« modéré », définition dans le dictionnaire Littré

modéré

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

modéré, ée

(mo-dé-ré, rée) part. passé de modérer
  • 1Retenu dans une juste mesure. Les passions modérées par la raison.
  • 2 Par extension, qui se tient dans une juste mesure, en parlant des personnes. … N'espérez pas de le voir modéré [César], Corneille, Pomp. IV, 1. Charles 1er, roi d'Angleterre, était juste, modéré, magnanime, Bossuet, Reine d'Anglet. Son esprit modéré ne se perdait pas dans ces vastes pensées, Bossuet, le Tellier. Les esprits justes, doux, modérés, non-seulement ne les atteignent [les esprits vastes], ne les admirent pas, mais ne les comprennent point, La Bruyère, I. Qu'elle vous serve à être plus modéré dans vos désirs, Fénelon, Tél. I. Il ne faut jamais être la dupe de ces réponses méditées, de ces discours publics que le cœur désavoue ; Colbert paraissait modéré, mais il poursuivait la mort de Fouquet avec acharnement, Voltaire, Louis XIV, 25. L'empereur [Joseph 1er] n'était nulle part modéré dans son bonheur, Voltaire, ib. 22.

    Il se dit des choses dans le même sens. Adorez donc, Ô grand roi, celui qui vous fait régner, qui vous fait vaincre, et qui vous donne dans la victoire, malgré la fierté qu'elle inspire, des sentiments si modérés, Bossuet, Mar.-Thér. J'avoue que le livre est sage et modéré ; tout critique doit l'être, Voltaire, Lett. Damilaville, 26 juin 1766.

  • 3Qui est éloigné de l'excès, de l'extrême, en parlant des choses. Une chaleur modérée. Un feu modéré. La plupart d'eux embrasse un avis modéré, Corneille, Tite et Bérén. IV, 1. Les gens qui ont eu le malheur de s'accoutumer aux plaisirs violents perdent le goût des plaisirs modérés, et s'ennuient toujours dans une recherche inquiète de la joie, Fénelon, Éduc. des filles, ch. 5. Vous vantez sa superbe fortune [d'Orbassan] ; Mes vœux plus modérés la voudraient plus commune, Voltaire, Tancr. I, 4.

    Terme de musique. Se dit d'un mouvement moyen entre le lent et le gai. On dit plus souvent moderato.

  • 4 S. m. Un modéré, les modérés, ceux qui ont la prétention d'appartenir au parti ennemi des extrêmes. Il y a de faux modérés, de faux équitables, qui voudraient qu'on épargnât les hérésiarques, Bossuet, Rem. Hist. conc. II, 10.

    S'est dit en particulier, sous la Convention, d'abord des girondins, puis des dantonistes, et, sous le Directoire, du parti opposé aux républicains exaltés.