« nuance », définition dans le dictionnaire Littré

nuance

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

nuance

(nu-an-s') s. f.
  • 1Degré d'augmentation ou de diminution que présente une même couleur ; différence ou changement des couleurs, surtout dans leur passage d'un ton à un autre. L'opale et l'incarnat qui parent le matin, Les couleurs d'un beau soir où son œil incertain Cherche, sans la trouver, la première nuance Du pourpre qui finit, de l'azur qui commence, Saint-Lambert, Sais. III. Ainsi le peintre unit de nuance en nuance La teinte qui finit à celle qui commence, Delille, Imag. III.
  • 2Mélange et assortiment de plusieurs couleurs qui vont bien ensemble. Nuance douce, rude. Ces nuances sont mal entendues. Après le dîner, je vais dans une grande galerie pour y diriger l'ouvrage de plusieurs jeunes filles peu habiles à mêler leurs nuances, Madame Riccoboni, Sophie de Vallière, Lett. 19.

    Terme de perruquier. Mélange des cheveux de différente couleur qui ont du rapport. Faire des nuances à une perruque.

  • 3 Fig. Différence délicate et presque insensible qui se trouve entre deux choses du même genre. Ce sont deux espèces extraordinaires [le pangolin et le phatagin], peu nombreuses, assez inutiles, et dont la forme bizarre ne paraît exister que pour faire la première nuance de la figure des quadrupèdes à celle des reptiles, Buffon, Quadrup. t. IV, p. 81. La nature marche toujours et agit en tout par degrés imperceptibles et par nuances, Buffon, Hist. anim. ch. X. On a dit qu'il n'y avait point de grand génie sans une nuance de folie, Diderot, Essai sur Claude et sur Néron. Suivant les différences du rang, du mérite personnel, de la réputation, il donnait à sa politesse, à ses égards, les nuances que ces différences exigent, Condorcet, Maurepas. Ces secrets du penchant retenus et trahis par la tendresse du sourire, par l'éclair échappé d'un timide regard, mille nuances fugitives dans l'expression des yeux et des traits du visage sont l'éloquence de la beauté, Marmontel, Élém. de litt. Œuvres, t. V, p. 339, dans POUGENS. De la peine au bonheur délicate nuance, Ce n'est point le plaisir, ce n'est plus la souffrance, Delille, Imag. III.
  • 4 Fig. Il se dit des délicatesses du langage, comparées aux nuances des couleurs. L'extrême difficulté ne paraît qu'à penser sur chaque sujet ce qu'il y a de meilleur à dire, et à trouver dans le langage je ne sais quelles nuances qui dépendent de se connaître en ce qui sied le mieux en fait d'expressions, Méré, Convers. p. 20, dans RICHELET. Elle [la future Dauphine] a écrit à monsieur le Dauphin [le fils de Louis XIV] avec des nuances de style, selon qu'elle a été près d'être sa femme, qui ont marqué bien de l'esprit, Sévigné, 28 fév. 1680. Dès qu'un homme comme notre conquérant tartare [dans l'Orphelin de la Chine] a dit : j'aime, il n'y a plus pour lui de nuances, Voltaire, Lett. d'Argental, 8 sept. 1754. Les nuances les plus fines dans l'expression, Marmontel, Mém. V.
  • 5 Terme de musique. Se dit surtout des différences du forte et du piano. Cette pianiste joue sans nuance ; et, comme la nuance donne l'expression, on dit à peu près avec le même sens : jouer sans nuance et sans expression.

REMARQUE

On se sert préférablement en peinture des termes de teintes et demi-teintes, de tons. Nuance est particulièrement du langage des teinturiers, des tapissiers et du langage figuré.

ÉTYMOLOGIE

Nuer.