« obédience », définition dans le dictionnaire Littré

obédience

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obédience

(o-bé-di-an-s') s. f.
  • 1Action de celui qui obéit (il ne se dit qu'en parlant des religieux). La vie religieuse consiste en trois parties essentielles, pauvreté, obédience, chasteté, Patru, Plaidoyer 15, dans RICHELET.
  • 2Congé par écrit du supérieur, permettant à un religieux d'aller en quelque endroit, ordinairement pour changer de couvent. Vous aurez une obédience de moi pour aller avec madame votre sœur, Bossuet, Lett. abb. 260. Je m'offre à demander votre obédience à M. l'archevêque, Bossuet, Lett. Corn. 145.
  • 3Emploi particulier qu'un religieux ou une religieuse a dans son couvent. Cette religieuse est cellérière, c'est son obédience.
  • 4Nom donné à des maisons religieuses inférieures aux maisons principales, dont elles dépendaient, et qui en étaient éloignées.
  • 5Ambassade d'obédience, ambassade qu'un roi ou un corps de fidèles envoie vers le pape, pour l'assurer de son obéissance filiale. Les derniers jours du pontificat de Grégoire XIII furent célébrés par cette ambassade d'obédience qu'il reçut du Japon, Voltaire, Mœurs, 183.

    Ambassadeur d'obédience, ambassadeur envoyé au pape à cet effet.

    L'ambassadeur fut reçu à l'obédience ; c'est-à-dire il fut reçu par le pape en plein consistoire, avec les cérémonies accoutumées.

    On dit dans le même sens : serment, hommage d'obédience. Le roi [Charles VIII] vint prêter ce qu'on appelle hommage d'obédience, Voltaire, Mœurs, 107.

  • 6Pays d'obédience, nom qu'on donnait, en France, aux provinces qui n'étaient pas comprises dans le concordat, telles que la Bretagne, la Lorraine, etc. où, pendant huit mois de l'année, le pape conférait de plein droit les bénéfices vacants ; il se dit aussi de tous les pays où le pape exerce le même droit. Son parti [d'Arnauld] fut toujours persécuté dans les Pays-Bas catholiques, pays qu'on nomme d'obédience, et où les bulles sont des lois souveraines, Voltaire, Louis XIV, 37.
  • 7Dans les temps de schisme, obédience a été le nom donné aux différents pays qui reconnaissaient l'un ou l'autre pape. Les papes et les autres évêques des obédiences d'Urbain et de Clément avaient aussi l'imposition des mains successive, Fénelon, t. II, p. 66.
  • 8Prêtres, frères d'obédience, membres de la 4e des cinq classes de l'ordre de Malte ; ils prononçaient des vœux pour posséder des bénéfices.
  • 9Lettres d'obédience, lettres qu'un supérieur donne à des religieux ou à des religieuses appartenant aux ordres enseignants, et que le gouvernement reçoit comme équivalent d'un certificat de capacité. Les lettres d'obédience sont évidemment un privilége… la lettre d'obédience n'est point l'équivalent vrai du certificat de capacité ; la lettre d'obédience est un acte purement potestatif, qui appartient en entier au supérieur qui le délivre, Rouland, au sénat, Moniteur, 30 mars 1867, p. 383, 6e col.

HISTORIQUE

XIIe s. À l'arcevesque en vunt li evesque parler, Dient que lur estut [convient] les leis le rei guarder ; Car par obedience les lur fist graanter, Th. le mart. 40.

XIIIe s. Il metra tout l'empire de Constantinoble à l'obedience de Rome, dont elle estoit departie pieça, Villehardouin, LI. Desous la loi de Rome n'a nule region, Qui à Rome obeisse de cuer se France non, Et de s'obedienche a si bel guerredon Que on li tolt [enlève] souvent sa laine et sa toison, Rutebeuf, 236.

XVe s. Et luy fit le roy l'obedience filiale, en toute humilité, Commines, VII, 12. Je m'en voys presentement sans sejourner aucun petit, par une nostre obedience [couvent], que nous avons près d'icy, Lancelot du lac, t. I, f° 13, dans LACURNE.

XVIe s. L'intention du fondateur estoit qu'ils vequissent en humilité, chasteté et obedience, Despériers, Contes, XLIX.

ÉTYMOLOGIE

Lat. obedientia, d'obedire, obéir.