« haras », définition dans le dictionnaire Littré

haras

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haras [1]

(ha-râ ; l's se lie ; un ha-râ-z agrandi) s. m.
  • 1Lieu où l'on loge des étalons et des juments pour élever des poulains. Il y avait plusieurs haras en Perse et en Médie ; mais dans cette dernière province ceux du lieu nommé Nisée étaient les plus renommés, et c'était de là qu'était fournie l'écurie du roi, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. II, p. 404, dans POUGENS. Les chevaux arabes ont peuplé l'Égypte, la Turquie et peut-être la Perse, où il y avait autrefois des haras très considérables, Buffon, Quadrup. t. I, p. 109.
  • 2 Particulièrement. Établissement dans lequel sont entretenus les reproducteurs de l'espèce chevaline pour la multiplication et l'amélioration. Il ne faut pas oublier l'établissement des haras en 1667 ; ils étaient absolument abandonnés auparavant, Voltaire, Louis XIV, 29.

    Haras sauvages, haras qu'on voit en Pologne et en Russie, et qui sont composés communément d'un millier de chevaux de tout âge, de tout sexe, poussés, pendant toute l'année, de pâturage en pâturage par leurs conducteurs.

    Haras demi-sauvages, haras où les animaux sont abandonnés à eux-mêmes pendant une partie de l'année, mais où l'homme intervient par divers soins.

    Haras parqués, haras qui seuls méritent ce nom et où tout est disposé pour la production et l'amélioration.

    Haras d'amélioration, ou de tête, ou de pépinière, ou de souche, ceux dans lesquels on ne trouve que des reproducteurs d'élite et susceptibles d'améliorer l'espèce.

    Haras de production, ceux où l'on a surtout pour but la multiplication, la reproduction.

    Haras de mulet, lieu où on fait des croisements d'ânes et de juments.

  • 3Les étalons et les cavales, renfermés dans le haras. Tout le haras prit peur.
  • 4 Au plur. L'administration des haras. Il est employé aux haras.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et li comte, et li duc, et li baron, et li abbé, et tout li autre grant homme qui ont pasture suffisant, tiegnent haraz de jumenz de six ou de quatre au mains [moins], Bibl. des ch. 3° série, t. v, p. 180.

XIVe s. Il s'en print à aler et à mener autre part son farat [troupeau, haras ?], Bercheure, f° 9.

XVIe s. Les meridionaux meurent de jalousie, à cause de quoy ils ont les eunuques gardiens de leurs femmes, que les grands seigneurs ont en grand nombre comme des haras, Charron, Sagesse, I, 44. Il a toujours bien faict en sa charge ; aussi estoit il de très bon haras [race], Brantôme, J. A. Doria. Deux beaux jeunes poulains du haras de l'abbaye, Des Accords, Bigarr. des entends-trois. J'ai chassé au haras un vieux cheval du quel, à la senteur des juments, on ne pouvoit venir à bout, Montaigne, III, 3.

ÉTYMOLOGIE

Bas-lat. haracium. Il y a dans le latin hara, toit à porcs, et dans le bas-latin hara cunicularia, garenne à lapins ; la signification ne convient guère. Diez rejette l'anc. h. allem. hari, troupe, parce que la signification en est trop générale, et qu'il aurait donné harias et non haras ; mais il signale comme bien plus approprié l'arabe faras, cheval, dit collectivement (comme, dans le provençal moderne, ego, qui signifie proprement cavale, se dit collectivement pour haras). Toutefois il s'objecte à lui-même que, pour justifier cette étymologie, il faudrait ou, dans le français, faras, ou, dans le bas-latin, faracium. Voilà maintenant farat trouvé dans Bercheure (voy. l'historique) ; la conjecture de Diez devient donc tout à fait vraisemblable ; d'autant plus que l'arabe faras a pénétré dans l'Occident de différents côtés : espagn. alfaraz, cheval de la cavalerie maure ; bas-grec φάρας, cheval de race ; bas-latin, farius, même sens, et très probablement l'anc. français auferant, coursier.