« objecter », définition dans le dictionnaire Littré

objecter

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

objecter

(ob-jè-kté) v. a.
  • 1Opposer comme objection. Et s'étant objecté qu'il semble que la loi divine ne devait point secourir l'homme en ce qui est des préceptes moraux, parce que sa raison lui suffisait pour cela, Pascal, 3e et 4e factum pour les curés de Paris, I, 10. Calvin, s'objectant à lui-même que, par la doctrine qu'il enseignait, tous les jugements de l'Église… devenaient sujets à la révision, Bossuet, 6e avert. III, 2. Ce ne sont pas tant les raisonnements que je crains, que ceux qui, sans se rendre aux preuves, n'y veulent rien objecter, Rousseau, Paix perp. Ce sophiste manque du moins à la bienséance de la conversation, qui consiste à n'objecter que des choses auxquelles on accorde soi-même quelque solidité, Diderot, Opin. des anc. philos. (philos. pyrrhonienne). On objectait à Galilée que, si la terre tournait sur son axe de l'ouest à l'est, un projectile poussé perpendiculairement à l'horizon ne tomberait pas au point d'où il se serait élevé, mais qu'il tomberait plus ou moins vers l'ouest…, Condillac, Art de rais. III, 1. Il ne m'objecte plus dans un humble langage Ces timides raisons qui glacent le courage, Ducis, Macbeth, III, 3.
  • 2Reprocher. On lui a objecté la corruption de ses mœurs.
  • 3S'objecter, v. réfl. Être objecté. Voilà ce qui s'objecte en pareille circonstance.

REMARQUE

Régnier disait objetter : Or, pour moi, tout le mal que leur discours m'objette… Sat. V.

HISTORIQUE

XIVe s. Et qui me objetteroit comme le sang et l'ordure se puet oster sans lever l'os, qui est entrée par la fente du test sur la dure mere, je respons…, Lanfranc, f° 26.

XVIe s. Quelcun objettera, que toutes choses desirent de persister en leur estre, Calvin, Instit. 561. On pourroit objecter que…, Calvin, ib. 609. Comme un miroir qui represente indifferemment toutes figures et impressions, autant de temps que les corps lui sont opposés et objectés, Yver, p. 562.

ÉTYMOLOGIE

Lat. objectare, de ob, et jactare, jeter (voy. JETER). Une plus ancienne forme est objicer, tiré directement d'objicere.