« inquisition », définition dans le dictionnaire Littré

inquisition

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inquisition

(in-ki-zi-sion ; en vers, de cinq syllabes) s. f.
  • 1Recherche, enquête. Faire une inquisition sommaire du jour et du vrai temps de la mort d'une personne, Patru, Plaidoyer 14, dans RICHELET.
  • 2Recherche, perquisition rigoureuse où il se mêle de l'arbitraire. Le P. Malebranche a le chagrin que ses livres ne peuvent plus entrer en France, et qu'à cause de cela personne ne les veut imprimer en ce pays [la Hollande] ; l'inquisition est devenue effroyable en France contre les bons livres, Bayle, Lett. à Lenfant, 21 juin 1686. Le magistrat porte une inquisition sur un genre d'action où elle n'est pas nécessaire, Montesquieu, Esp. XII, 4. S'il y avait eu une inquisition littéraire à Rome, nous n'aurions aujourd'hui ni Horace, ni Juvénal, ni les œuvres philosophiques de Cicéron, Voltaire, Mél. litt. à un premier commis.
  • 3Juridiction ecclésiastique érigée par le saint-siége en Italie, en Espagne, en Portugal, et plus tard aux Indes même, pour rechercher et extirper les hérétiques, les juifs et les infidèles. En Espagne ils [les ministres ignorants] voudraient donner liberté de conscience ; en France ils voudraient introduire l'inquisition, Guez de Balzac, De la cour, 2e disc. De quel attentat était-il accusé, pour qu'on le mît à l'inquisition ? Hamilton, Gramm. 8. Nous devons au Code des Wisigoths toutes les maximes, tous les principes et toutes les vues de l'inquisition d'aujourd'hui, Montesquieu, Espr. XXVIII, 1. L'inquisition fut adoptée par le comte de Toulouse en 1229 et confiée aux dominicains par le pape Grégoire IX en 1233 ; Innocent IV en 1251 l'établit dans toute l'Italie excepté à Naples, Voltaire, Dict. phil. Inquisition. L'inquisition vient d'être anéantie en Espagne ; il n'en reste plus que le nom ; c'est un serpent dont on a empaillé la peau, Voltaire, Lett. Audibert, 9 mars 1770.
  • 4Inquisition de l'État, tribunal secret et d'un pouvoir illimité, dans l'ancienne république de Venise.

HISTORIQUE

XIIIe s. U [au] tens de l'inquisicion de cest miracle, en l'an mil deux cens quatre vinz et deux, Miracles St Loys, p. 153. Et feroient inquisition de sen [son] afaire par tout là ù il cuideroient savoir la verité, Tailliar, Recueil, p. 148. Li evesques et li prelaz dou leu [du lieu] devent faire l'inquisition de la loi sor li, et demander li de la foi, Liv. de jostice, 12.

XIVe s. Celui est bon conseillier qui scet conjetturer et trouver selon inquisition de raison le plus très grant bien des choses ouvrables, Oresme, Eth. 179.

XVIe s. Je me treuve plus par rencontre que par l'inquisition de mon jugement, Montaigne, I, 42. Cette proposition le meit et teint longtemps en grand accessoire à l'inquisition de Rome, Montaigne, I, 161. L'inquisition d'Espagne, la quelle a esté jugée si inique de toutes les autres nations, qu'il n'en y a pas une qui l'ait voulu accepter, Condé, Mém. p. 676.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. inquisicio ; espagn. inquisicion ; ital. inquizione ; du latin inquisitionem (voy. INQUISITEUR).