« orphelin », définition dans le dictionnaire Littré

orphelin

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

orphelin, ine

(or-fe-lin, li-n') s. m. et f.
  • 1Enfant qui a perdu son père et sa mère ou l'un des deux. Les orphelins qui de tous les pauvres sont les plus abandonnés, Bourdaloue, Exhort. char. env. les orphel. t. I, p. 100. Le sang de l'orphelin, les pleurs des misérables Sont ses mets les plus agréables, Racine, Esth. III, 3. …Je suis, dit-on, un orphelin, Entre les bras de Dieu jeté dès ma naissance, Et qui de mes parents n'eus jamais connaissance, Racine, Ath. II, 7. …Que Dieu veut être aimé, Qu'il venge tôt ou tard son saint nom blasphémé, Qu'il est le défenseur de l'orphelin timide, Racine, ib. II, 7. Cette célèbre Catherine [Catherine Ire], orpheline, née dans le village de Ringen en Esthonie, nourrie par charité chez un ministre livonien…, Voltaire, Russie, Anecdotes. L'idée de cette tragédie [l'Orphelin de la Chine] me vint, il y a quelque temps, à la lecture de l'Orphelin de Tchao, tragédie chinoise traduite par le P. Prémare, qu'on trouve dans le recueil que le P. du Halde a donné au public, Voltaire, Orphel. Épît. Sincérité, bonté, fierté, Dieu demandera-t-il davantage à l'orpheline qui se trouvait seule dans l'univers ? Staël, Corinne, XIV, 4.

    Orphelin de père, celui dont le père seul est décédé. Orphelin de mère, celui dont la mère seule est décédée.

  • 2Les Orphelins, se dit dans plusieurs villes d'une maison d'asile pour les orphelins.
  • 3Nom pris par un grand nombre de hussites après la mort de Ziska, leur chef.
  • 4 Adj. Il est orphelin de père et de mère. Là le fils orphelin lui redemande [à un mauvais médecin] un père, Boileau, Art p. IV.

HISTORIQUE

XIe s. À la vedve e as orphanins, Lois de Guill. 9.

XIIe s. Tant enfant ierent [seront] de lor pere orfenis, Ronc. p. 72. Innocens orphenins, vedves veiz [tu vois] essillier, Ceaus [ceux] qui culpes n'i unt hors del païs chacier, Th. le mart. 89.

XIIIe s. Et si se desnue et desrobe, Qu'ele est orfenine de robe, la Rose, 6176. Il ne loist pas [n'est pas permis] au pere et à le [la] mere à donner tout à l'un de lor enfans, que li autre en demeurent orphelin et desherité, Beaumanoir, XIV, 15.

XIVe s. Car Savaris… le sien pere [d'une princesse] enherba [empoisonna] Le fort roy Looys, dont orphe [elle] demoura, Hugues Capet, v. 1925. Hennequin qui estoit et est desaagez, orphenes, pupilles et menres d'ans [mineur], Du Cange, aagiatus.

XVe s. Fille que j'ay, puis que vous fustes née, Orphenine de mere defaillant, Dix et sept ans nourrie et gouvernée…, Deschamps, Ball. Comment le père....

XVIe s. N'avez vous point pitié de ma douleur, En me voyant de dame estre mechine, De liberté et franchise orpheline [privée] ? Marot, J. V, 40. Son armée demeura orpheline de capitaines et de conducteurs, Carloix, I, 14. Ilz y demourerent presque tous, et n'en eschappa qu'un petit enfant orphelin de pere et de mere, Amyot, Cimon, 1. Lesquels comptes avec les doubles des inventaires qui se font des biens des trespassez delaissans enfants mineurs, et les pieches servans ausdits comptes se gardent et mettent en la chambre des orphelins, Nouv. coust. génér. t. I, p. 290.

ÉTYMOLOGIE

L'ancienne forme est orphenin, d'un dérivé non latin orphaninus, de orphanus, orphelin ; grec, ὀρφανὸς ; comparez le lat. orbus, privé de, et le sanscr. orbhaka, enfant, arbha, petit ; allem. Erbe, héritier. Orphănus a donné l'ancien français orphe ; l'espagn. huerfano ; le portug. orfão ; l'ital. orfano.