« maxime », définition dans le dictionnaire Littré

maxime

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

maxime [1]

(ma-ksi-m') s. f.
  • 1Proposition générale qui sert de règle. Leurs maximes de feu et de sang assurent et fortifient la malice, quand elle est encore craintive et douteuse, Guez de Balzac, De la cour, 7e disc. N'écoutez point pour lui ces maximes cruelles, Corneille, Poly. III, 3. On ne peut trop louer trois sortes de personnes, Les dieux, sa maîtresse et son roi ; Malherbe le disait, j'y souscris quant à moi ; Ce sont maximes toujours bonnes, La Fontaine, Fabl. I, 14. Pour gagner les hommes, il n'est point de meilleure voie que… de donner dans leurs maximes, encenser leurs défauts, et applaudir à ce qu'ils font, Molière, l'Avare, I, I. Toutes les bonnes maximes sont dans le monde ; on ne manque qu'à les appliquer, Pascal, Pens. VI, 1. Les sujets ont cessé de révérer les maximes de la religion quand ils les ont vues céder aux passions et aux intérêts des princes, Bossuet, Reine d'Anglet. Siècle vainement subtil, où l'on veut pécher avec raison, où la faiblesse veut s'autoriser par des maximes, où tant d'âmes insensées cherchent leur repos dans le naufrage de la foi, Bossuet, Ann. de Gonz. Aussi avait-il pour maxime, écoutez, c'est la maxime qui fait les grands hommes : que, dans les grandes actions, il faut uniquement songer à bien faire, et laisser venir la gloire après la vertu, Bossuet, Louis de Bourbon. Socrate donnait pour maxime qu'il fallait que chacun suivît la religion de son pays, Bossuet, Hist. II, 5. Carthage tenait pour maxime de n'avoir que des troupes étrangères, Bossuet, ib. III, 6. C'était sa maxime que la raillerie ne convient pas à ceux qui sont élevés au-dessus des autres, Fléchier, Dauphine. Le vin au plus muet fournissant des paroles, Chacun a débité ses maximes frivoles, Réglé les intérêts de chaque potentat…, Boileau, Sat. III. La ballade, asservie à ses vieilles maximes, Souvent doit tout son lustre au caprice des rimes, Boileau, Art p. II. Mais si de vos flatteurs vous suivez la maxime, Racine, Brit. IV, 3. Après que vous aurez posé pour maxime qu'on peut violer les règles de la probité, Fénelon, Tél. X. Vous vous faites des maximes qui diminuent à vos yeux vos propres fautes, Massillon, Car. Tiédeur, 1. Ils [les Romains] vainquirent tous les peuples par leurs maximes ; mais, lorsqu'ils y furent parvenus, leur république ne put subsister, Montesquieu, Rom. ch. 18. Je hais les mauvaises maximes encore plus que les mauvaises actions, Rousseau, Hél. I, 30. On sait bien que tout homme qui pose des maximes générales entend qu'elles obligent tout le monde excepté lui, Rousseau, ib. III, 22. Une maxime ou un principe est un jugement dont la vérité est fondée sur le raisonnement ou sur l'expérience, Condillac, Art d'écrire, II, 9. Les maximes sont d'un grand usage en morale et en politique : elles expriment la profondeur de celui qui écrit, parce qu'elles supposent souvent beaucoup d'expérience, de réflexions fines et de grandes lectures, Condillac, ib.

    Les maximes d'État, les maximes que les politiques se faisaient pour le gouvernement et par lesquelles ils se mettaient souvent au-dessus des règles de la morale. Le séjour de votre potentat Qui n'a que ses fureurs pour maxime d'État, Corneille, Sertor. III, 2.

  • 2 Au plur. Titre donné à certains ouvrages de morale. Les Maximes de la Rochefoucauld.

    Une maxime, une proposition qui appartient ou pourrait appartenir à un livre de maximes. Je fis l'autre jour une maxime tout de suite sans y penser, et je la trouvai si bonne que je crus l'avoir retenue par cœur de celles de M. de la Rochefoucauld, Sévigné, 62. Ce ne sont point des maximes que j'ai voulu écrire ; elles sont comme des lois dans la morale ; et j'avoue que je n'ai ni assez d'autorité, ni assez de génie pour faire le législateur, La Bruyère, Caract. Préface.

REMARQUE

Au XVIIe siècle, quelques-uns faisaient maxime du masculin, d'après Marguerite Buffet, Observ. p. 191.

SYNONYME

MAXIME, SENTENCE. La maxime est une proposition importante qui sert de règle dans la conduite ; ce qui domine dans la signification de ce mot, c'est la grandeur, la force. La sentence est une proposition courte qui instruit et enseigne ; ce qui domine dans la signification de ce mot, c'est l'idée d'opinion, de manière de voir. Le malheur est le grand maître de l'homme, est une sentence ; Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fît, est une maxime. Mais c'est aussi, si l'on veut, une sentence ; de sorte que sentence est plus général que maxime ; il peut se dire là où maxime se dit, mais maxime ne peut pas se dire partout où l'on dit sentence.

HISTORIQUE

XVIe s. Il [la Boëtie] avoit une maxime souverainement empreinte en son ame, d'obeyr et de se soubmettre très religieusement aux loix soubs lesquelles il estoit nay, Montaigne, I, 221.

ÉTYMOLOGIE

Lat. maxima, sous-entendu sententia, sentence très grande, générale (voy. MAXIMUM) ; cet emploi du superlatif appartient au latin du moyen âge, et encore assez récent.