« occupation », définition dans le dictionnaire Littré

occupation

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occupation

(o-ku-pa-sion ; en vers, de cinq syllabes) s. f.
  • 1Action d'occuper, de s'emparer d'un lieu, d'un bien. L'occupation a précédé la propriété.
  • 2 Terme de guerre. Action de se rendre maître d'un pays, d'une place.

    Armée d'occupation, armée destinée à contenir un pays vaincu.

    On nomme aussi armée d'occupation, celle qui, agissant dans l'intérêt d'une puissance amie ou alliée, occupe militairement ses provinces pour les garantir d'une surprise, d'une invasion, d'une insurrection. On dit aussi, corps, brigade d'occupation.

  • 3 Terme de droit. Possession en fait d'une chose immobilière, avec ou sans droit. L'occupation ne constitue pas le droit de propriété.
  • 4 Terme de rhétorique. Figure par laquelle on prévient et réfute d'avance les objections de l'adversaire. On dit plus souvent prolepse.
  • 5Affaire, pratique, emploi qui prend, occupe le temps. Je sortis ainsi avec mon rochet et mon camail en donnant des bénédictions à droite et à gauche, et vous croyez bien que cette occupation ne m'empêchait pas de faire toutes les réflexions convenables à l'embarras dans lequel je me trouvais, Retz, Mémoires, II, les Barricades. Ils [les hommes] ne cherchent en cela [la chasse] qu'une occupation violente et impétueuse qui les détourne de penser à soi, Pascal, Pens. IV, 1, édit. HAVET. Toutes les occupations des hommes sont à avoir du bien, Pascal, ib. III, 12. L'ennui qu'on a de quitter les occupations où l'on s'est attaché, Pascal, ib. XXV, 79. On va loin sans mourir d'ennui, pourvu qu'on se donne des occupations et qu'on ne perde point courage, Sévigné, 62. Je regarde, j'admire cette belle vue [des bords de la Loire] qui fait l'occupation des peintres, Sévigné, 9 mai 1680. J'essayerais mille petits remèdes inutiles pour en trouver un bon ; et mon impatience et mon peu de vertu me feraient une occupation continuelle de l'espérance d'une guérison, Sévigné, 21 août 1680. Les lettres et les réponses font de l'occupation, Sévigné, 30 sept. 1671. Ils mangeaient, ils buvaient, ils se mariaient ; c'était des occupations innocentes, Bossuet, Mar.-Thér. Aussitôt qu'il fut permis à M. le Tellier de se reposer des occupations de sa charge sur un fils qu'il n'eût jamais donné au roi, s'il ne l'eût senti capable de le bien servir…, Bossuet, le Tellier. Pendant qu'il [Condé] passait sa vie dans ces occupations [les pratiques de la vie chrétienne], et qu'il portait au-dessus de ses actions les plus renommées la gloire d'une si belle et si pieuse retraite, Bossuet, Louis de Bourbon. Les premières occupations de Marie-Thérèse [arrivée à Paris] furent d'aller d'église en église reconnaître Dieu partout où il veut être adoré, Fléchier, Mar.-Thér. Déjà l'activité de son génie, accoutumé aux soins de l'Europe entière, n'a plus pour aliment que l'administration de cent mille hommes ; encore l'organisation de son armée est-elle si parfaite qu'à peine est-ce une occupation, Ségur, Hist. de Nap. VIII, 9.

    Fig. Votre souvenir fait toute mon occupation, Sévigné, 257. Adieu, ma chère enfant.. .. vous êtes la chère occupation de mon cœur, Sévigné, 13 nov. 1675.

    Absolument. L'occupation, l'habitude de se livrer au travail. L'occupation fait paraître tous les jours courts et les années longues ; les jours courts, parce que nous ne faisons pas attention au temps dont les révolutions solaires font la mesure ; les années longues, parce que nous nous les rappelons par une suite de choses qui supposent une durée considérable, Condillac, Traité sens, III, 7.

    Donner de l'occupation à quelqu'un, l'employer à quelque travail.

    Fig. Donner de l'occupation à quelqu'un, lui susciter des affaires, de l'embarras.

  • 6 Fig. Le soin, le souci que l'on prend de quelque chose. Ces mines, cette occupation continuelle de sa parure, Genlis, Théât. d'éduc. les Faux amis, I, 5. L'occupation où l'on est de son ressentiment, Staël, Influence des passions, I, 6.

HISTORIQUE

XVe s. Ils avoient donné à Philippe comte de Charrolois son fils une moult precieuse espée, aornée de riches pierres et autres joyaux, laquelle estoyt au roy d'Angleterre ; et avoit esté trouvée et prinse avec ses autres bagues par iceux, affin que, s'ils avoient aucune occupation [affaire criminelle] pour le cas dessus dit, iceluy comte les eust pour recommandez, Monstrelet, ch. 147, p. 29, dans LACURNE. Aussi ne veult plus exercer l'office pour occupation d'aage et de fragileté, Menard, Hist. de du Guesclin, p. 401 dans LACURNE.

XVIe s. Ilz ne cherchoient autre chose qu'à l'entretenir toujours en quelques amourettes et autres vaines occupations, Amyot, Dion, 10. S'amuser à des occupations sedentaires, Montaigne, I, 153.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. occupacio ; espagn. ocupacion ; ital. occupazione : du lat. occupationem, de occupare, occuper.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

OCCUPATION. - HIST. Ajoutez : XIVe s. [Marie] Vierge vesqui sanz occupacion D'aucun pechié comme beneürée, Miracles de Nostre Dame par personnages, 6 avril 1876, t. I, p. 245.