« liard.2 », définition dans le dictionnaire Littré

liard

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liard [2]

(liar ; le d ne se prononce et ne se lie jamais ; au pluriel, l's ne se lie pas : des liar amassés ; cependant quelques-uns la lient : des liar-z amassés) s. m.
  • 1Petite monnaie de cuivre qui valait trois deniers, le quart d'un sou, et un peu plus qu'un centime. Ils [les paysans révoltés de la Sologne] demandent deux choses, savoir qu'on leur rabatte quelque chose de la taille, et que les liards aient un cours libre dans les payements qu'ils auront à faire, Patin, Lettres, t. II, p. 398. Parmi les tas de blé vivre de seigle et d'orge ; De peur de perdre un liard souffrir qu'on vous égorge, Boileau, Sat. VIII. Être amoureux et ne l'être pas, ma foi, je donnerais le choix pour un liard, Marivaux, Surpr. de l'amour, II, 5. Quelle foule d'idées et d'images ! avec une petite lime de deux liards, que tout cet or là serait parfaitement travaillé ! vous créez et je ne sais plus que raboter, Voltaire, Lett. Pr. roy. de Pr. 15 févr. 1739. Qu'un ramoneur y vende [à Paris] Mon buste pour six liards, Béranger, Jean de Paris.

    N'avoir pas un liard, n'avoir pas le liard, n'avoir pas un rouge liard, être fort pauvre, ou être sans argent pour le moment (rouge liard se dit à cause de la couleur du cuivre de cette monnaie).

  • 2Il se dit d'une très petite somme indéterminée. Depuis lors j'ai fourni de mon argent, de mon encre, papier, cire, bougie, sans qu'il m'en ait jamais remboursé un liard, Rousseau, Conf. VII.

    Je n'en donnerais pas un liard, se dit en parlant d'une chose dont on ne fait aucun cas.

    Chose à deux liards, chose qui est sans valeur. Bêtise, oui bêtise, j'en demeure d'accord, c'est du style à deux liards, Courier, Lett. I, 167.

    Par exagération. Il se ferait fesser pour un liard, il est excessivement avare. On dit, dans le même sens : il couperait un liard en deux.

  • 3 Terme de minéralogie. Liard de Saint-Pierre, se dit de pierres calcaires aplaties, ayant la forme de pièces de monnaie.

HISTORIQUE

XVIe s. Que nul vivant suz peine de la hart N'aye à piller la valleur d'un liard, Marot, J. V, 144. Il se mit en dispute avec un pauvre forçat qui lui demandoit un hardit… Le pauvre diable s'en alla sans un liard et avec le desmenti, D'Aubigné, Faen. III, 6.

ÉTYMOLOGIE

Picard, liard. Origine incertaine. D'après Ménage et Génin, liard était un nom propre : la famille des Liards était de Crémieu en Dauphiné, où le dauphin de Viennois battait monnaie ; et ce fut un Guigues Liard qui inventa sous Louis XI, en 1430, la piécette qui retint son nom. D'autres pensent que le liard provient de l'ancien adjectif liart, gris ; mais, d'après Diez, le sens repousse cette étymologie. D'autres, et Diez est du nombre, croient que le liard est le même que le hardi, sorte de monnaie ; l'historique est favorable à cette opinion, et il semble que hardi et liard y sont identiques. Le hardi valait trois deniers comme le liard. Le hardi, bas-lat. arditus, ardicus, limousin ordi, esp. ardite, vient, suivant quelques-uns, du nom de Philippe le Hardi, qui fit battre cette monnaie ; mais elle paraît propre au midi de la France et à l'Espagne ; aussi faut-il de préférence admettre comme origine le mot basque ardita.