« hésiter », définition dans le dictionnaire Littré

hésiter

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

hésiter

(é-zi-té) v. n.
  • 1S'arrêter incertain au sujet de. Il hésitait entre le désir et la honte, Vaugelas, Q. C. X, 6. La plupart des gens sur cette question n'hésitent pas beaucoup, Molière, Bourg. gent. III, 12. Elle flotte, elle hésite, en un mot elle est femme, Racine, Athal. III, 3. Mon époux, inflexible en sa fidélité, N'a vu que son devoir et n'a point hésité, Voltaire, Orphel. III, 3. Vous ne sauriez croire à quel point j'ai été affligé que vous ayez pu hésiter sur mes sentiments pour vous, que j'ai manifestés dans toutes les occasions de ma vie, Voltaire, Voisenon, 10 oct. 1774. Il y eut des endroits où il fallut franchir de larges crevasses et sauter d'une glace à l'autre, au risque de tomber entre deux et de disparaître pour jamais ; les premiers hésitèrent, mais on leur cria par derrière de se hâter, Ségur, Hist. de Nap. X, 9. Ce pamphlétaire [P. L. Courier], qui ne se gênait d'aucune vérité périlleuse à dire, hésitait sur un mot, sur une virgule, se montrait timide à toute façon de parler qui n'était pas de la langue de ses auteurs, Carrel, Œuvres, t. V, p. 211.

    Hésiter à, avec l'infinitif. Et dont mon cœur hésite à lui parler, Voltaire, M. de César, I, 1. Il n'hésita pas à favoriser son évasion au risque de s'en faire un dangereux ennemi, Rousseau, Ém. IV.

    Hésiter de, avec un infinitif. Hésiter d'obéir, tarder à obéir, remettre à obéir, c'est faire l'œuvre de Dieu avec négligence, Bourdaloue, Exhort. sur l'obéiss. relig. Ils n'hésitent pas de critiquer des choses qui sont parfaites, La Bruyère, XI. Je n'ai pas hésité de vous soumettre mes doutes sur cette matière, Voltaire, Lett. roi de Prusse, 25.

    Avec un infinitif, on dit habituellement hésiter à ; mais hésiter de est correct aussi.

    Sans hésiter, sans la moindre tergiversation. Dans ce grand naufrage, l'armée, comme un vaisseau battu par la plus horrible tempête, jetait, sans hésiter, à cette mer de neige et de glace tout ce qui pouvait appesantir ou retarder sa marche, Ségur, Hist. de Nap. IX, 12.

  • 2 Particulièrement. Ne pas trouver facilement ce qu'on veut dire. Si est-ce que, hésitant, tremblant, il ne dit que bien peu ce qu'il avait prémédité, Vaugelas, Q. C. VII, 1. Le nouveau Cicéron tremblant, décoloré, Cherche en vain son discours sur sa langue égaré ; …Il hésite, il bégaie…, Boileau, Lutr. VI.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

REMARQUE

L'h était aspirée dans le XVIe siècle comme on voit par Montaigne au mot HÉSITATION ; et Corneille l'a encore aspirée : Ne hésiter jamais et rougir encor moins, Ment. III, 4. Sur quoi Voltaire remarque « Ne hé est dur, on ne fait plus de difficulté de dire aujourd'hui, j'hésite, je n'hésite plus. » Il n'y avait point de dureté à aspirer l'h de ce verbe ; mais le fait est que l'usage en a changé la prononciation.

ÉTYMOLOGIE

Lat. hæsitare, fréquentatif de hærere, être attaché, adhérent.