« mors », définition dans le dictionnaire Littré

mors

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

mors

(mor ; l's ne se prononce et ne se lie jamais : le mor aux dents ; des mor en fer ; quelques-uns au pluriel, lient l's : des mor-z en fer) s. m.
  • 1Proprement, morsure ; absolument inusité en ce sens.

    Mors du diable, scabieuse des bois, scabiosa succisa, L., ainsi nommée à cause de sa souche tronquée comme par une morsure.

    Dans les verreries, extrémité de la canne que l'on plonge dans le creuset, et à laquelle le verre s'attache comme par une morsure.

  • 2L'ensemble des pièces qui servent à brider un cheval ; ce sont l'embouchure, les branches, les anneaux, l'esse et le crochet. Le mors et l'éperon sont deux moyens qu'on a imaginés pour les obliger [les chevaux] à recevoir le commandement : le mors pour la précision, et l'éperon pour la promptitude des mouvements, Buffon, Cheval.

    Mors à la turque, mors dont les branches sont droites, sans sous-barbe.

    Dans l'usage le plus ordinaire, il se dit de la seule partie qui porte autrement le nom d'embouchure du mors, pour la distinguer des autres pièces dont chacune a un nom particulier. Ils rougissent le mors d'une sanglante écume, Racine, Phèdre, V, 6. Le voyez-vous… Abandonner le mors à son fougueux coursier ? Lamartine, Harold, 32.

    Fig. L'homme, en ses passions toujours errant sans guide, A besoin qu'on lui mette et le mors et la bride, Boileau, Sat. X.

    Prendre le mors aux dents, se dit proprement du cheval qui saisit les branches du frein avec les incisives, et qui, dès lors, lutte avec avantage contre son conducteur.

    Mais, dans l'usage ordinaire, on dit qu'un cheval prend le mors aux dents quand il s'emporte, quoique le frein ait conservé sa position normale. Dès la première charge, le cheval de mon gouverneur prit le mors aux dents, Saint-Simon, 12, 140.

    Fig. Prendre le mors aux dents, se livrer tout entier à ses passions ; et aussi s'emporter, se livrer à une colère subite ; et encore, faire succéder une grande activité à l'indolence. Non, morbleu, j'ai pris le mors aux dents, et il n'y a plus moyen de me retenir, Legrand, Galant coureur, sc. 20.

    Fig. Hocher le mors à quelqu'un, le contrarier, s'opposer à ses désirs. Pas un [du conseil] n'osait hocher le mors au prince qui représentait le feu roi, Saint-Simon, 418, 28.

    Fig. Ronger le mors, n'oser faire éclater son dépit ; on dit plutôt ronger le frein. Les uns [peuples] indomptés et farouches, Les autres rongeant dans leurs bouches Les mors des tyrans et des dieux, Lamartine, Harm. IV, 13.

  • 3Mors d'Allemagne, instrument employé pour punir le cheval, ou pour détourner sa sensibilité pendant une opération chirurgicale.

HISTORIQUE

XIIIe s. Adam par grant impacience Et par fole inobedience Mordi le mors [morceau] qui mort engendre, J. de Meung, Trés. 315.

XVIe s. Heureuse la nef arrestée Par le mors de l'ancre jettée Dedans le sein d'un si beau port ! Du Bellay, J. II, 63, recto. Le cheval furieux, aiant le mors pour guide, Tousjours en sa fureur ne dedaigne la bride, Du Bellay, J. III, 62, verso.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. mors, morsure ; anc. espagn. muerso ; ital. morso ; du lat. morsus, morsure.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

MORS.
1Ajoutez :

Mors de grenouille, nom vulgaire de l'hydrocharis morsus ranae.