« mendiant », définition dans le dictionnaire Littré

mendiant

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

mendiant, ante

(man-di-an, an-t') adj.
  • 1Qui mendie. La population mendiante.

    Religieux mendiants, moines mendiants, ceux qui vivent de quête et d'aumône.

  • 2 S. m. et f. Un mendiant, une mendiante, celui, celle qui fait profession de mendier. On voyait [à Paris] des troupes errantes de mendiants, sans religion et sans discipline, demander avec plus d'obstination que d'humilité, voler souvent ce qu'ils ne pouvaient obtenir…, Fléchier, Aiguillon. Les gens qui n'ont absolument rien, comme les mendiants, ont beaucoup d'enfants, Montesquieu, Esp. XXIII, 11. Si le cardinal [de Richelieu] lui [à Mainard] avait fait du bien, ce ministre eût été un dieu pour lui ; il n'est un tyran que parce qu'il ne lui donne rien ; c'est trop ressembler à ces mendiants qui appellent les passants monseigneur, et qui les maudissent s'ils n'en reçoivent pas d'aumône, Voltaire, Louis XIV, Écrivains, Mainard. On a donné des édits pour extirper l'infâme profession de mendiants, profession si réelle et qui se soutient malgré les lois, au point que l'on compte deux cent mille mendiants vagabonds dans le royaume, Voltaire, Lett. Roubaud, 1er juill. 1769. Adrien IV, l'un des plus grands papes, fils d'un mendiant, avait été mendiant lui-même, Voltaire, Mœurs, 184. À ne regarder l'état de mendiant que comme un métier, loin qu'on en ait rien à craindre, on n'y trouve que de quoi nourrir en nous les sentiments d'intérêt et d'humanité qui devraient unir tous les hommes, Rousseau, Hél. V, 2.

    Mendiant espagnol, mendiant très fier. À la vue de Prosper râpé, mais glorieux comme un mendiant espagnol, Ch. de Bernard, Un homme sérieux, § V.

    Les quatre mendiants, les jacobins, les franciscains, les augustins et les carmes. Les pauvres de l'Hôtel-Dieu, et les quatre mendiants de cette ville de Paris… sont exempts des 4 sous 2 deniers, Arrêt de la cour des aides, 14 oct. 1615. On surcharge les villes en multipliant les monastères des mendiants, Fevret, De l'abus, II, 1, dans RICHELET.

  • 3Les quatre mendiants se dit de quatre sortes de fruits secs qui sont les figues, les avelines, les raisins secs et les amandes, et dont on fait des assiettes de dessert ; cette dénomination, qui tient certainement aux quatre ordres mendiants, sans qu'on sache exactement pourquoi, est plus ancienne que le P. André, qui en donnait une explication allégorique en prêchant devant Louis XIII.

HISTORIQUE

XIIIe s. Quant tu vois aucun mendiant Qui de vieillesce va tranlant, Fl. et Bl. 761. Après si sont li mendiant, Qui par la ville vont criant : Donez, por Dieu, du pain aus freres, Rutebeuf, 219.

XIVe s. Riche d'amour et mendians d'amie, Povres d'espoir et garnis de desir, Machaut, p. 59.

XVIe s. Deux mendians à un huis, l'un a le blanc, l'autre le bis, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 175. Certains religieux,… non pas de ces gros bedons ventrés depuis le menton jusques au genouil, ny de ceste nouvelle ordure de jesuistes, mais de ces bons et venerables mendiants, car à telles personnes qui ne mangent pas toujours leur saoul, l'esprit est prompt, et souvent se communique, Régnier de la Planche, Livre des march. éd. du Panthéon, p. 424.

ÉTYMOLOGIE

Participe présent de mendier, pris adjectivement. L'ancienne langue avait mendis, dérivé directement du latin mendīcus : XIIe siècle. E que vous eüsiez merci et pieté De mei qui sui mendis en estrange regné, Th. le mart. 77.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

MENDIANT. Ajoutez : - REM. L'origine de la dénomination des quatre mendiants, fruits secs, est ainsi donnée : " Un jour, à la table d'un grand seigneur, les quatre fruits secs, raisins, noisettes, amandes et figues, étaient servis, un convive s'écria : voilà les mendiants à table, retrouvant dans la figue la robe grise du franciscain, dans l'amande la robe écrue du dominicain, dans la noisette la robe brune du carme, et dans le raisin la robe sombre de l'augustin ; les dominicains, les franciscains, les carmes et les augustins formaient les quatre ordres mendiants, " Journal de Lyon, 13 déc. 1873, 3e page, 1re col. Malheureusement aucun texte n'appuie ce dire.