« oriflamme », définition dans le dictionnaire Littré

oriflamme

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oriflamme

(o-ri-fla-m') s. f.
  • Petit étendard fait d'un tissu de soie de couleur rouge tirant probablement sur l'orangé, que nos anciens rois allaient recevoir des mains de l'abbé à Saint-Denis en partant pour la guerre. Faire entrer dans toutes les conversations ses aïeux paternels et maternels, et y trouver place pour l'oriflamme et pour les croisades, La Bruyère, VIII. Le roi Louis XI, pour entretenir cette disposition dans les esprits, parut vouloir présenter la bataille, et prit l'oriflamme avec des cérémonies toujours imposantes pour le peuple, Duclos, Œuv. t. II, p. 255. Le bouclier tombé du ciel dans l'ancienne Rome, l'oriflamme apportée à Saint-Denis par un ange, toutes ces imitations du Palladium de Troie, ne servent qu'à donner à la vérité l'air de la fable, Voltaire, Mœurs, 10.

HISTORIQUE

XIe s. Gefreid d'Anjou portet l'orie flambe, Ch. de Rol. CCXXIII.

XIIe s. Dunc respondi li conestables, Chevalers proz et covenables, Qui l'oriflambe des Franceis Portout, saive ert [était] mult et curteis, Benoit de Sainte-Maure, II, 3415. E porteir en bataille son oireflor, Gerard de Rossillon, p. 325.

XIIIe s. Requourent cele part, où virent l'oriflour, Du Cange, auriflamma.

XIVe s. Oriflamme est une baniere Aucun poi plus forte que guimple, De cendal roujoiant et simple, Sans pourtraiture d'autre afaire, Guiart, dans DU CANGE, ib. Le service du fief est tel qu'il [le seigneur] en doit porter en la bataille et es osts l'oriflambe saint Denis, toutes les fois que le roy ostoye [va en guerre] ; et le roy la doit venir querre par grant devotion et prendre congié aux martyrs, avant qu'il mangue [mange] ; et quant il se part de l'eglise, il s'en doit aller tout droit là où il meut, sans tourner ne çà ne là pour autre besongne, Chr. de St-Denis, t. I, p. 223, dans LACURNE.

XVe s. Et pour hardiesse Fermer en toy, t'envoya sa haultesse L'auriflamme, qui t'a fait seigneurir, Orléans, Compl. de la France. Et tenoit en sa main une lance à quoy l'oriflamme estoit attachie, d'un vermeil samit, à guise de gonfanon à trois queues, et avoit entour houppes de soie verte, Du Cange, auriflamma. Et si portez seul d'entre les roys, o roy, l'oriflambe en bataille, c'est à sçavoir un glaive tout doré où est attachée une banniere vermeille, Du Cange, ib. Dame Jehanne… vous estes son oriflamble [de Charles VII], Et celle en qui mieux y [il] se fie, Myst. du siége d'Orléans, p. 720. La rouge couleur ou vermeille est de grant estat et dignité, et bien nous le demonstre l'auriflame du ciel miraculeusement aux roys gauloys envoyée, qui estoit de ceste couleur, affin de les animer à vertu et courage, magnanimité et prouesse ; ceste auriflame estoit en forme d'ung estandard de soye rouge, bel et plaisant, et merveilleux à veoir, Sicille, le Blason des couleurs, édit. COCHERIS, p. 33.

XVIe s. Un an après vint un gros maraut qui contrefaisoit le ladre, se mit à la porte du temple, desployant son oriflan, qui estoit un couvre-chef, sus lequel posa son baril et plusieurs especes de petite monnoye, Paré, XIX, 23.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. auriflan, auriflamma, auriflor ; port. auriflamma ; ital. oriafiamma ; bas-lat. auriflamma, oliflamma, auræflamma ; du lat. aurum, or (voy. OR 2), et flamma, flamme, banderole.