« honorable », définition dans le dictionnaire Littré

honorable

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

honorable

(o-no-ra-bl') adj.
  • 1Qui attire de l'honneur et du respect, en parlant des choses. Un destin favorable M'offrait en ce danger un sujet honorable D'acquérir, par ma perte, un triomphe à ma foi, Malherbe, I, 4. J'y vois de vos vertus les preuves honorables ; J'y vois la haute estime où sont vos grands exploits, Corneille, D. Sanche, I, 3. Les reines des étangs, grenouilles veux-je dire, Car que coûte-t-il d'appeler Les choses par noms honorables ? La Fontaine, Fabl. XII, 24. J'oserais quasi assurer que c'est quelque mauvais démon qui, voulant rendre la pauvreté tout à fait insupportable, a trouvé le moyen d'attacher aux richesses tout ce qu'il y a d'honorable et de plaisant, Bossuet, Panég. St Franç. d'Assise, 1. Et ces noms, ces respects, ces applaudissements Deviennent pour Titus autant d'engagements Qui, le liant, seigneur, d'une honorable chaîne… Fixent dans son devoir ses vœux irrésolus, Racine, Bérén. V, 2. Souffrez, si quelque monstre a pu vous échapper, Que j'apporte à vos pieds sa dépouille honorable, Racine, Phèdre, III, 5. [Un ambassadeur] Ce n'est qu'un ennemi sous un titre honorable, Voltaire, Brutus, I, 1. C'est la mollesse qui s'épouvante et n'ose faire l'échange de son repos contre des périls honorables, Raynal, Hist. phil. XVIII, 41.

    Terme d'architecture. Colonne honorable, colonne élevée en l'honneur d'un homme illustre.

    Terme de blason. Pièces honorables de l'écu, les pièces principales et ordinaires qui, en leur juste étendue, peuvent occuper le tiers du champ.

  • 2Digne d'estime, qui mérite d'être honoré, en parlant des personnes. De la main de ton père un coup irréparable Déshonorait du mien la vieillesse honorable, Corneille, Cid, III, 4 (dans les variantes) La sage et honorable vieillesse de Mme Yolande, Bossuet, Yol. de Monterby. Mais nous autres faiseurs de livres et d'écrits, Sur les bords du Permesse aux louanges nourris, Nous ne saurions briser nos fers et nos entraves, Du lecteur dédaigneux honorables esclaves, Boileau, Ép. VI. À toute l'honorable compagnie présente et à venir, salut, Dancourt, la Folle enchère, sc. 22. Sur ce pied-là ce n'est pas grand'chose que d'être honoré, puisque cela ne signifie pas qu'on soit honorable, Marivaux, Double inconst. I, 10. Je ne suis née moi-même que de parents honorables et non pas connus, Marivaux, Pays. parv. 2e part.
  • 3Qui vit noblement, grandement. C'est un homme fort honorable.

    On dit de même : Il tient une maison honorable ; il fait les choses d'une manière honorable.

  • 4Honorable homme, qualité que les simples bourgeois prenaient autrefois dans les actes publics.

    Honorable est aujourd'hui un terme de politesse qui se dit d'un membre de la chambre des communes d'Angleterre, ou de la chambre des députés de France. L'honorable M. N. L'honorable préopinant.

    S. m. C'est un de nos honorables.

  • 5Amende honorable, peine infamante, consistant en ce que le bourreau conduit en de certains lieux un criminel nu en chemise, la corde au cou et une torche ardente à la main, pour y confesser son crime et en faire réparation. Faire amende honorable.

    Par extension. Amende honorable, espèce de réparation d'honneur qu'on fait à quelqu'un, quand on reconnaît qu'on a eu tort à son égard.

    Fig. Faire amende honorable, rétracter une erreur, une parole légère, inconvenante.

HISTORIQUE

XIIe s. E honurable le num de els devant lui, Liber psalm. p. 94. Alez à Chartres, à Paris l'enorable ; Lessiez li Rome, qui est ses heritages, li Coronemens Looys, v. 2395.

XIIIe s. Bele estiés et honerable, Et as besoigneus secourable, Fl. et Bl. 741.

XIVe s. Donques s'ensuit il que il est en nostre volenté et posté estre honorables et bons ou malvais et vicieux, Oresme, Eth. 71.

XVe s. Il qui estoit moult honorable, jeune et desirant d'aquerir honneur et prix, Froissart, I, I, 13. Et y estoye [je] honorablement receu, car les Anglois sont fort honorables, Commines, III, 6.

XVIe s. Titus n'en rapportera [de la mort d'Annibal] jà victoire qui luy soit gueres honorable ny digne des anciens Romains, Amyot, Flam. 41. Encores ne coustera-il rien de nommer les choses pour noms honorables, D'Aubigné, Faen. I, 1. Cela lui estant assuré avec honorable et bonne recompense, D'Aubigné, Vie, VII. J'ay autrefois veu feu monsieur d'Eguilli, et le chevalier de Puygreffier, honnorables vieillards, demourer l'espace d'un long jour armez de toutes pieces, Lanoue, 286. La mort en bien aimant est tousjours honorable, Desportes, Diane, I, 69.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. honorable, honrable, ondrable ; espagn. honorable ; ital. onorevole ; du latin honorabilis, de honorare, honorer.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

HONORABLE. Ajoutez : - REM. Il est dit au n° 3 qu'être honorable, c'est vivre noblement, grandement. Mais il n'est pas nécessaire de vivre noblement, grandement pour être honorable ; il suffit d'avoir un genre de vie qui fasse honneur à la condition, quelle qu'elle soit. L'abbé [le frère de Diderot] aime la compagnie telle quelle et la table ; ma sœur se plaît avec peu de monde et veut être honorable à propos et sans profusion, Diderot, Lett. à Mlle Volland, éd. Assézat, t. XVIII, p. 373.