« masure », définition dans le dictionnaire Littré

masure

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

masure

(ma-zu-r') s. f.
  • 1Ce qui reste d'un bâtiment tombé en ruines. Tant de grands bâtiments en masures changés, Malherbe, II, 12. Ces masures et ce terrain inculte étaient habités, il y a environ vingt ans, par deux familles, Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virg. Alors la masure, où la mousse Sur l'humble chaume a débordé, Montre avec une fierté douce Son vieux mur, de roses brodé, Hugo, Voix intérieures, V.

    Par extension. Ô murs ! temple à jamais fameux ! Berceau des lois, sainte masure ! Chénier, le Jeu de paume.

    Fig. [Les martyrs] ne souhaitant rien tant que de voir bientôt abattue cette masure ruineuse de leur corps, qui les séparait de leur maître, Bossuet, Panég. St Gorgon, 2. Quelle plus misérable et plus pauvre masure Qu'un homme usé, flétri, mort pour l'illusion, Riche et sans volupté, jeune et sans passion ? Hugo, Voix intérieures, à un riche.

  • 2Une méchante habitation qui semble menacer ruine. Le pigeon profita du conflit des voleurs, S'envola, s'abattit auprès d'une masure, La Fontaine, Fabl. IX, 2.

    Il se dit, par exagération, d'une maison modeste. Je souhaite en tout que la pièce [Tancrède] soit jouée à Paris comme elle l'a été dans ma masure de Tourney, Voltaire, Lett. d'Argental, 24 oct. 1759.

    Fig. De timides ménagements pour tous ces restes de barbarie, pour ces masures de la féodalité, qui ôteraient toute solidité, toute beauté, toute proportion à l'édifice que nous sommes appelés à construire, Mirabeau, Collection, I, p. 272.

HISTORIQUE

XIIIe s. Au droit chens [cens] deu en deniers à certain jor por heritages ou pour masures, Beaumanoir, XXIV, 19. Masure taillable au segneur, Beaumanoir, XII, 21. Mazure chargée de diverses prestations, Du Cange, audientia.

XIVe s. Car je fus prins d'Anglois dedens une masure, Guesclin. 22115.

XVe s. Jean Balle et Jacques Strau furent trouvés en une vieille masure reposts, qui se cuidoient embler, Froissart, II, II, 115. Il voit le soleil rayer [rayonner] contre la masure [muraille], Perceforest, t. IV, f° 47.

ÉTYMOLOGIE

Bas-latin, mansura, demeure, de manere (voy. MANOIR). Ce mot a pris une signification méprisante qu'il n'avait pas à l'origine. En haute Normandie, masure signifie la basse-cour, le verger qui entoure la maison de ferme.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

MASURE. Ajoutez :
3 Nom, en Normandie, de l'enclos, ou verger, ou herbage planté d'arbres fruitiers, dans lequel sont situés les bâtiments de la ferme, les Primes d'honneur, Paris, 1869, p. 9. Dans les masures de Bretagne et de Normandie, dans les vergers picards et les clos ardennois, la récolte des pommes a été aussi abondante…, Journ. offic. 18 oct. 1875, p. 8733, 1re col.