« menace », définition dans le dictionnaire Littré

menace

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

menace

(me-na-s') s. f.
  • 1Parole ou geste dont on se sert pour faire craindre à quelqu'un le mal qu'on lui prépare. Et je ne rendrai point menace pour menace, Corneille, Nicom. II, 3. La menace à grand bruit ne porte aucune atteinte, Corneille, Théod. I, 3. Les menaces ne m'ont jamais fait mal ; et ce sont des nuées qui passent bien loin sur nos têtes, Molière, Fourb. de Scapin, III, 9. Ses deux yeux flamboyants [d'un ours] ne lançaient que menace, Et sa gueule faisait une laide grimace, Molière, Princ. d'Él. I, 2. Les menaces que vous me faites, Pascal, Prov. XI. Quelle santé nous couvrait la mort que la reine portait dans le sein ! de combien près la menace a-t-elle été suivie du coup ! Bossuet, Mar.-Thér. Les vaisseaux des rebelles, qui la poursuivaient de si près, qu'elle entendait presque leurs cris et leurs menaces insolentes, Bossuet, Reine d'Anglet. La terrible menace du ciel irrité, lorsqu'il sembla si longtemps vouloir frapper ce Dauphin même, notre plus chère espérance, Bossuet, Mar.-Thér. Le Rhin les voit d'un œil qui porte la menace, Boileau, Ép. IV. Moi ! je m'arrêterais à de vaines menaces ! Racine, Iph. I, 2. Je crains qu'un prompt effet n'ait suivi la menace, Racine, Phèdre, IV, 4. La religion a de si grandes menaces, elle a de si grandes promesses, que…, Montesquieu, Esp. XXV, 12.

    Menaces en l'air, menaces qui ne sont suivies d'aucun effet.

  • 2La menace d'une chose, l'action de menacer quelqu'un de cette chose. [Bourdaloue disant] que ceux qui conduisaient les âmes ne devaient jamais faire la menace de la profanation du corps de Jésus-Christ, sans avertir que, si nous n'y participions, nous n'aurions jamais la vie éternelle, Sévigné, 5 mars 1683. … De tant de maux, Abner, détournons la menace, Racine, Athal. V, 2.

    En un autre sens, la menace d'une chose, les signes qui font craindre cette chose. Une infinité de restes ou de menaces d'apoplexie, c'est ce qui tue, Sévigné, 27 sept. 1687.

  • 3 Fig. Il se dit, dans le langage élevé ou poétique, des choses qui semblent menacer. Le navire éloquent, fils des bois du Pénée… Craignant près de l'Euxin les menaces du Nord, S'arrête, et se confie au doux calme du port, Chénier, Idylles, Hylas. Des rocs inabordés où repose la glace, Qu'un mortel imprudent méprise la menace Et trouble par un cri le silence des airs, Soudain ces rocs émus tressaillent et s'écroulent, Masson, Helvét. III. Du temps, des eaux, de l'air, n'effacez point la trace ; De ces rochers pendants respectez la menace, Delille, Jardins, II.

HISTORIQUE

Xe s. Por manatce regiel ne preiemen [prière], Eulalie.

XIe s. Ce sait hom bien, n'ai cure de manace, Ch. de Rol. X.

XIIe s. De vos menaces ne m'est pas un bouton, Ronc. 59.

XIIIe s. Cil oÿ la menace, le sens cuide changer, Berte, XXXVIII. Menaces vainquent loy, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 345.

XVe s. Chevalier sans armes n'est que menasses sans faict, Percefor. t. IV, f° 106.

XVIe s. Ils recherchent au ciel les causes et menaces anciennes de leur malheur, Montaigne, I, 47.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, manèse ; provenç. menassa, menaza ; anc. espagn. menaza ; ital. minaccia ; du lat. minacia, de minari, menacer, proprement être saillant, proéminent.