« modestie », définition dans le dictionnaire Littré

modestie

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

modestie

(mo-dè-stie) s. f.
  • 1Retenue à l'aide de laquelle on ne tombe pas dans l'excès. Il est d'une grande modestie dans sa dépense, dans sa conduite.
  • 2Retenue dans la manière de penser et de parler de soi. Vous avez raison de supprimer la modestie de Pauline [fille de Mme de Grignan] ; elle serait usée à quinze ans ; une modestie prématurée et déplacée pourrait faire de méchants effets, Sévigné, 25 oct. 1679. Votre modestie vous a trompé, aussi bien que tant de saints hommes qui ont cru qu'ils se cacheraient éternellement en se jetant dans les places les plus inconnues, Bossuet, Cornet. Comme, tant qu'il a vécu sur la terre, la seule autorité de sa modestie supprimait les marques d'estime, Bossuet, ib. La modestie est belle enchâssée à propos ; Mais hors de son endroit c'est la vertu des sots, Boursault, Ésope à la cour, IV, 2. La modestie est au mérite ce que les ombres sont aux figures dans un tableau : elle lui donne de la force et du relief, La Bruyère, II. Rien ne fait plus d'honneur au prince que la modestie de son favori, La Bruyère, X. Certains hommes, contents d'eux-mêmes, de quelque action ou de quelque ouvrage qui ne leur a pas mal réussi, et ayant ouï dire que la modestie sied bien aux grands hommes, osent être modestes, contrefont les simples et les naturels, La Bruyère, II. Il y a des modesties artificieuses et étudiées qui couvrent un orgueil secret, Rollin, Traité des Ét. V, 1re part. § 5. La modestie est le seul éclat qu'il soit permis d'ajouter à la gloire, Duclos, Consid. mœurs, ch. 5. Il rapporte deux lettres de saint Grégoire, pour montrer avec quelle modestie il écrivait non-seulement aux rois de France, mais aux exarques d'Italie, Voltaire, Dict. phil. Décrétales. Ô hommes, enfants de la vanité ! votre modestie est orgueil ; la plus pure est celle qui est la moins corrompue par la secrète complaisance du cœur, Voltaire, Panég. de St Louis.
  • 3Pudeur, décence. Un prince qui ne savait que c'était d'enlever les femmes à leurs maris et méritait d'être proposé pour exemple de modestie à tous les siècles, Perrot D'Ablancourt, Tacite, 342. Mettez dans vos discours un peu de modestie, Ou je vais sur le champ vous quitter la partie, Molière, Tart. III, 2. Et [je] m'emporte au delà de cette modestie Dont jusqu'à ce moment je n'étais point sortie, Racine, Mithr. IV, 4. Cette fierté qu'en nous soutient la modestie, Dans mon cœur à ce point ne s'est pas démentie, Voltaire, Zaïre, I, 1.

    Contenance modeste. Il faut en sa présence un peu de modestie, Corneille, Sertor. V, 6.

  • 4Plur. Actes inspirés par la modestie. Au milieu de ces modesties de Luther [soumission aux puissances], il échappait des paroles de menace et de violence qu'il ne pouvait retenir, Bossuet, 5e avert. 4.
  • 5Nom d'un mouchoir (voy. MODESTE, n° 5).

HISTORIQUE

XIVe s. Par la modestie et atrempance des tribuns, Bercheure, f° 93.

XVIe s. Qui l'eust jamais pensé qu'une femme de ville, Avec sa modestie et ses douces façons…, Desportes, Diverses amours, X. Reformation de mœurs et grande modestie, Montaigne, I, 389.

ÉTYMOLOGIE

Lat. modestia, de modestus, modeste. On a dit aussi dans le XVIe siècle modesteté.