« incident », définition dans le dictionnaire Littré

incident

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

incident [1]

(in-si-dan) s. m.
  • 1Événement qui survient dans le cours d'une entreprise, d'une affaire. Nous allons régaler, mon père, votre abord D'un incident tout frais, qui vous surprendra fort, Molière, Tart. VI, 5. Il arriva un incident qui fit remettre le jugement, Pascal, Prov. VI. Comme un seul incident suffit au génie pour montrer toute la désolation d'une ville, Diderot, Salon de 1765, Œuv. t. XIII, p. 29, dans POUGENS.
  • 2Événement accessoire qui survient dans le cours de l'action principale d'un roman, d'une pièce de théâtre. N'offrez point un sujet d'incidents trop chargé, Boileau, Art p. III. [Dans une pièce de théâtre] les incidents ne sont un mérite que quand ils sont naturels, Voltaire, Lett. la Harpe, déc. 1763. Une intrigue nette et facile à nouer et à dénouer ; des caractères simples ; des incidents qui naissent d'eux-mêmes ; des tableaux variés, Marmontel, Élém. litt. Œuv. t. IX, p. 50, dans POUGENS.
  • 3 Terme de pratique. Difficulté, contestation accessoire qui naît, qui survient pendant l'instruction de la cause principale. On videra cet incident avec le principal. Si on me paye bien, je ne ferai point d'incident et laisserai les choses comme elles sont, Sévigné, à Mme de Guitaut, 18 janv. 1694. M. Fouquet a répondu : Monsieur, je ne prétends point par là faire un incident nouveau, Sévigné, à Pompone, 18 nov. 1664. Ils eurent recours à M. de Lamoignon comme à un homme incorruptible qui prendrait le parti des faibles contre les puissants, et qui débrouillerait ce chaos d'incidents et de procédures dont on avait enveloppé leur cause, Fléchier, Lamoign.

    Par extension. Je ne vois rien dans le monde qui soit plus à charge à l'Église que ces esprits vainement subtils qui réduisent tout l'Évangile en problèmes, qui forment des incidents sur l'exécution de ses préceptes, qui fatiguent les casuistes par des consultations infinies, Bossuet, Cornet.

    Faux incident, voy. FAUX 1.

    Incident de lettres, production, dans un procès déjà instruit, de lettres obtenues en chancellerie.

  • 4 Fig. Dans le langage ordinaire, difficulté qu'une personne élève dans une dispute, au jeu, dans une affaire. C'est un mauvais joueur, il fait à tout coup des incidents. Il trouve que, pourvu qu'on ne cède pas comme un sot, on fait sa cour de ne point faire d'incidents, parce qu'ils interrompent le service et l'unique but qu'on doit avoir, qui est d'aller au bien, Sévigné, 18 déc. 1675.

    Objection. L'axiome commun : Je pense, donc je suis, ou, je suis pensant, contre lequel je ne crois pas qu'on puisse raisonnablement former d'incident, Boullainvilliers, Réfut. de Spinosa, p. 3.

HISTORIQUE

XVe s. À ceux convient cent fois le jour plaidier, Et en plaidant prennent un incident Pour la paye longuement delayer [retarder], Deschamps, Poésies mss. f° 215. L'un meurt par un cas d'accident, L'autre meurt par un incident De mangier chose qui lui nuit, Deschamps, Miroir de mariage, p. 100.

XVIe s. Il est des ouvrages en Plutarque où il oublie son theme, où le propos de leur argument ne se trouve que par incident, tout estouffé en matiere estrangiere, Montaigne, IV, 136. Pour l'interest de Caton, et, par incident, pour le leur aussi, Montaigne, I, 266. À propos de ce brave Donné si faut-il que je fasse ce petit incident, Brantôme, Cap. fr. t. III, p. 41.

ÉTYMOLOGIE

Incident 2.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. INCIDENT. - HIST. Ajoutez :

XIVe s. Il estoit venu un incident de maladie…, Bibl. des ch. 1874, XXXV, p. 489.