« meute », définition dans le dictionnaire Littré

meute

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meute

(meu-t') s. f.
  • 1 Terme de vénerie. Nom qu'on donne à une troupe de chiens dressés pour la grande chasse. Un chien de meute. Valet de meute. L'hôte des forêts est moins habile à tromper la meute avide, que ne l'était l'Indien à mêler les traces de René, pour le dérober à la recherche de l'ennemi, Chateaubriand, Natch. XI. Tels que des sauvages, les plus forts [d'entre les soldats, dans la retraite de Russie] dépouillaient les plus faibles… lorsqu'un cheval tombait, vous eussiez cru voir une meute affamée ; ils l'environnaient, ils le déchiraient par lambeaux, qu'ils se disputaient entre eux comme des chiens dévorants, Ségur, Hist. de Nap. XII, 1.

    Clefs de meute, les meilleurs chiens d'une meute, qui servent à conduire les autres et à les dresser. Les clefs de meute, parvenues à l'endroit où pour mort le traître se pendit, Remplirent l'air de cris…, La Fontaine, Fabl. XII, 23.

    Fig. Clef de meute, homme qui a un grand crédit dans une compagnie, dans un parti.

    On dit aussi chef de meute. [Il fallait,] ajouta La Force, faire parler aux pairs dont on pourrait douter, et aux chefs de meute parmi les magistrats, Saint-Simon, 419, 44.

  • 2Se dit quelquefois d'une troupe de cerfs.
  • 3 Fig. Troupe de gens que l'on compare à une meute de chiens. Une meute d'ennemis, d'accusateurs. Toute la meute alors, comme une vague immense, Bondit…, Barbier, la Curée.
  • 4 Terme de la chasse des oiseaux. Oiseau attaché à une corde qui sert pour faire approcher les autres des filets.

HISTORIQUE

XIIe s. En icel temps, j'os bien monstrer, Fu la grant meute [expédition] d'outremer, Quant Antioche fut conquise, Et la cité de Niques prise, Rou, ms. p. 411, dans LACURNE.

XIIIe s. Un cerf troverent maintenant De seize ramers fier et grant, Les muetes li ont descoplées, Baudes [hardies] et bien entalentées, Du Cange, mota 6. Pieres les enmena dont Diex fist messagier ; Sa primeraine muete [troupe, expédition] ot moult grant destourbier, Tous furent mors ou pris, qu'il n'i ot recovrier ; N'en escapa que Pieres, qui retourna arrier, Ch. d'Ant. I, 35. Amis, quant vostre mute est preste, Et vous irés querant la beste, Chaciés la, puis qu'el torne en fuie, la Rose, 15901.

XIVe s. Mute de chiens est quand il y a douze chiens courans et ung limier, Modus, f° VI.

XVIe s. Ceulx de la ville ne s'esmeurent de tant que ils feissent saillie, escarmouche, ou meute de guerre sur les François, mais se tiendrent là tous cois, Jean D'Auton, Ann. de Louis XII, p. 28, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Substantif formé du féminin du participe latin motus, et signifiant chose mue, expédition, partie de chasse, meute. Meute, écrit autrefois muete (ue se prononçant eu ; pueple prononcé peuple, etc.), est devenu, par perte de la tradition de la prononciation, la muette, nom de rendez-vous de chasse.