« lutter », définition dans le dictionnaire Littré

lutter

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

lutter

(lu-té) v. n.
  • 1S'exercer ou combattre à la lutte. Lutter avec quelqu'un, contre quelqu'un. Pour le sable et la boue qui sont dans les lieux où l'on lutte, outre que cela empêche qu'on ne se fasse mal en tombant, cela apprend à se tenir plus ferme en des lieux glissants, et rend les véritables combats plus faciles, Perrot D'Ablancourt, Lucien, Exerc. du corps.
  • 2 Par extension, il se dit de toute espèce de combat. Les deux armées luttèrent avec un égal courage.
  • 3 Fig. Combattre, résister. Lutter contre la tempête. Vous seul, seigneur, vous seul, après quarante années, Pouvez encor lutter contre les destinées, Racine, Mithr. III, 1. Je luttai quelque temps ; je sentis ma faiblesse, Voltaire, Œdipe, I, 1. Et suspect à moi-même, à moi-même odieux, Ma vertu n'osa point lutter contre les dieux, Voltaire, ib. IV, 1. C'est cet infortuné luttant contre la mort, Qui vers nous tout sanglant se traîne avec effort, Voltaire, Fanat. IV, 4. Il [Corneille] ne luttait pas assez contre les difficultés de la rime, qui est le plus pesant de tous les jougs, Voltaire, Jules César, Observ. On croit voir [dans des ruines] le champ de bataille où le temps a lutté contre le génie ; et les membres mutilés attestent sa victoire et nos pertes, Staël, Corinne, VIII, 2. C'est folie de lutter contre sa destinée, Courier, Lettre à MM. de l'Académie. Partout des malheureux, des proscrits, des victimes, Luttant contre le sort ou contre les bourreaux, Lamartine, Méd. I, 14.
  • 4Se dit du bélier qui couvre la brebis.

HISTORIQUE

XIe s. À bras se prenent ambesdeus [tous deux] por loitier, Ch. de Rol. CLXXXI.

XIIIe s. Li un sont isnel por courre, li autre sont fort por luitier, Latini, Trésor, p. 373. Contre vent [elle] fait escu d'arbrisseaus, mout i luite, Berte, XXXVII. Si set ele si poi de luite, Que chascun qui contre li luite, La puet abatre au tour premier, la Rose, 5910. Tous jors en ung moment demore Cis jors [l'éternité] qui ne puet anuitier, Tant sache à li la nuit luitier, ib. 20210.

XIVe s. L'en loe un fort homme quand il lite bien ou quand il jouste bien, Oresme, Eth. 28.

XVIe s. Puis s'en alla au parc des exercices, là où il se despouilla, oignit et lucta, Amyot, Arat. 7. Des productions d'esprit qui luictent les plus artistes productions, Montaigne, I, 143. Je ne luicte point en gros ces vieux champions là, Montaigne, I, 157. Je veux seulement faire luicter ensemble les traicts de cinq poëtes, Montaigne, I, 265.

ÉTYMOLOGIE

Norm. (Valogne) liter ; provenç. lochar, luchar, loitar ; espagn. luchar ; portug. lutar ; ital. lottare ; du lat. luctari, verbe dénominatif de lucta.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

LUTTER. Ajoutez : - REM. Au commencement du XVIIe siècle, on disait encore luiter, qui est un archaïsme. De çà, de là luitait mainte troupe rangée, Régnier, Ép. I.