« mitoyen », définition dans le dictionnaire Littré

mitoyen

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

mitoyen, enne

(mi-to-iin, iè-n' ; quelques-uns prononcent mi-toi-iin) adj.
  • 1Qui tient le milieu entre deux choses, qui est entre deux choses. Espace mitoyen.

    Mur mitoyen, mur qui, séparant deux propriétés contiguës, appartient aux deux propriétaires, ce qui se constate par titre, ou, en l'absence de titre, par certains indices. Un puits mitoyen est un puits qui se trouve dans un mur mitoyen. La réparation et la reconstruction du mur mitoyen sont à la charge de tous ceux qui ont droit, Code Nap. art. 655.

    Une haie, un fossé qui séparent deux champs sont mitoyens, quand ils sont dans les mêmes conditions que le mur mitoyen.

    Fig. Cette attache intime que nous avons à nous-mêmes, c'est la ligne de séparation, c'est la paroi mitoyenne entre tous les cœurs, c'est ce qui fait que chacun de nous se renferme tout entier dans ses intérêts, Bossuet, Sermons, Charité fratern. 1.

    Cloison mitoyenne, cloison qui est commune à deux chambres et qui les sépare.

    Dents mitoyennes du cheval, quatre dents qui poussent entre les pinces et les coins, après que les dents de lait sont tombées, ce qui arrive lorsqu'il a passé trois ans.

  • 2 Fig. Qui est placé entre deux choses extrêmes ou opposées, et qui tient un peu de l'un et de l'autre. [Les chevaliers à Rome] ordre mitoyen entre les patriciens et le peuple, Bossuet, Hist. II, 6. Calvin cherche une voie mitoyenne, Bossuet, Var. 9. Platon établit trois sortes de dieux : des dieux supérieurs, des dieux inférieurs et des mitoyens, Fénelon, Platon. Ma condition ne souffre point ces états mitoyens de vertu qui tiennent comme un milieu entre l'innocence et le crime, Massillon, Avent, Disp. à la commun. Marc-Aurèle, aussi grand peut être sur le trône de l'empire romain qu'Épictète dans l'esclavage, parle souvent, à la vérité, des dieux, soit pour se conformer au langage reçu, soit pour exprimer des êtres mitoyens entre l'être suprême et les hommes, Voltaire, Dict. phil. Idolâtrie. Ces caractères indécis et mitoyens ne peuvent jamais réussir, à moins que leur incertitude ne naisse d'une passion violente, Voltaire, Rem. Corn. Tite et Bérénice, I, 1. Je me sers d'une drogue qui me rendra ou qui m'ôtera la vue tout à fait ; je n'aime pas les partis mitoyens, Voltaire, Lett. d'Argental, 27 nov. 1764. Cette matière mitoyenne entre le suif et la cire pour la consistance et la qualité, tenait lieu de l'une et de l'autre aux premiers Européens qui abordèrent dans ces contrées, Raynal, Hist. phil. XVIII, 25. Je penche pour un parti mitoyen entre l'opinion de ceux que j'aime et que j'honore et l'avis des hommes qui ont montré le plus de dissentiment avec moi depuis le commencement de cette assemblée, Mirabeau, Collection, t. III, p. 340. Une opinion en apparence mitoyenne et modérée, L'Abbé Morellet, Mém. t. I, p. 230, dans POUGENS.

    Avis mitoyen, avis qui s'éloigne des extrémités de deux avis opposés.

  • 3État mitoyen, condition entre la richesse et la pauvreté. Les hommes de l'état mitoyen, auxquels l'inanition et les excès sont également inconnus, Buffon, Quadrup. t. I, p. 183. C'est dans l'état mitoyen que la probité est encore le plus en honneur, Duclos, Consid. mœurs, ch. 4.

    Appartenant à l'état mitoyen. Moi, j'aime à pourchasser des beautés mitoyennes, Regnard, le Joueur, II, 4.

HISTORIQUE

XIVe s. Premierement commencerent li ennemi à estre vaincuz en la bataille mittoenne [au centre], Bercheure, f° 74, verso.

XVe s. Deux paires de murs sont, c'est à sçavoir les murs mitoyaus et personniers, Ordonnance, 1485.

XVIe s. Une personne sacrée, oincte et cherie de Dieu, comme mitoyenne entre les anges et les hommes, Sat. Mén. 144. En villes, tout mur est metoien, s'il n'appert du contraire, Loysel, 283.

ÉTYMOLOGIE

Bourg. moitoyen ; bas-latin, medietaneus (dans un texte du XIIe siècle), de medietas, moitié, formé comme le mot fictif civitaneus, citoyen, l'est de civitas.