assurer à la fois mon bonheur et le vôtre, Racine, Bajaz. II, 1. Hâtons-nous aujourd'hui de jouir de la vie ; Qui sait si nous serons demain ? Racine, Ath. II, 9.

    Sans complément verbal. Alors que je les mande, ils doivent se hâter, Corneille, Attila, I, 1. Je me suis hâté et j'ai crié de bonne heure, parce que j'ai beaucoup espéré en vos promesses, Sacy, Bible, Ps. CXVIII, 147. …Il laisse la tortue Aller son train de sénateur ; Elle part, elle s'évertue, Elle se hâte avec lenteur, La Fontaine, Fabl. VI, 10. Moitié secours des dieux, moitié peur, se hâtant, Sur un mont assez proche enfin ils arrivèrent, La Fontaine, Phil. et Baucis. Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage, Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, Boileau, Art p. I. Aimons donc, ai mons donc ! de l'heure fugitive Hâtons-nous, jouissons ; L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive, Il coule et nous passons, Lamartine, Méd. I, 13.

SYNONYME

HÂTER, ACCÉLÉRER. Ces deux mots ne sont synonymes que dans des locutions de ce genre : hâter le pas, accélérer le pas ; hâter le développement, accélérer le développement. Tous deux signifient rendre plus rapide, faire aller plus vite ; il ne paraît y avoir aucune différence de sens ; la seule différence est dans l'emploi, accélérer étant un verbe plus récent et ayant quelque chose de technique.

HISTORIQUE

XIe s. [Il] Met sei sur pied et de courre se haste, Ch. de Rol. CLXVI.

XIIe s. Oliviers voit la mort le va hastant, Ronc. p. 92. Je prierai à Deu qu'il se hast del vengier Les mals e les injuries e le grant reprovier Que tu e li tuen funt…, Th. le mart. 76. Ainz tierce l'endemain l'ala treis feiz haster Li messagiers le rei, rova le à curt aler, ib. 49.

XIIIe s. Dont pristrent conseil qu'il envoieroient à l'encontre du conte Looys de Blois et de Chartain pour lui haster et crier merci, Villehardouin, XXXII. Mandez lui qu'à moi [il] vienne ; hastez que on le quiere, Berte, XI. Car forment le hastoit [il avoit hâte] de la chose achever, ib. XVII. Or donc, hastés que vous ne soyez pierchute [aperçue], Chr. de Rains, p. 6. Ha solaus, por Diex, car te heste, Ne sejorne, ne ne t'areste, la Rose, 2513. Et le [la] cortoisie qu'il pot fere en justichant à celi qui est ses amis, si est de li haster son droit, se il a droit, Beaumanoir, 33.

XVe s. La tierce bataille s'en alla droit au comte de Haynaut, et l'eurent aussi presque surprins, et le hasterent de si près, qu'à peine peurent estre ses gens armez, Froissart, I, I, 49. Et s'en revint en la salle pour haster le diner, Froissart, I, I, 167. Tant se sont combatus qu'il n'y a celluy qui ne soit las et travaillé ; le chevalier a si grant chault que à peu qu'il ne meurt d'angoisse ; car Hector le haste si durement qu'il luy convient perdre la place, Lancelot du lac, t. II, f° 54, dans LACURNE.

XVIe s. La pluspart des philosophes ont ou prevenu par desseing, ou hasté et secouru leur mort, Montaigne, I, 295. Haster son pas, Montaigne, II, 105. Il [Jupiter] me [moi Mercure] haste si fort, et me donne tant de choses à faire à ung coup, que j'oublie l'une pour l'autre, Despériers, Cymbal. 74. Elle tira longuement aux traicts de la mort, jusques à ce que, Bacchilides la hastant d'achever, elle mesme finablement s'estouffa, Amyot, Lucull. 32. Qui trop se haste en cheminant, en beau chemin se fourvoye souvent, Cotgrave Plus je me haste, plus je me gaste, Génin, Récréat. t. II, p. 248.

ÉTYMOLOGIE

Hâte 1 ; wall. hâster.