« infaillible », définition dans le dictionnaire Littré

infaillible

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infaillible

(in-fa-lli-bl', ll mouillées, et non in-fa-yi-bl') adj.
  • 1Qui ne peut faillir, manquer d'arriver. Mon entreprise est sûre et sa perte infaillible, Corneille, Nicom. I, 5. Calchas, par tous les Grecs consulté chaque jour, Leur a prédit des vents l'infaillible retour, Racine, Iph. I, 3. Une esclave attachée à ses seuls intérêts… Qui m'offre ou son hymen ou la mort infaillible, Racine, Bajaz. II, 5. A-t-elle de son cœur quelque gage infaillible ? Racine, ib. III, 1. Misérable, tu cours à la perte infaillible, Racine, Phèdre, IV, 3.

    Une recette, un secret, un remède infaillible, recette, procédé, remède qui ne manque jamais de réussir. Et je sais de mes maux l'infaillible remède, Molière, Tart. II, 3.

  • 2Qui ne peut faillir, se tromper. L'armée est belle et bonne, et, s'il y manque quelque chose, ce n'est qu'une seule [un bon chef, Luxembourg venait d'en être nommé général par le roi] dont je n'oserai dire mon avis par la bonne opinion et le respect que j'ai pour le choix du roi, que je tiens pour plus infaillible que le pape, Lett. de Luxembourg à Louvois, dans Revue des Deux Mondes, 1er fév. 1862, p. 630. Et nous ne savons par où excuser cette prudence présomptueuse qui se croyait infaillible, Bossuet, Reine d'Anglet. Cet organe des dieux est-il donc infaillible ? Voltaire, Œd. IV, 1. Je m'embarrasse fort peu du jugement qu'on rendra [dans l'affaire des Calas] ; car l'Europe a déjà jugé, et je ne connais de tribunal infaillible que celui des honnêtes gens de différents pays, qui pensent de même, Voltaire, Lett. d'Alemb. 4 févr. 1763.

    Particulièrement, chez les catholiques, qui ne peut errer dans les matières de foi. L'Église est infaillible. Et encore de nos jours le célèbre André Duval, docteur de Sorbonne, à qui les ultramontains s'étaient remis de la défense de leur cause, a décidé que la doctrine qui nie le pape infaillible n'est pas absolument contre la foi, et que celle qui met le concile au-dessus du pape ne peut être notée d'aucune censure ni d'hérésie, ni d'erreur, ni même de témérité, Bossuet, Var. XV, 165.

  • 3Qui ne peut commettre de mauvaise action. Cependant moi qu'environnaient les occasions de faillir, je n'étais rien moins qu'infaillible, Marmontel, Mém. IV.

HISTORIQUE

XIVe s. Mais la matiere de quoi j'euvre, Est infaillible à toute espreuve, Quelque feu ardent que ce soit, Nat. à l'alch. err. 762.

XVe s. Dieu par amour et union s'entretient infaillible et inremuable, Chastelain, Exp. sur verité mal prise.

XVIe s. La philosophie a bien armé l'homme, pour la souffrance, ou de patience, ou, si elle couste trop à trouver, d'une desfaicte infaillible, en se desrobbant tout à faict du sentiment, Montaigne, II, 301.

ÉTYMOLOGIE

In… 1, et faillible ; lat. infallibilis (QUICHERAT, Addenda), de in… 1, et fallere (voy. FAILLIR).