« incompréhensible », définition dans le dictionnaire Littré

incompréhensible

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incompréhensible

(in-kon-pré-an-si-bl') adj.
  • 1Qui ne peut être compris. Sachant que ma nature est extrêmement faible et limitée et que celle de Dieu au contraire est immense, incompréhensible et infinie, Descartes, Médit. IV, 5. C'est lui [Dieu] qui fait de grandes choses, qui en fait d'incompréhensibles et de miraculeuses qui sont sans nombre, Sacy, Bible, Job, IX, 10. Jusqu'à ce qu'il [l'homme] comprenne qu'il est un monstre incompréhensible, Pascal, dans COUSIN. Tout ce qui est incompréhensible ne laisse pas d'être, Pascal, Pensées, art. XII, 9, édit. HAVET. Incompréhensible que Dieu soit, et incompréhensible qu'il ne soit pas ; que l'âme soit avec le corps, et que nous n'ayons pas d'âme…, Pascal, ib. XXIV, 97. Pour ne vouloir pas croire des mystères incompréhensibles, ils [les incrédules] suivent, l'une après l'autre, d'incompréhensibles erreurs, Bossuet, Anne de Gonz. Dieu a mis en nous… quelque chose qui peut se soumettre à sa souveraine puissance, s'abandonner à sa haute et incompréhensible sagesse…, Bossuet, Duch. d'Orl. Saint Paul avait bien appelé le corps humain ressuscité un corps spirituel à cause des qualités divines, surnaturelles et supérieures aux sens dont il était revêtu ; à plus forte raison le corps du Sauveur mis dans l'eucharistie d'une manière si fort incompréhensible pouvait-il être appelé de ce nom, Bossuet, Var. IV, § 7. Cette félicité incompréhensible dont jouiront les saints dans le ciel, Bourdaloue, Sur la récomp. des saints, 1er avent, p. 28. J'abuserais trop de ma faible raison, si je cherchais à comprendre pleinement l'être qui par sa nature et par la mienne doit m'être incompréhensible, Voltaire, 1re homél. athéisme.

    Substantivement. Pourquoi former des êtres sensibles et malheureux ? pourquoi le mal moral et le mal physique ? de quelque côté que je tourne mon esprit, je ne vois que l'incompréhensible, Voltaire, Dial. 7.

  • 2Dans une acception moins rigoureuse. Qui est très difficile à comprendre. Il a un procédé qui m'est entièrement incompréhensible, Sévigné, 584.
  • 3Il se dit d'une personne dont on ne peut s'expliquer le caractère, la conduite. Rabelais surtout est incompréhensible : son livre est une énigme, La Bruyère, I.

SYNONYME

ININTELLIGIBLE, INCOMPRÉHENSIBLE. Ce qui est inintelligible, l'est par un vice qui est dans la chose, ce qui est incompréhensible l'est par une faiblesse de notre esprit qui ne peut pas y atteindre ; cette différence est clairement indiquée dans l'exemple suivant : Ce mot inintelligible renferme beaucoup de venin : on dit d'une chose obscure et respectable, des mystères de la religion par exemple, qu'ils sont incompréhensibles, mais un homme religieux ne dira point qu'ils sont inintelligibles, Voltaire, Facéties, la Prière universelle, 2.

HISTORIQUE

XIVe s. Il [Dieu] crea en homme membres consemblables de proporcions incomprehensibles à entendement, Lanfranc, f° 1.

XVIe s. Cette incomprehensible puissance de la divinité, Montaigne, II, 252. Faisants estat… de veoir dans les secrets de la volonté divine les motifs incomprehensibles de ses œuvres, Montaigne, I, 248.

ÉTYMOLOGIE

Lat. incomprehensibilis, de in… 1, et comprehensibilis, compréhensible.