« méditer », définition dans le dictionnaire Littré

méditer

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méditer

(mé-di-té) v. a.
  • 1Faire de ceci ou de cela l'objet d'une réflexion profonde. Quand on passerait sa vie à méditer les changements que l'on voit à la cour tous les jours, on n'y comprendrait rien, Sévigné, 23 juin 1681. Méditons donc aujourd'hui, à la vue de cet autel et de ce tombeau, la première et la dernière parole de l'Ecclésiaste, l'une qui montre le néant de l'homme, l'autre qui établit sa grandeur, Bossuet, Duch. d'Orl. Je ne m'étonne donc plus s'il prêchait si saintement au peuple fidèle le mystère de Jésus-Christ qu'il avait si bien médité, Bossuet, Bourgoing. Depuis longtemps elle y avait mis [à sa langue] une garde de circonspection, et méditait dans le silence les miséricordes du Dieu de ses pères, Massillon, Avent, Mort du pécheur. Méditer sans cesse Jésus-Christ, recourir à lui, se nourrir de sa doctrine… est la seule conscience et le devoir le plus essentiel du fidèle, Massillon, Avent, Divinité de J. C. Des empires détruits je méditai la cendre, Lamartine, Méd. I, 2.
  • 2Penser à faire une chose. Coriolan, zélé patricien, et le plus grand de ses capitaines [de Rome], chassé malgré ses services par la faction populaire, médita la ruine de sa patrie, Bossuet, Hist. I, 8. Pendant qu'il [un conquérant] rassemble de nouvelles forces et médite de nouveaux carnages…, Bossuet, Anne de Gonz. Et qui sait si l'ingrate, en sa longue retraite, N'a point de l'empereur médité la défaite ? Racine, Brit. III, 6. J'ignore contre Dieu quel projet on médite, Racine, Athalie, IV, 5. Sans doute il médite un libelle, Gilbert, Mon apologie. Là je vais, dans mon sein méditant à loisir Des chants à faire entendre aux siècles à venir…, Chénier, Hermès.

    Penser à avoir. Méditant un sonnet, médite un évêché, Régnier, Sat. II. Éprouvé-je un revers, je médite un plaisir, Dorat, Feinte par amour, III, 7.

  • 3 V. n. Réfléchir avec force et maturité sur quelque chose. Méditer sur un sujet. Méditer sur Dieu, sur l'âme. Il y a longtemps qu'elle médite sur cette déclaration, Sévigné, 455. Il vaut mieux ne point méditer que de méditer sur des chimères, Malebranche, Rech. vérité, III, 2, 9.

    On dit quelquefois en ce sens : méditer à. Ceux qui y penseront sérieusement [à une proposition], et qui voudront avec moi prendre la peine d'y méditer, Descartes, Rép. II, 11. Croyez-vous, ma bonne, que vos affaires ne tiennent pas une grande place dans mon cœur ? je crois que j'y médite plus tristement que vous, Sévigné, 4 oct. 1684. Peu lire et beaucoup méditer à nos lectures, Rousseau, Hél. I, 12. Je vous promets bien de m'occuper beaucoup du respectable objet de vos lettres, d'y réfléchir, d'y méditer, et de ne vous répondre…, Rousseau, Lett. au prince de Wirtemberg, 17 oct. 1763.

    Absolument. Je ne conseillerai jamais à personne de le lire, sinon à ceux qui voudront avec moi méditer sérieusement, et qui pourront détacher leur esprit du commerce des sens, Descartes, Médit. préface, 9. Certes plus je médite et moins je me figure Que vous m'osiez compter pour votre créature, Racine, Brit. I, 2. Vous comptez donc aller vivre en philosophe à la campagne ?… ce n'est guère que dans la retraite qu'on peut méditer à son aise, Voltaire, Lett. Tressan, 28 fév. 1767. Je méditais cette nuit ; j'étais absorbé dans la contemplation de la nature, Voltaire, Dict. phil. Religion. L'homme qui médite est un animal dépravé, Rousseau, Inég. 1re part. Comme je crois l'avoir dit, je ne puis méditer qu'en marchant, Rousseau, Confess. IX. J'ai médité longtemps, assis sur les tombeaux, Non pas pour y chercher dans la mélancolie Le secret de la mort, mais celui de la vie, Delille, Imagin. VII.

    Méditer que. Après que j'ai eu médité que ceux qui ne se connaissent point en pierreries sont trompés par le moindre éclat, Bossuet, Serm. l'Honn. du monde, 2.

  • 4Réfléchir aux moyens de faire quelque chose. Méditer de réparer une faute. Il y a longtemps que je médite de vous écrire.

    Méditer si. Méditer si on continuera d'écrire.

    Méditer où, par où. Méditer où l'on ira, méditer par où on attaquera l'ennemi.

    Méditer comment. Méditer comment on conduira une discussion.

    Méditer à qui, à quoi, à quel. Méditer à qui on confiera un dépôt, à quoi on bornera ses demandes, à quel tribunal on aura recours.

    Méditer qui, quel. Je méditais qui je choisirais pour médecin, quel remède serait propre à me soulager.

  • 5Faire une méditation pieuse. Écoutez à ce propos le profond raisonnement, non d'un philosophe qui dispute dans une école, ou d'un religieux qui médite dans un cloître…, Bossuet, Duch. d'Orl.
  • 6Se méditer, v. réfl. Être médité, projeté. Il y a long temps que cela se méditait.

HISTORIQUE

XVIe s. Dieu… J'ay dormi sur tes faicts, aspre à les mediter, Je me suis reveillé sur la mesme pensée, Desportes, Œuvres chrest. XVIII, psal. 139.

ÉTYMOLOGIE

Lat. meditari, méditer, dont le sens propre est s'exercer au physique et au moral : meditatio campestris, les exercices du Champ de Mars (comparez μέδομαι, songer à, et voy. MÉDECIN).