« mander », définition dans le dictionnaire Littré

mander

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

mander

(man-dé) v. a.
  • 1Mander quelqu'un, lui donner avis ou ordre de venir. Seigneur, César vous mande, et Maxime avec vous, Corneille, Cinna, I, 4. Seigneur, Félix vous mande au temple, Corneille, Poly. II, 5. Il manda donc par députés Ses vassaux de toute nature, La Fontaine, Fabl. VII, 7. Celui-ci [le roi lion] parmi chaque espèce Manda des médecins, La Fontaine, ib. VIII, 3.

    Il a mandé ses équipages, ses carrosses, ses chevaux, etc. il a donné ordre qu'on les lui envoyât.

  • 2Envoyer dire, faire savoir par lettre ou par message. On mande que le roi d'Angleterre est arrivé en Irlande, où il a été reçu avec transport, Sévigné, 536. Mandez-moi ce qu'il faut pour la nourriture et les ustensiles de ces pauvres femmes, Bossuet, Anne de Gonz. Il mande à ses agents dans la conférence qu'il n'est pas juste que la paix de la chrétienté soit retardée davantage à sa considération, Bossuet, Louis de Bourbon. Je vous écris, monseigneur, dès que j'ai quelque chose à vous mander ; alors mon cœur et ma plume vont vite, Voltaire, Lett. Richelieu, 3 janv. 1757. On sait qu'il [Henri IV] mandait au duc de Sully que sa marmite était renversée, ses pourpoints percés par le coude, ses chemises trouées ; et c'était le plus grand roi de l'Europe qui écrivait ainsi ! Voltaire, Hist. parl. ch. 38.

    Je ne le lui ai point mandé, je le lui ai dit, phrase par laquelle on fait entendre qu'on n'a pas craint de dire en face à quelqu'un une chose fâcheuse.

  • 3Mander que, ordonner par une lettre (avec le subjonctif). Sur le point de partir, Rome, seigneur, me mande Que je vous fasse encor pour elle une demande, Corneille, Nicomède, II, 3.

    Mandons et ordonnons, premiers mots du mandement qui termine les actes publics faits ou rendus au nom du souverain.

  • 4Envoyer, en parlant d'une lettre, d'une nouvelle. J'ai vu Guitaut et sa femme ; ils vous aiment ; mandez-moi un petit mot pour eux, Sévigné, 16. Faites-moi mander simplement de vos nouvelles sans vous donner la peine d'écrire vous-même, Fénelon, t. III, p. 351.
  • 5Se mander, v. réfl. Être mandé, être transmis par lettre ou par message. Des choses qui ne se mandent pas par la poste.

HISTORIQUE

XIe s. Mandez [à] Carlon, al orguillus, al fier…, Ch. de Rol. III. Com faitement [de quelle façon] lui manderons nouvelles ? ib. CXXVI. Li reis vous mande que vous le secourez, ib. CXCV.

XIIe s. Marsille mande des Sarrazins la flor, Ronc. 39. Baron, dist Charles, je vous ai fait mander, ib. 157. Charles mande et commande que treü [nous] lui devon Sax. XXV. Quant Hurepois entendent que Charles au fier vis Leur a mandé tel mant, chascuns fu engramis [irrité], ib. XXVI. Li reis li a mandé qu'il seit prez l'endemain De respundre e de rendre sun acunte tut plain, Th. le mart. 33.

XIIIe s. Sire, li dus de Venise et li quens Looys de Blois, mes [mon] sires, et li autre baron qui sont dedens Constantinoble, vos mandent salut come à leur seigneur, Villehardouin, CXXIII. Ou païs ne remest maçon Ne pionnier qu'ele ne mant, la Rose, 3811. Lors li firent dire les deux mestre, que moult estoit hardi leur seigneur, quant il avoit osé mander au roy si dures paroles, Joinville, 259.

XIVe s. Aux reins est mandée une artere du cuer [cœur] passant par le milieu du foie, H. de Mondeville, f° 29, verso.

XVe s. Ore est li temps qu'on ne fait que mander [appeler les hommes au service militaire] ; Mais li mandez destruisent leur contrée, Prennent, pillent quan qu'ils peulent trouver, Deschamps, Poésies mss. 275. S'il est gentilhomme, et le prince face sa mandée et son armée, si la dame veult, il ira, Les 15 joyes de mariage, p. 105.

XVIe s. À rien mander il ne faut pas de messager, Cotgrave À toile ordie Dieu mande le fil, Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

Provenç. mandar ; catal. manar ; espmandar ; ital. mandare ; du lat. mandare.