« lige », définition dans le dictionnaire Littré

lige

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

lige

(li-j') adj.
  • 1 Terme de féodalité. Qui promet à son seigneur toute fidélité contre qui que ce soit, sans restriction ; ce qui signifiait que, si un homme était vassal de deux seigneurs et si la guerre éclatait entre les deux seigneurs, il était tenu de secourir celui dont il était lige contre l'autre dont il était vassal simple. Selon la coutume de cette province [Bretagne], tous les juveigneurs de Rohan devaient être hommes liges du duc de Bretagne, Saint-Simon, 57, 199. Henri VI demande à être le vassal lige du pape, Voltaire, Mœurs, 49. Tassillon, duc de Bavière, fait un hommage de son duché au roi de France dans la forme des hommages qu'on a depuis appelés liges, Voltaire, Ann. Emp. Charlemagne, 756.

    Fig. Les animaux et toute espèce lige De son seul appétit…, La Fontaine, Fabl. IV, 12.

  • 2Fief lige, héritage lige, terre lige, terre possédée sous la charge de l'hommage lige et des obligations qu'il imposait.

    On disait dans le même sens : protection lige ; puissance lige ; foi lige.

HISTORIQUE

XIe s. Et lor amis et lor liges segnors, Ch. de Rol. CLXXIV.

XIIe s. Son bon auberc lui aident à vestir Si home liege, Roncis. 55. Tu deiz, dit li messaiges, ton seingnor enorer ; Ses homs es, et li deiz fei e amor porter, E s'onor e sa vie e ses membres saver, Ne li deiz al busuaing ne faillir ne falser, Tu es siz liges homs, tu nel voil avoer, Rou, V. 4468. Cele que [à qui] j'ai de cuer [cœur] fait lige hommage, Couci, XI. [Notre terre] Que la mere Deu tient à son lige doaire, Sax. XXX.

XIIIe s. Li rois est mes niés [mon neveu], fius de mon frere, et si est mes liges sires, et je sui ses liges homs, Chr. de Rains, 189.

XIVe s. Nous reconnaissons [dit le roi d'Angleterre, duc de Guienne] par les presentes lettres, que ledit hommaige que nous feismes à Amiens au roy de France, combien que nous le feissions par parolles generales, est et doit estre entendu lige, et que nous devons foi et loyauté porter, Du Cange, ligius.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, lîge, dans la phrase quit' et lîge ; provenç. litge, lige et aussi lis ; anc. catal. lige, litge ; ital. ligio ; anglais, liege ; bas-lat. ligius. Origine incertaine. La forme provençale lis au nominatif suppose un adjectif lig ; les autres un adjectif lige. Grandgagnage y voit une contraction de l'allemand ledec ou ledig, libre, dégagé : hommage lige, hommage dégagé de toute restriction ; dans un texte du XIIIe siècle rapporté par Diez, on trouve : ligius homo, quod teutonice dicitur ledigman (c'est-à-dire libre de tout engagement envers un tiers). Guillaume le Breton traduisant dans sa Philippéide, homme lige par ligatus, Gachet, Chevallet et avant eux F. Pluquet ont adopté l'étymologie de ligare, lier. Diez trouve que, pour la forme, le scandinave lidi, compagnon, donnant lidius, donnerait très bien lige, mais que ce sens n'est pas suffisant. Du Cange le tire du bas-latin litus, lidus, letus, homme attaché à la glèbe, d'où l'adjectif litius, qui formerait le français lige, et le provençal litge. L'étymologie reste indécise entre des probabilités.