« motte », définition dans le dictionnaire Littré

motte

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

motte

(mo-t') s. f.
  • 1Petit morceau de terre détaché avec la charrue, la bêche, ou autrement. Rompre, casser, briser les mottes d'un champ.

    Terme de fauconnerie. Prendre motte, se dit d'un oiseau qui se pose à terre au lieu de se percher.

  • 2 Terme de jardinier. Une certaine quantité de terre qui tient aux racines. Lever un arbre en motte. Replanter un arbre avec sa motte.
  • 3Butte, éminence faite de main d'homme ou par la nature. Aplanir une motte.

    Butte sur laquelle s'élève un moulin à vent.

    Massif de pierre qui fait partie de la machine à pilons d'un moulin à poudre.

    Terme du moyen âge. Principal lieu d'une seigneurie ; place de la forteresse ou du château.

  • 4Motte à brûler, ou, simplement, motte, tan qui ne peut plus servir à tanner, et dont on fait de petites masses rondes pour brûler.

    Tourbe séchée et réduite en parallélipipèdes.

  • 5Motte de beurre, une certaine masse de beurre que les marchands détaillent.
  • 6Nom qu'on donne en Provence à la quantité d'olives qui doit former une mouture.

HISTORIQUE

XIIIe s. Tuit chaplerent [tous frappèrent] sur Aristote, Qui fu fier com chastel sur mote, Bataille des sept arts. Et les Sarrasins à pié leur getoient les motes de terre enmi les visages, Joinville, 236. Des yex dou cuer ne veons gote, Ne que la taupe soz la mote, Rutebeuf, 245.

XIVe s. Gautier recevant une mote appellée atterissement en l'yaue de Seine, Du Cange, atterissamentum.

XVe s. Ils envoyerent un chevalier de leur conroy devers le roi d'Angleterre, qui se tenoit plus à mont sur la motte d'un moulin à vent pour avoir aide, Froissart, I, I, 290. Et passerent par force outre les fossés, et vinrent jusques à la motte de terre et au pied de la tour à pics et à hoyaux, Froissart, I, I, 317. Le lieu n'est pas defensable, car la motte est de main d'homme faite et petite, Commines, VII, 12.

XVIe s. Les attaquans, aidez de six canons eslevez sur une motte, rembarrerent dans deux jours [à la contr'escarpe] les enfermez, D'Aubigné, Hist. II, 203. En Frise et en Hollande, les mottes qu'ils appellent torf, Palissy, 783. Le fils a et luy appartient pour son droit d'ainesse le principal chastel ou maison forte, mothe ou place de maison seigneuriale tenue en fief, si aucune en y a, à son choix, Coust. génér. t I, p. 413.

ÉTYMOLOGIE

Berry, moutte ; espagn. et port. mota, levée de terre pour clore un étang ; ital. motta, terre éboulée. Les langues germaniques ont : holl. moet, mot, petite élévation ; bavar. mott, monceau de terre marécageuse ; ce qui peut avoir donné motte du roman. D'autre part le gaélique a mota, mont ; ce qui conviendrait aussi. On cite encore l'anc. haut allem. molta, terre, motte ; goth. mulda, devenu en plat deutsch môtwurf ; allem. mod. Maulwurf, l'animal qui jette la terre, qui fait la motte (la taupe). D'après Fr. Michel, c'est l'isl. mote, assem blée, donnant son nom à la motte où elle se tenait.